L’Ethiopien Tadese Takele qui a remporté le 18e marathon de Tokyo (Japon) en 2h03’23 a amélioré d’une seconde son record. Son compatriote Deresa Geleta (2h03’51) et le Kenyan Vincent Kipkemoi Ngetich (2h04′) complètent le podium.
Chez les femmes, comme l’an passé, c’est l’Ethiopienne Sutume Kebede qui s’est imposée en 2h16’31 devant la Kenyane Winfridah Moraa Moseti en 2h16’56 et l’Ethiopienne Hawi Feysa en 2h17′.
Dorian Louvet qui a décidé de disputer cette année les 7 marathons majeurs (Tokyo, Boston, Londres, Sydney, Berlin, Chicago, New-York) a parfaitement commencé son défi « Miles of Discovery » en terminant premier Français à Tokyo en 2h18’56. Un record personnel et des souvenirs impérissables. Entretien.
Lepape-info : Dorian, ce marathon de Tokyo s’est déroulé comme dans un rêve
Dorian Louvet : C’est la première dois que je courrais en dehors de l’Europe dans des conditions que je ne maîtrise pas du tout, pas de SAS Elite, un gros décalage horaire et l’envie de visiter la ville tout au long de la semaine avec la frustration de devoir marcher mais de faire quand même attention. Tokyo est une ville incroyable comme le pays, aujourd’hui j’avais juste envie de profiter et au final j’avais de très bonnes sensations. J’étais venu pour chercher mon record qui était de 2h20’39, j’avais annoncé que je voulais faire moins de 2h20, à l’arrivée je fais moins de 2h19. C’est la cerise sur un gâteau qui était déjà magnifique, c’est un séjour parfait. Quand on est compétiteur, on a envie de titiller ces chronos là, un nouveau record en tout cas. J’étais sur un nuage avec cette sensation que sur 30 kilomètres c’était facile et maitrisé. J’ai repensé à tout l’entraînement que j’avais fait, c’était un vrai plaisir.
Lepape-info : Ce chrono vous conforte dans l’idée qu’il y a encore d’autres belles choses à venir
D.L : J’ai un niveau correct mais je ne suis pas athlète olympique, j’ai une vie bien remplie, je me fixe des objectifs. Quand j’ai commencé l’athlétisme j’avais fait un 10 km en 39 minutes, je me souviens que lorsque j’avais couru la première fois en 32’30 seulement 4 ans après avoir commencé la course à pied, j’avais trouvé cela incroyable, aujourd’hui je suis passé facilement en 32’30 au 10e kilomètre sur mon marathon, preuve qu’il faut y aller étape par étape avec les fondations et puis après tu grimpes, tu grimpes… le corps encaisse, il se souvient et vous arrivez à des chronos auxquels vous ne pensiez même pas. Mon chrono reste modeste pour le très haut niveau mais c’est intéressant et cela me convient parfaitement par rapport à ma vie.
Lepape-info : Record personnel, premier Français, la fin de course était grisante ?
D.L : Je me battais kilomètre après kilomètre pour essayer de ne pas perdre de temps, c’était très difficile j’ai couru pratiquement toute la course tout seul, je remontais des groupes et je les quittais ensuite, je me disais de ne pas lâcher, de relancer encore et encore pour garder l’allure, les 5 derniers kilomètres ne sont pas une partie de plaisir mais je savais que j’étais dans le vrai, que c’était ce que j’étais venu chercher. Je me disais que quoi qu’il arrivait je n’avais pas le droit d’être triste, de me plaindre parce que j’étais à Tokyo. Je prenais le temps de regarder les gens, la ville, je n’ai jamais autant profité sur un marathon. Sur les 3 précédents marathons, j’étais venu pour la performance, Paris je connais, Rotterdam tu n’y vas pas spécialement pour la ville, à Tokyo bien plus que le chrono, j’étais venu découvrir une culture et un nouveau pays. C’est tout ce que j’ai trouvé avant la course et pendant.
Lepape-info : Comment était l’ambiance sur le parcours ?
D.L : Très grosse ambiance, je pense qu’au final les marathons Majors c’est aussi cela avec une ambiance, une ferveur incroyable. Des encouragements tout le long du parcours avec les Français qui me reconnaissaient et cela faisait très plaisir. Le parcours était assez rapide avec quelques relances, je recommande Tokyo à ceux et celles qui peuvent allier la distance du marathon et le voyage. Faire la course et repartir ou rester peu de temps c’est vraiment dommage, il faut essayer de s’imprégner de la culture du pays et aussi de la culture du sport. pour avoir parlé de la course à pied avec des Japonais que j’ai rencontré tu te rends compte que la pratique est dans les mœurs dès le plus jeune âge, les enfants en font à l’école. C’est une culture différente (de celle de la France) et c’est génial. Le respect des Japonais est aussi incroyable.
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Lepape-info : Ce chrono vient parachever un séjour incroyable pour vous
D.L : Je suis vraiment trop content. Ici personne ne me connait, j’ai couru tout seul il n’y avait aucun Français, c’était nouveau pour moi, je pensais à tout ceux que je connais en France qui dormaient pendant ma course et qui au réveil allaient avoir le « smile » en découvrant ma performance. J’aime raconter des histoires autour de la course à pied, cette année je vais disputer les 7 plus importants marathons du monde avec l’idée de découvrir 7 cultures différentes. Le but est aussi de donner envie aux gens de se bouger, de se dire que c’est incroyable de faire de la course à pied et d’atteindre ses objectifs.
Lepape-info : Comment allez-vous gérer les 6 marathons restants ?
D.L : Tout de suite à chaud je ne vois pas comment je vais faire pour repartir pour un marathon dans 6 semaines. Pour l’instant j’ai juste envie de profiter de celui de Tokyo que je viens de terminer. Boston m’attend dans 6 semaines et j’ai surtout Londres dans 6 semaines et 6 jours. Je vais devoir énormément récupérer, il faudra courir à une allure plus modeste sur laquelle je suis à l’aise à Boston. Mon but est de ne pas juste finir, je m’entraîne trop et je respecte trop la distance pour me dire je vais juste finir, cela ne me ressemble pas. Être finisher d’un marathon quand tu t’entraînes tous les jours c’est facile. Mettre des intensités, aller au maximum de ce que tu peux c’est cela qui est difficile. Sur le parcours de Boston difficile je vais devoir courir en dedans afin de pouvoir récupérer le plus vite possible et tout donner 6 jours après à Londres et ne pas prendre un mur au 5e kilomètre. L’enchaînement Boston-Londres est celui que je redoute le plus, c’est ce qui fait la beauté du projet il n’y aura pas toujours des « happy end », je ne vais pas battre mon record à chaque marathon. Je savais que je pouvais le battre à Tokyo, c’est fait, je vais profiter de cela et ensuite penser à récupérer avant de me lancer dans l’inconnu.
Lepape-info : Que retenez-vous de cette première expérience à Tokyo ?
D.L : En tant que compétiteur, je retiens le record que j’étais venu chercher. Au delà de cela je retiens les rencontres avec des gens incroyables. J’ai déjà envie de revenir à Tokyo pour repartager des moments, sur le marathon j’ai croisé des Chinois, des Anglais… Le sport et la course à pied c’est incroyable en terme d’inclusion pour faire des rencontres. À chaque fois je suis toujours émerveillé mais je retiens la richesse culturelle du pays, le respect des Japonais, la propreté dans la ville, pendant la course j’avais des grandes avenues quasiment rien que pour moi, j’en ai profité avec un record en prime. C’était incroyable.