Zoom sur la nage hivernale

Historique et règlements

La nage hivernale s’organise depuis quelques années et a vu naitre son association internationale en 2009 (Ice Swimming Association), fondée par Ram Barkai en Afrique du Sud. Plusieurs épreuves constituent le programme des compétitions internationales, avec des épreuves allant du 50 mètres au mile (1609 mètres). Le nageur doit nager sans assistance, avec une paire de lunettes, un bonnet et un maillot de bain classique. La combinaison est interdite alors que la température de l’eau ne peut dépasser les 10 degrés.

 

Hypothermie et performance

Le retardement de l’hypothermie est le facteur clé de la performance en nage hivernale. La limite acceptable se situe entre 35 et 36 degrés selon les individus (Nuckton et al., 2000). Des études ont par ailleurs montré que la performance cognitive n’était pas impactée lorsque la température corporelle était supérieure à 35,5 degrés. En revanche, plus la température corporelle baisse, plus les risques d’infections sont importants. Lorsque la température passe sous les 32 degrés, il y a un risque accru de fibrillation ventriculaire spontanée, qui peut entrainer la mort (Harries et al., 1981).

Certains moyens permettent de contrôler l’hypothermie pendant la course. En effet, il a été démontré que l’évolution des paramètres de course tels que la distance par cycle et la fréquence de nage varient en fonction de la thermorégulation. Un changement brutal de la fréquence de nage peut être synonyme de l’apparition d’hypothermie (Knechtle et al., 2009).

 

Stress métabolique et bienfaits

La nage en eau froide entraine une augmentation de la lactatémie sanguine, de la glycémie, du taux de cortisol et une diminution du pH qui indiquent un stress métabolique à prendre en considération. Mais l’immersion en eau froide est aussi prescrite pour l’amélioration du bien-être avec des effets positifs sur les infections respiratoires et sur les douleurs musculosquelettiques. Les effets analgésiques du froid permettent de réduire les symptômes inflammatoires, les lésions musculaires et permettent alors une meilleure récupération (Lombardi et al., 2011). De plus, il a été montré que cette cryothérapie n’altère en rien à la fonction pulmonaire et à la capacité antioxydante de l’organisme.

 

Une question d’habitude

Toutefois, ces effets positifs dépendent de nombreux facteurs, et bien entendu du temps d’immersion. Un temps trop long engendra forcément des complications pour l’organisme. C’est pourquoi, il semble indispensable de s’habituer progressivement à la nage en eau froide. Il a d’ailleurs été montré que les nageurs de nage hivernale améliorent leur système immunitaire en comparaison avec des nageurs lambdas. Les nageurs de nage hivernale sont donc mieux préparés à réagir face aux infections.

 

Masse grasse

Ce n’est pas un mythe ! Les études scientifiques ont prouvé que les personnes qui ont le plus de masse grasse obtiennent de meilleures performances sur des épreuves de nage hivernale (Keatinge et al., 2001). Ces résultats s’expliquent par la meilleure tolérance à l’eau froide, en raison d’une plus grande couche sous-cutanée. C’est pourquoi, il est conseillé de pouvoir se permettre quelques écarts d’alimentation pendant la période qui précède une compétition de nage hivernale ! Bien entendu, la tolérance au froid provient également de capacités mentales fortes et de l’expérience du nageur (Knechtle et al., 2009).

 

En conclusion

En résumé, la nage hivernale favorise l’activité du système immunitaire, elle prépare au risque infectieux et facilite la récupération musculaire. Toutefois, une exposition trop longue, sans expérience de ce type d’effort engendre des risques très importants pour la santé. C’est pourquoi, il convient de respecter quelques conseils pour s’habituer à nager dans des eaux à basse température :

  • Réaliser régulièrement des bains froids (environ 8-12 degrés pendant 5 à 15 minutes)
  • Nager 30 à 40 minutes dans une eau proche de 18 degrés
  • Se préparer mentalement à endurer un effort stressant pour l’organisme
  • Ne pas subir de choc thermique à l’entrée dans l’eau
  • Couvrir les extrémités du corps
  • Prendre quelques kilos…

Références :

  • Harries MG, Golden FS, Fowler M (1981) Ventricular fibrillation as a complication of salt-water immersion. Br Med J Clin Res Ed 283:347–348
  • Keatinge WR, Khartchenko M, Lando N, Lioutov V (2001) Hypothermia during sports swimming in water below 11 degrees C. Br J Sports Med 35:352–353
  • Knechtle B, Christinger N, Kohler G, Knechtle P, Rosemann T (2009) Swimming in ice cold water. Ir J Med Sci 178:507–511
  • Knechtle B, Rosemann T, Rust CA (2015) Ice swimming and changes in body core temperature: a case study.  SpringerPlus 4:394.
  • Lombardi G, Ricci C, Banfi G (2011) Effect of winter swimming on haematological parameters. Biochem Med (Zagreb). 2011;21(1):71-8
  • Nuckton TJ, Claman DM, Goldreich D, Wendt FC, Nuckton JG (2000) Hypothermia and afterdrop following open water swimming: the Alcatraz/San Francisco Swim Study. Am J Emerg Med 18:703–707