Lepape-info : Valentine, quelle fut votre réaction en apprenant votre sélection ?
Valentine Chapelotte : J’étais très émue, c’est juste énorme. Au début de la saison de cross je m’étais dit que je me donnerai les moyens pour aller le plus loin possible et obtenir une belle place aux championnats de France. C’était plus dans l’optique de voir si j’étais loin de la sélection. Je commence vraiment à faire des résultats que depuis cette année, cela me paraissait très ambitieux d’espérer une sélection.
Ensuite vu ma progression au fil des compétitions j’ai commencé à m’autoriser à envisager cette sélection, après les championnats de France j’ai enchainé avec le cross d’Allonnes. Comme j’étais un peu inconnue de la Fédération Française d’athlétisme jusqu’à présent, je ne pouvais pas vraiment être sûre. Quand j’ai appris ma sélection ce fut une explosion de joie avec de l’émotion, pour moi c’était énorme.
Valentine Chapelotte : « J’ai envie d’aborder le championnat d’Europe à Dublin comme les championnats de France. Je le prends comme un challenge mais je me mets une pression positive. J’ai envie d’y aller en me battant, comme d’habitude avec de la détermination, de la fougue. »
Lepape-info : Que représente pour vous cette sélection ?
V.C : Elle représente le début de quelque chose de beaucoup plus grand, je vais obtenir beaucoup plus de visibilité, je commence vraiment à entrer dans le haut niveau. Même si c’est ma première et que je n’ai pas d’expérience à ce haut niveau je sais que j’ai de la marge de progression. C’est le début de l’histoire en fait.
Lepape-info : Comment abordez-vous ce championnat d’Europe de cross-country ?
V.C : J’ai envie d’aborder le championnat d’Europe à Dublin comme les championnats de France. Je le prends comme un challenge mais je me mets une pression positive. J’ai envie d’y aller en me battant, comme d’habitude avec de la détermination, de la fougue. J’y suis j’y ai ma place. J’ai envie de porter le maillot de l’équipe de France du mieux que je puisse. J’ai envie de bien faire, j’ai envie de tout donner. Je connais le niveau Français mais le niveau Européen pour moi c’est l’inconnu, je me dis que si les filles qui ont déjà eu des sélections ont eu leur place maintenant c’est mon cas. Mon objectif est de faire honneur au maillot de l’équipe de France et n’avoir aucun regret. Je vais essayer de me caler avec les filles de l’équipe de France que je connais, je pars avec de l’ambition.
Lepape-info : Vous avez récemment franchi un cap au niveau de vos performances
V.C : J’ai commencé l’athlétisme en 2015, j’étais au lycée en terminale. Pendant mes années de classe préparatoire, l’athlétisme était très secondaire. Ensuite je suis entrée en école d’ingénieur, je m’entraînais mais peu. J’ai eu mon diplôme d’ingénieure en septembre, cela fait que depuis très peu de temps que je peux m’entraîner à fond. Je commence à avoir une situation stable, mon équilibre de vie fait que j’ai trouvé mon rythme d’entraînement et qui fait que je progresse. J’ai encore la fraîcheur car j’ai commencé tard l’athlétisme, je ne me suis pas épuisé à trop courir comme certaines autres filles. Maintenant que je peux m’exprimer pleinement tout s’enchaîne. Il n’y a pas eu de compétition en 2020 en raison de la crise sanitaire mais je m’entraînais déjà beaucoup, c’est depuis cette année que je vois mes progrès en compétition.
Lepape-info : Vous travaillez à plein temps, comment organisez-vous vos séances ?
V.C : J’ai été embauchée en septembre, je suis consultante en accompagnement d’entreprise dans le développement durable je fais des horaires de bureau (9h-18h), je m’entraîne avant d’aller au travail, je pars courir vers 6h30 soit avec une séance unique, soit avec un footing de réveil musculaire plus une autre séance le soir vers 19h30. Quand je double cela me fait de très grosses journées. Je me donne les moyens de m’entraîner autant qu’il le faut avec 8 séances par semaine mais ma récupération n’est pas aussi optimale que si j’avais le temps de faire des siestes le midi. Pouvoir mieux récupérer serait un point qui pourrait me faire progresser plus tard.
Lepape-info : Thierry Burnel est votre coach depuis vos débuts en 2015 ?
