En effet, il n’est pas rare que des femmes rentrent dans le top 10 d’un grand ultra trail alors que cela ne s’est jamais vu sur un grand marathon. Pourtant, la seule donnée recevable scientifiquement est l’écart de performances en pourcentages (donnée objective) et non en places (donnée subjective). Le tableau 1 ci-dessous nous montre que les écarts de performance en pourcentage sont plus importants en ultra trail que sur la route !! Même si ces résultats doivent être modérés par le moindre pourcentage de femmes participant aux ultras.
Tableau 1 : Données comparatives Trail/route au niveau international
Paramètres/Épreuves | UTMB 2015 et 2016 | Marathon de Paris 2016 |
Nombre d’inscrits |
2600 et 2555 (7000 sur l’ensemble des courses) |
57000 |
% de femmes | 9 et 10.1 | 25 |
Ecart en % entre le 1er homme et la 1ère femme | 19.4 et 14.8 | 14.2 |
Ainsi, il ne faut pas se fier aux apparences et simplement examiner les chiffres. Pour autant, l’analyse des chiffres des performances sur la route peut nous mener à d’autres conclusions. En effet, on remarque que la différence de niveau entre hommes et femmes s’émousse quand la distance augmente. L’écart entre les records mondiaux est d’environ 12% pour le 1500 ou le 10 000 mètres. Il tombe à 9% au marathon et s’effondre à 5% à l’occasion du 100 kilomètres.
Pour autant, qu’est-ce qui différencie les femmes des hommes d’un point de vue physiologique ?
Tout d’abord les capacités cardio-vasculaires sont différentes. En effet, la définition médicale de cœur d’athlète concerne avant tout les athlètes masculins. Le cœur féminin est plus petit et s’hypertrophie moins avec l’entraînement. Ajouter au moindre taux de globules rouges par mm3 de sang, l’homme semble mieux adapté que la femme aux efforts de type aérobie, principalement sur le versant puissance. Mais nous le savons, l’oxygène transporté par ces globules sert à dégrader les composés énergétiques pour fournir de l’énergie permettant le mouvement. La nature des composés énergétiques dégradés est donc essentielle. Et pour l’endurance, nous savons que plus la part de lipides est importante dans le mélange de carburants oxydés, et plus l’athlète sera endurant. Sur ce fait précis, de nombreuses études montrent que les hommes utilisent leur glycogène musculaire de façon plus importante que les femmes. Au niveau musculaire, les femmes ont davantage de fibres de type I mieux oxygénées donc plus efficaces pour l’oxydation des lipides. Ainsi, les femmes auraient un métabolisme et une physiologie plus adaptés à l’endurance que les hommes. Rappelons que les réserves de glycogène (dans le foie et les muscles) sont rapidement épuisables (~2h) alors que les lipides constituent une source d’énergie quasi inépuisable. A l’inverse, pour toutes les disciplines nécessitant de la puissance (force/vitesse), de la force ou de la vitesse, les femmes sont nettement moins bien armés que les hommes. Il est donc logique qu’elles soient plus proches sur les disciplines d’endurance, qui par définition sont les disciplines qui utilisent un pourcentage donné de la puissance. Plus l’effort est long et moins la notion de puissance est importante, et plus les femmes ont leur place.
Retrouvez notre article : Les femmes sont-elles vraiment moins endurantes que les hommes ?