Lepape-info : Yohan, comment vous sentez-vous avant le départ dimanche ?
Yohan Durand : Cela commence doucement à monter en pression rien que le fait d’arriver sur Paris, de venir sur le salon Run Experience (le village du marathon), on croise les autres coureurs, on sait qu’on est dans le « money time », le vrai moment de la course. Je suis excité d’être enfin au départ de ce marathon de Paris, cela fait plus de deux ans que tous les concurrents attendent ce moment.
Lepape-info : Quel est l’objectif dimanche ? Le chrono plus que la place ?
Y.D : C’est le chrono le plus important après l’autre challenge la place ce sera peut-être celle de premier Français. On sait que les conditions météo seront bonnes, normalement il n’y aura pas de vent avec une température agréable, pas de pluie ce sera parfait. Il va falloir courir vite, je vais partir sur les bases de 2h10, mon objectif est de battre mon record établi à Milan cette année en 2h12’27. Descendre sous les 2h11 et me rapprocher des 2h10 est dans un coin de ma tête car je sens que je suis plus fort qu’avant Milan.
Lepape-info : Vous vous sentez capable d’abaisser votre record de manière notable ?
Y.D : Le marathon c’est la vérité du jour J même si vous avez fait une bonne préparation il faut savoir capitaliser dessus. À Milan, j’avais bien fini en negative split, je savais que ce jour-là j’avais un peu moins de 2h12 dans les jambes c’est pour cela que j’ambitionne de partir dimanche sur 2h10. Je serai vraiment satisfait de courir sous les 2h11, ce serait une nouvelle étape de franchie après mes 2h14 puis mes 2h12.
Yohan Durand : « Il y a une belle densité, beaucoup de pistards sont montés sur marathon, une jeune génération arrive avec de gros objectifs, d’autres athlètes vont également se positionner sur le marathon comme Yoann Kowal par exemple. Le marathon Français chez les messieurs se porte bien, il existe en effet une vraie émulation saine. »
Lepape-info : Un ou des meneurs d’allures sont prévus pour amener les meilleurs Français en 2h10
Y.D : Le plan est de passer au semi en 1h04’20 – 1h04’30 sachant que la première moitié du marathon à Paris est plus favorable, l’idée est de prendre un peu d’avance sur la base de 2h10 ensuite une fois que les lièvres se seront écartés après le 30ème kilomètre il faudra bien s’entendre avec Florian Carvalho et Hassan Chahdi pour performer. L’objectif pour nous 3 est de battre nos records respectifs, de faire le meilleur chrono possible. Il y aura aussi Abderrazak Charik qui devrait partir moins vite pour son premier marathon mais on ne sait jamais s’il se sent bien il pourra rester avec nous. Il y aura une course dans la course avec disons 4 Français d’un bon niveau au départ, cela n’a pas été le cas tous les ans à Paris.
Lepape-info : On parle des 2h10 car ce chrono devrait être les minima pour les prochains championnats d’Europe à Munich en 2022
Y.D : Oui l’idée c’est de retrouver l’équipe de France, une équipe de 6 coureurs devrait être envoyée à Munich qui sert aussi de cadre à la Coupe d’Europe de marathon par équipes. On a une belle génération sur marathon, pour preuve ils étaient 6 à avoir réalisé les minima pour les récents Jeux olympiques de Tokyo, il y a un gros potentiel sur le marathon Français chez les hommes. Mon objectif est de retrouver une place dans l’équipe de France de marathon quatre ans après ma dernière sélection en Bleu lors des championnats d’Europe à Berlin en 2018 et pour cela il faudra courir sur les bases de 2h10. Cela ne s’était pas forcément bien passé à Berlin (31ème en 2h19’33) je veux aller à Munich et être cette fois performant.
Lepape-info : Depuis 2018, le niveau Français chez les hommes a augmenté, c’est une émulation intéressante
Y.D : Oui il y a une belle densité, beaucoup de pistards sont montés sur marathon, une jeune génération arrive avec de gros objectifs, d’autres athlètes vont également se positionner sur le marathon comme Yoann Kowal par exemple. Le marathon Français chez les messieurs se porte bien, il existe en effet une vraie émulation saine puisque l’on s’entend tous bien, cela pousse tout le monde vers le haut et il le faut. Au niveau international, les chronos s’affolent de partout, il faut être de plus en plus performant pour exister.
