Lepape-info : Yoann, que retenez-vous de cette première au Maroc sur le Marathon des Sables ?
Yoann Stuck : Une super expérience, c’est la première fois que je faisais une course aussi longue. Je partais dans l’inconnu, ce fut une belle découverte même si j’avais peur au départ. Je me demandais si j’allais tenir, si tout allait bien se passer. Plus de 250 km à enchaîner c’est particulier, j’appréhendais de courir dans le sable avec la chaleur et avec un sac à porter qui pèse 7-8 kg.
Lepape-info : Qu’est ce qui fut le plus dur à gérer ?
Y.S : Le poids dans le sac. Les enchaînements d’étapes ne me faisaient pas trop peur parce que je suis quelqu’un qui fait pas mal de volume. L’autonomie complète et le fait de bien gérer sa récupération avec de la nourriture lyophilisée ne m’ont pas dérangé.
Lepape-info : L’ambiance pendant la course et sur le bivouac ?
Y.S : Cela s’est décanté au fil du temps. Les gens comme moi étaient assez stressés au départ, on sentait que beaucoup étaient très concentrés et puis ensuite cela s’est débridé. Il y a beaucoup d’entraide, tout le monde est à la même enseigne et c’est très bien, on dort tous et toutes dans les mêmes conditions. Je suis tombé dans une tente où je ne connaissais personne, l’ambiance était très simple au départ et conviviale, on se motivait mutuellement entre chaque étape. Ce fut une très belle expérience humaine.
Yoann Stuck : « Laurence Klein m’avait prévenu de la spécificité du Marathon des Sables que l’on courait différemment en comparaison à une course sur route ou un trail long, c’est une autre discipline que ce soit au niveau des appuis, le fait de porter son sac, de dormir en autonomie, de récupérer. C’est une course où il faut vraiment penser à soi, j’ai appris énormément sur moi mais aussi sur la gestion de course. »
Lepape-info : Vous avez pu apprécier le décor du désert Marocain ?
Y.S : C’est quelque chose à part dans le désert, j’avais déjà couru dans le désert d’Ica au Pérou où c’était vraiment du sable. Sur le Marathon des Sables, il y a le côté rocailleux par endroits, les grosses dunes, les djebels. Vous avez des reliefs totalement différents d’un lieu à un autre, des longues lignes droites interminables avec cette impression de voir des mirages, c’est magnifique. Je ne pensais pas que le désert était comme cela, vu que les étapes sont très longues vous avez le temps de lever la tête et de profiter du paysage malgré la chaleur.
Lepape-info : Vous terminez premier Français, cela vous a étonné ?
Y.S : Je me suis entraîné assez dur pour y arriver. Je ne savais pas dans quoi je partais, je lançais ma saison et après je voulais faire le point et savoir où j’en étais. Je n’étais pas obsédé par un résultat en particulier, j’ai pris les étapes les unes après les autres. Au départ le but était de finir, de prendre du plaisir et de me lancer. Le résultat final est le petit plus et j’en suis fier. J’arrive à me glisser entre les favoris Marocains au classement général, le Français Mérile Robert qui est un spécialiste termine assez loin de moi comme d’autres bons coureurs. J’ai fait une très belle longue étape ce qui m’a permis de bien figurer et de garder ma place au final. Je ne m’attendais pas à cela et je me rends compte aujourd’hui que je peux encore gagner du temps, je sais que je peux faire mieux en m’organisant davantage à présent que je sais comment ce genre de course se passe. Laurence Klein m’avait prévenu de la spécificité du Marathon des Sables que l’on courait différemment en comparaison à une course sur route ou un trail long, c’est une autre discipline que ce soit au niveau des appuis, le fait de porter son sac, de dormir en autonomie, de récupérer. C’est une course où il faut vraiment penser à soi, j’ai appris énormément sur moi mais aussi sur la gestion de course, je pense qu’une prochaine fois je peux gagner environ 30 minutes.
Yoann Stuck : « Il y a le défi physique mais aussi mental, vous passez par tous les états, la course continue même lorsque vous avez passé la ligne, il faut vous faire à manger, récupérer comme vous pouvez, c’est là que c’est intéressant. »
Lepape-info : Un nouveau défi de relevé et quel chemin parcouru depuis 2010
Y.S : Pour faire le Marathon des Sables j’ai essayé d’utiliser cette histoire de 2010 où je me suis décidé d’arrêter de fumer 30 cigarettes par jour et que j’ai perdu 30 kg. Contrairement à d’autres courses où c’est parfois très élitiste dans la façon de communiquer, le Marathon des Sables qui est peut-être l’une des courses les plus dures au monde communique finalement à l’inverse en passant le message que c’est une course certes très difficile mais réalisable avec des chiffres à l’appui qui mentionnent que beaucoup de femmes y participent, que la moyenne horaire est de 5 km/h, que l’âge moyen est de 50 ans. La course n’est pas accessible à tout le monde, il faut s’entraîner mais en suivant cet état d’esprit j’ai envie de dire regardez en 2010, je pesais 100 kg, je fumais beaucoup je ne faisais pas de sport et je viens de faire le MDS sans parler de ma place.
Le Marathon des Sables peut être le défi d’une vie, je voyais les gens passer la dernière ligne d’arrivée, tu te régales à les voir ainsi terminer. Cette course peut mener à l’introspection, à un moment j’ai rencontré un concurrent qui me disait parfois j’ai besoin de me recentrer, j’ai besoin d’avoir quelque chose de très difficile. Il y a le défi physique mais aussi mental, vous passez par tous les états, la course continue même lorsque vous avez passé la ligne, il faut vous faire à manger, récupérer comme vous pouvez, c’est là que c’est intéressant.
Lepape-info : Quels sont vos prochains défis en 2024 ?
Y.S : Je vais faire le Trail du Saint Jacques sur le format 80 km ensuite le semi du Mont-Ventoux plus en dilettante, la 6000 D en Savoie en juillet, la CCC de l’UTMB et sûrement les Templiers en octobre sans oublier le marathon de Florence parce que j’ai envie de faire une petite demie saison l’hiver sur route pour changer un peu.
Lepape-info : À coté de tous ces défis vous travaillez également
Y.S : Je travaille dans un magasin de running, je ne parle pas de moi avec les clients parfois certains me reconnaissent. Je suis là pour donner des conseils, ils sont très réceptifs, j’entends plein d’histoires différentes et c’est très inspirant.
1 réaction à cet article
Matthieu
Et l’interview de la 5 eme femme ?