Cyclisme : Qu’est-ce que le seuil ?

Pour les scientifiques il existe deux seuils. Les seuils aérobie et anaérobie. Même si les entraîneurs tiennent compte de ces deux seuils dans la programmation de leurs entraînements, ils ne programment généralement explicitement, que des séances visant à développer le seuil anaérobie. Mais en quoi consiste cette fameuse intensité « seuil » si souvent citée dans le langage des sportifs ? Explications.

Seuil et filières énergétiques 

Comme d’habitude, nous partons du schéma ci-dessous qui résume assez bien le fonctionnement des trois filières énergétiques. Chacune de ces filières est caractérisée par une capacité, autrement dit la taille de son réservoir, et une puissance, autrement dit le diamètre de son robinet.
Lorsqu’on s‘intéresse au Seuil, on se situe dans la filière aérobie, la même que celle correspondant à la puissance maximale aérobie (PMA) déjà traitée dans d’autres articles (lire La PMA pour le cycliste, c’est quoi ? et Comment déterminer sa PMA ?) et . Et commschémae pour la PMA, le travail au seuil permet un développement des qualités de puissance aérobie. Pour rappel, la filière aérobie utilise l’oxygène comme comburant et les différentes sources d’énergie (lipides, protides, glucides) comme combustible. C’est la chaleur émise par cette combustion qui représente l’énergie produite. L’homme possédant un mauvais rendement énergétique musculaire, seul 20% de l’énergie produite va être transformé en travail mécanique, le reste étant évacuée sous forme de chaleur par le corps à hauteur d’environ 80%.

Le seuil est la limite maximum à laquelle le métabolisme arrive à tamponner l’acidité du sang, liée à la production d’acide lactique au niveau musculaire, assez rapidement pour qu’il n’y ait pas d’accumulation. Les scientifiques parlent d’un seuil anaérobie situé à 4mmol de lactate par Litre de sang. Au-delà de cette intensité, l’acidité n’est plus tamponnée. Elle augmente puis entrave la contractilité des muscles concernés, obligeant le sportif à l’arrêt de l’exercice.

Pour imager, le seuil correspond au débit enregistré au niveau du robinet de la filière aérobie (« Pa » sur le schéma). Il s’agit d’un débit très important qui permet de répondre aux besoins énergétiques de l’athlète sans faire appel de façon excessive à la filière anaérobie lactique. Au-delà de cette intensité, la filière anaérobie lactique augmente de façon importante sa part de production d’énergie, entrainant la formation d’une quantité d’acide lactique trop importante pour être intégralement recyclé.

Caractéristiques du seuil

La Seuil est une intensité qui peut être maintenue de 20mn pour le sportif peu entraîné à 1h pour le sportif de très haut-niveau. C’est l’intensité dominante lors de chronos longs où les ascensions de cols rapide.
En termes de puissance, le seuil se situe autour de 75-80% de la valeur PMA. Plus l’athlète sera entraîné et plus la puissance au seuil sera proche de celle-ci. Il en est de même pour la fréquence cardiaque dont on parle un peu plus bas dans cet article.

Travailler au seuil sans capteur de puissance

Les nombreux cyclistes ne possédant pas de capteur de puissance peuvent tout de même travailler approximativement au seuil sans même connaitre la valeur de celui-ci. Je conseille pour cela d’utiliser l’échelle d’ESIE de Frédéric Grappe présentée dans l’article « Cyclisme : Quelques notions de base concernant l’entrainement ».

Le seuil anaérobie correspond à la zone d’intensité I4. Grâce à cette échelle on apprend quelles doivent être les sensations ressentis lorsque le travail de seuil est bien réalisé :

– une augmentation progressive de la douleur musculaire qui reste supportable
– une augmentation progressive de la ventilation qui reste contrôlable
– une capacité de conversation faible durant l’exercice
– un épuisement de plus en plus important à partir de 20mn

L’utilisation de la fréquence cardiaque

L’utilisation d’un cardio-fréquencemètre peut être un bon compromis pour travailler au seuil. Une fois la FCmax déterminée, il s’agit de calculer la fourchette théorique de fréquence cardiaque dans laquelle il faudra se situer durant l’exercice. Selon l’échelle d’ESIE, la FC au seuil se situe entre 92 et 96% de la FCmax. Donc par exemple, pour une personne dont la FCmax est de 200bpm, le travail au seuil devra être réalisé entre 184 et 192bpm. Pour une personne dont la FCmax est de 180bpm, il devra être réalisé entre 165 et 173bpm. Là aussi, plus l’athlète est entraîné et plus le pourcentage de FC qu’il sera capable de maintenir durant un effort au seuil sera important.

Le seuil est une intensité de travail couramment utilisée dans l’entrainement du cycliste. Attention tout de même à ne pas en abuser, il s’agit d’un type d’effort très contraignant tant physiquement que mentalement.

ESIE entraînement cyclisme

5 réactions à cet article

  1. Bonjour
    juste un éclaircissement pour le novice que je suis:
    vous dites dans Caractéristiques du seuil que le Seuil est une intensité qui peut être maintenue de 20mn pour le sportif peu entraîné à 1h pour le sportif de très haut-niveau alors que dans Travailler au seuil sans capteur de puissance, vous dites l’atteinte rapide de l’épuisement au-delà de 5’ d’exercice.
    Si on est épuisé au bout de 5′ d’exercice, c’est que l’on n’est pas au seuil car on est sensé pouvoir le maintenir entre 20min à 1h.
    Pourriez vous préciser?
    Merci

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  2. – l’atteinte rapide de l’épuisement au-delà de 5’ d’exercice est dans la zone juste au dessus: I5 dans l’échelle d’ESIE de Frédéric Grappe

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  3. En effet, JP et JF c’est une erreur de ma part. Bien vu ! Voici ce qu’il aurait fallu écrire :

    Le seuil anaérobie correspond à la zone d’intensité I4. Grâce à cette échelle on apprend quelles doivent être les sensations ressentis lorsque le travail de seuil est bien réalisé :

    – une augmentation progressive de la douleur musculaire qui reste supportable
    – une augmentation progressive de la ventilation qui reste contrôlable
    – une capacité de conversation faible durant l’exercice
    – un épuisement de plus en plus important à partir de 20’

    La modification sera faite dans les jours à venir. Les vacances arrivent à point ^^.

    Bon réveillon messieurs,

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  4. Bonjour,

    L’intensité de ces zones n’est-elle pas nettement surévaluée, particulièrement les moins intensives ? L1 inférieur à 75% FCmax, cela me donne 142 puls (avec une FCmax de 173) max pour la zone la plus faible, soit décontraction/décrassage si je ne m’abuse ?
    Sachant qu’à 140-142 puls je suis clairement à la limite inférieure de l’endurance intensive, soit supposément L3 car je dois déjà cravacher et mettre du braquet à moins d’un fort vent contraire !

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    • À la réflexion, je pense que vous n’utilisez pas la méthode Karvonen pour les FC cible, et dans ce cas mon précédent message n’avait pas lieu d’être.

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