Malgré les bienfaits connus de l’activité physique, de nombreux adultes handicapés conservent un mode de vie insuffisamment actif. Ils sont même davantage susceptibles d’être inactifs que les personnes non handicapées.
Par exemple, au Royaume-Uni, il a été récemment relevé que 43% des personnes handicapées faisaient moins de 30 min d’activité par semaine, contre 21% pour les personnes non handicapées. Autrement dit, le double.
Il y a 10 ans, les directives sur l’activité physique étaient élaborées par groupes d’âge, en général 4 groupes, partant des moins de 5 ans jusqu’aux adultes plus âgés. Malgré ce souci du détail, pour les personnes handicapées, les données disponibles sur l’activité physique étaient encore si peu nombreuses qu’aucune ligne directrice n’était alors proposée.
Aujourd’hui, l’accumulation de données – qui plus est appuyées sur des preuves – devient suffisante pour être capable de dégager certaines recommandations.
C’est dans cette perspective qu’une équipe anglaise a envisagé un examen de la littérature sur l’activité physique chez les adultes handicapés et dégagé des résultats simples :
- Ces adultes devraient effectuer des activités de force et d’équilibre au moins 2 jours par semaine pour bénéficier d’avantages nets (par exemple, l’amélioration de la qualité de vie).
- Comme pour les adultes non handicapés, si un peu d’activité physique était mieux que rien, des gains de santé substantiels pouvaient être obtenus avec au moins 2 h 30 min d’activité d’intensité modérée chaque semaine.
- Aucune preuve n’appuyait l’idée d’un risque accru de blessure/danger à pratiquer.
Suite à cet examen, l’équipe de recherche s’est finalement rapprochée de plus de 350 adultes handicapés, 10 organisations de personnes handicapées et 50 professionnels de santé. Ceci dans le but de pouvoir formaliser les résultats dégagés. Mais pas que.
Face au constat que les informations disponibles sur le web pouvaient être désorganisées, peu fiables, dépassées et/ou inaccessibles, les personnes impliquées ont considéré comme pertinent le format de l’infographie afin de communiquer les recommandations en matière d’activité physique.
De façon unanime, l’idée s’est ainsi renforcée de pouvoir non seulement diffuser des informations complexes de manière abordable, compréhensible et attrayante à un grand nombre de personnes, mais aussi de sensibiliser et questionner les attitudes, voire inciter les personnes handicapées elles-mêmes à modifier leur comportement pour devenir plus actives physiquement. Voici donc ce qui a originé l’illustration ci-dessous.
Il est important de noter qu’à l’occasion de leurs rencontres, les adultes handicapés, les organisations et professionnels recommandaient l’usage de messages qui :
– impliquaient l’affect (par exemple, l’activité physique permet de se « sentir bien »)
– ciblaient aussi la sédentarité
– évitaient les discours parlant de « capacité » dans la mesure où ces derniers, de par leur forme, peuvent impliquer des préjugés / discriminations quant aux différents types de handicap (par exemple : « Lève-toi, ne reste pas assis » ou « Sois moins assis, bouge plus »)
Cette illustration représente donc la première infographie coproduite avec des adultes handicapés dans le but de communiquer des recommandations sur l’activité physique pour toute une diversité de handicaps. Pour les auteurs, cette illustration a donc vocation « à être largement partagée, affichée et utilisée pour promouvoir l’activité physique et lutter contre les inégalités ».
Source : Smith, Kirby, Skinner et al. BJSM 2019