Sociétaire de l’EFS Reims Athlétisme (EFSRA), Yohann Diniz double champion d’Europe (2006 et 2010) et vice-champion du monde du 50 km marche (2007) se sépare de Pascal Chirat, son entraîneur depuis 2008. Une collaboration qui aura, entre autres, permis au marcheur français de battre en 2011 le record du monde du 50 000 m sur piste (3h35’27’’20).
La décision est venue quelque temps après les récents Mondiaux de Moscou, bouclés à une 10e place trop éloignée des ambitions initiales de Yohann Diniz. « Je me suis dit que ce n’était pas possible de passer une fois encore à côté vu ce que je faisais à l’entraînement, détaille l’athlète français, disqualifié pour ravitaillement hors zone aux Jeux de Londres en 2012 et pour faute technique aux Mondiaux de Daëgu en 2011. J’ai compris que le nœud du problème, c’était moi. Je mettais trop d’affect dans ma relation avec Pascal (Chirat). Cela passait sur les compétitions tout au long de l’année, mais arrivé sur les événements majeurs, je me bloquais, je me perdais psychologiquement car j’avais peur de le décevoir – et je le décevais, pourtant. » Le début de ses difficultés, Diniz le situe en 2011, aux Mondiaux de Daëgu (Corée). Disqualifié pour faute technique après « n’avoir rien écouté des conseils pendant la course, avoir voulu tout casser pour gagner alors qu’il aurait fallu rentrer dans le rang », Diniz encaisse le coup. Il ressort de la compétition « brisé psychologiquement ». « Depuis, je suis bloqué. J’avais besoin de retrouver mon insouciance, mon côté rock’n’roll. J’en ai parlé à Pascal, qui m’a aidé à y réfléchir, à me poser les bonnes questions, même si la décision reste la mienne. Il aurait pu me proposer de mettre en place d’autres choses, mais je n’aurai pas été capable de les appliquer. »
Pour mieux « revenir aux racines », le Français a choisi de se tourner vers Gilles Rocca, entraîneur d’athlètes de niveau national à Reims, du demi-fond au trail. « J’avais besoin de quelqu’un qui me suive et me canalise au quotidien », pointe le marcheur. Le duo sera complété par un autre entraîneur, spécialiste de marche pour sa part, l’Italien Pietro Pastorini. « Il ne pouvait pas me suivre à l’année, mais il me donnera régulièrement, lors de stages ou de compétitions, ses conseils techniques pour m’aider à sécuriser mon geste de marcheur, indique Diniz. Je serai d’ailleurs en Suisse (à Lugano) les 12 et 13 octobre prochains pour deux compétitions, une heure et un 20 km, pour travailler avec lui. » Le 20 km, une distance sur laquelle on devrait d’ailleurs à l’avenir voir le Rémois avec d’autres ambitions que de mener un simple travail technique. 12e performeur de tous les temps sur la distance depuis ses 1h17’43 de 2012 (record de France, et à 27 secondes du record du monde), il semble décidé à tenter l’aventure lors des grands championnats. « Bien sûr que j’envisage carrément, désormais, de doubler (les deux épreuves dans un même championnat) ! C’est sûr et certain. Cela fait trop longtemps que je tourne autour du pot, que je me dis que je suis trop vieux. J’ai besoin de me remettre au combat, en danger, et de travailler, aussi, mes qualités de vitesse. »
Quand il regarde devant, Yohann Diniz voit désormais jusqu’aux Jeux de Rio, persuadé d’être encore au niveau qui lui avait permis d’avaler 50 km en 2h35. S’il jette un œil dans le rétroviseur, il se souvient de ce 12 mars 2011 où il avait établi à Reims son record sur monde du 50 000 m comme « du plus beau moment vécu avec Pascal, d’une grande complicité, où tout était parfaitement huilé. Mais je me souviens aussi de grands moments, à Göteborg en 2006 ou Osaka en 2007, où il était à fond derrière moi alors qu’il n’était pas encore mon entraîneur. Il est manager général de la marche à la FFA, et on vivra donc encore des choses ensemble, même de manière différente. »