V.C : Oui depuis que j’ai commencé le demi-fond. Originaire du Jura, je suis arrivée au Dôle AC comme athlète en même temps que lui en tant qu’entraîneur. Ensuite j’ai déménagé pour mes études en Vendée maintenant je travaille à Nantes et je suis désormais licenciée à l’AVB Montaigu mais Thierry Burnel continue de m’entraîner à distance, il m’envoie mes plans dans lesquels je me retrouve parfaitement, on fait le débriefing par téléphone et cela marche très bien. On échange tous les jours, pendant les fêtes de Noël je reviens dans ma famille dans le Jura, je ferai quelques séances où il pourra me voir, cela permettra de se caler ensemble.
Lepape-info : Dans votre entreprise, votre première sélection en équipe de France n’a pas du passer inaperçue ?
V.C : Chez In Extenso Innovation Croissance ils suivent un peu mes résultats mais jusqu’à présent ils ne se rendaient pas trop compte de mon niveau. Quand j’ai annoncé que je devais prendre des jours de congés pour partir à Dublin, ils ont réalisé en lisant aussi mon nom dans la presse. Ma manager a été très compréhensive et très contente pour moi, j’ai reçu beaucoup de messages de félicitations. On a commencé a évoquer un éventuel aménagement de mon temps si d’autres échéances étaient à venir mais pour l’instant je ne le souhaite pas.
Lepape-info : Après Dublin on vous reverra où et sur quelle distance ?
V.C : Je vais faire un point avec mon entraîneur. Je pense que je suis une coureuse de longues distances en devenir mais que pour exploiter mon plein potentiel j’ai besoin de progresser sur le court. Le jour où je vais passer un cap sur 1 500 m, je passerai un cap sur 5 000 m mais il ne faut pas brûler les étapes. L’été prochain je vais refaire du 1 500 m, je sais que je suis faite pour le long mais je suis encore dans cette construction. Cet hiver je vais faire du cross court, du 1 500 m, du 3 000 m.
Valentine Chapelotte : « Cette capacité à rebondir, à trouver une force, de ne pas s’attarder sur des échecs j’y repense quand je me mets trop de pression. La vie n’est pas complètement linéaire, il faut prendre les choses comme elles viennent et savoir les apprécier. Ma sélection en équipe de France je ne m’arrête pas dessus j’ai envie d’aller encore plus loin mais il faut savoir l’apprécier. »
Lepape-info : Vous avez le temps de vous consacrer à d’autres passions ?
V.C : Pendant longtemps ce fut l’équitation, j’ai encore ma jument chez mes parents dans le Jura en attendant que je puisse la ramener dans l’Ouest. J’aime aussi la lecture, l’écriture sans oublier la nature normal avec un papa agriculteur (sourire). Je regarde énormément de documentaires, scientifiques ou pas, je m’intéresse à la physique, à la biologie, au métabolisme et je peux mettre tout ceci en lien avec ma pratique du sport. Au niveau nutrition je sais ce que je dois apporter à mon corps, je sais l’importance de la récupération musculaire, cela va plus m’aider sur les à-côtés que pour l’entrainement pur et très scientifique.
Lepape-info : Vous avez pensé vous lancer dans une carrière sportive en équitation ?
V.C : Non pas vraiment. Je suis dans la performance en athlétisme avec un état d’esprit compétitif. En équitation je suis avec un cheval, un animal. J’ai plus envie de construire une relation avec ma jument Una que de faire de la performance comme de sauter très haut. Par contre je lui ai appris plein de choses comme faire la révérence et d’autres tours.
Lepape-info : Quelle est votre devise dans la vie ?
V.C : Je la tiens de ma mère. J’ai toujours été très perfectionniste, je me suis toujours mis beaucoup de pression quand je faisais mes études. Ma mère m’a toujours dit : « Donne le meilleur de toi-même mais si tu n’atteins pas tel concours mais que tu rejoins une autre école ce n’est pas grave, tu vas rebondir c’est peut-être un mal pour un bien. » Cette capacité à rebondir, à trouver une force, de ne pas s’attarder sur des échecs j’y repense quand je me mets trop de pression. La vie n’est pas complètement linéaire, il faut prendre les choses comme elles viennent et savoir les apprécier. Ma sélection en équipe de France je ne m’arrête pas dessus j’ai envie d’aller encore plus loin mais il faut savoir l’apprécier.