Lepape-info : En revanche chez les femmes en France, le marathon est en perdition, le 2e chrono de l’année est en 2h59
Y.D : C’est compliqué, en plus le problème avec le marathon c’est que si une athlète monte sur la distance maintenant elle sera sans doute performante seulement dans 2-3 ans. C’est très rare qu’elle le soit dès le 1er marathon surtout si elle ne passe pas avant par la case 10 km / semi. Il y a un creux de génération, il faut que des jeunes monte sur marathon, que la Fédération mette en place des moyens et qu’elle puisse attirer les filles sur la distance comme ce fut le cas chez les garçons. Les Jeux de Paris 2024 c’est demain cela sera très compliquée pour les nouvelles éventuelles venues de réaliser en si peu de temps les minima olympiques.
Lepape-info : C’est une vraie renaissance depuis votre blessure à un tendon d’Achille qui vous avait « mis de côté » entre 2016 et 2018
Y.D : J’ai l’impression que les planètes sont de nouveau alignées, mon opération du tendon d’Achille m’a fait perdre 2 ans. L’année où je revenais bien il y a eu le confinement, cela m’a un peu stoppé dans mon élan, il a fallu attendre un an de plus. Je suis en train de revenir parmi les meilleurs Français, maintenant il faut que je confirme, l’objectif est de se replacer à plus ou moins long terme dans l’échiquier Européen.
Yohan Durand : « Le fait de revenir au premier plan prouve que je ne suis pas trop vieux, que je n’étais pas mort, que mon corps pouvait supporter la charge d’entraînement demandée par le marathon. Beaucoup d’éléments ont bouleversé la discipline depuis ces dernières années à commencer par les chaussures qui m’aident à moins me blesser, à mieux récupérer des entraînements et à être performant aujourd’hui. »
Lepape-info : Vous préparation s’est déroulée à merveille avant le marathon de Paris ?
Y.D : J’ai pu participer à 2 compétitions de préparation chose que je n’avais pas pu faire avant Milan en raison du confinement et du peu de courses possibles. J’ai battu à Langueux mon record aux championnats de France du 10 km, je termine 3ème en 28’32. J’ai gagné le championnat de France de semi-marathon en battant aussi mon record en 1h03’17. Ces deux courses sont intéressantes car elles indiquent que je suis en progression, en forme, c’est pour cela que j’arrive confiant avant ce marathon de Paris.
Lepape-info : Cela fait du bien aussi de retrouver l’ambiance des grandes courses populaires
Y.D : Cela fait tellement que l’on attendait ce moment, j’avais coché le rendez-vous depuis le mois de février dernier, je savais que je ferai Paris en fin d’année, maintenant on y est c’est l’excitation. Il faut profiter du moment présent, de pouvoir recourir dans la capitale, c’est une renaissance. Après Milan, quand j’ai commencé en mai-juin à me projeter sur Paris et quand je disais que l’on serait 40 000 au départ personne n’y croyait, même moi j’étais sceptique.
Lepape-info : Paris 2024 c’est votre objectif dans 3 ans ?
Y.D : C’est le rêve de tout athlète, le fait de revenir au premier plan prouve que je ne suis pas trop vieux, que je n’étais pas mort, que mon corps pouvait supporter la charge d’entraînement demandée par le marathon. Beaucoup d’éléments ont bouleversé la discipline depuis ces dernières années à commencer par les chaussures qui m’aident aussi à moins me blesser, à mieux récupérer des entraînements et à être performant aujourd’hui. J’ai l’impression de renaître, j’ai toujours gardé cette envie, j’ai toujours cru que je pouvais revenir à mon meilleur niveau. Je suis content de l’avoir fait maintenant il faut que je passe encore un palier pour prétendre à Paris 2024 mais l’idée est de continuer sur ma lancée.
Lepape-info : Après Paris, vous avez déjà programmé d’autres courses ?
Y.D : J’attends de voir le chrono à Paris pour voir su je cours à nouveau un marathon au printemps prochain. Si je fais un beau chrono dimanche qui peut déjà presque me qualifier pour les championnats d’Europe 2022 à Munich, je ne ferai que du semi pour préparer l’échéance de l’été prochain. Si c’est plus compliqué dimanche il faudra peut-être prévoir un nouveau marathon et du coup bien récupérer de Paris afin de se relancer sur une nouvelle préparation de janvier à avril. Les mois à venir vont dépendre de mon chrono à Paris.