Depuis plusieurs jours, il est tout sourire, saluant ses amis, ses fans, répondant aux interview. Du Sébastien Chaigneau pourrait-on dire sauf qu’il affiche une décontraction encore plus flagrante que d’habitude. C’est un fait, il n’a pas de boule au ventre à quelques heures de la course, ni la moindre tension, bien au contraire, le Français est tout simplement heureux. Heureux d’être là et de prendre le départ du « vrai » UTMB ce vendredi 30 août 2013 à 16h30.
Lepape-info : Sébastien, avec vos victoires sur la TransGrancanaria et la Hardrock et votre 3e place sur le Mont Fuji, vous réalisez une année pleine. Dans quel état d’esprit êtes-vous pour cet UTMB 2013 ?
Sébastien Chaigneau : Tranquille. Je suis sans pression, sans ambition si ce n’est celle de savourer la course. Je vais rester au chaud sans prendre les devants ni en allant « fighter ». On verra ce que cela donnera au final.
Lepape-info : Ce qui veut dire qu’il ne faut pas vous mettre parmi les favoris ?
S.C. : Non, je ne crois pas. Entre Julien Chorier, très fort en ce moment; Anton Krupicka, Mike Wolfe, Michaël Foote, vous devriez avoir le podium. Ils vont partir très très vite et je ne suivrai pas. Je ne suis pas venu pour ça mais pour être au milieu des coureurs. Et puis c’est quand même le seul déplacement de l’année où je ne suis pas en décalage horaire et où je peux venir en voiture ! Ensuite, ce sera les vacances pendant deux mois. Je vais rester à la maison et profiter du jardin, ça fait un bien fou.
Lepape-info : Vous faites une superbe saison, avez-vous modifié votre entraînement ou c’est l’expérience qui parle ?
S.C. : En fait, j’ai modifié ma préparation hivernale. Jusqu’à cette année, je faisais un cycle complet de musculation et essentiellement de la qualité avec des entraînements courts afin de travailler ma vitesse. En général, je faisais entre 40 et 80 km par semaine plus un peu de ski de fond. Mais je me suis aperçu qu’après la Transgrancanaria où je tournais sur mes acquis, je prenais systématiquement une « châtaigne » la course suivante aux alentours du mois de mai. Je me suis demandé ce qu’il fallait changer. De fait, cet hiver j’ai fait beaucoup plus de volume en passant à 120-140 km de course par semaine et l’équivalent en ski de fond juste après la TransGranCanaria. Un cycle complet et du coup le Japon s’est beaucoup mieux passé (3e du Mont Juji). Avant je restais tranquille et je passais à la caisse; là j’ai pu continuer à être performant.
Lepape-info : Et vous avez remporté la Hardrock 100 Endurance Run en établissant le nouveau record (24h25mn50) !
S.C. : Oui une superbe expérience. Je n’ai su que le 5 juillet que j’avais mon ticket de départ. En fait, seul le vainqueur de l’année précédente est sûr de pouvoir être présent. Pour les autres concurrents, 140 exactement, c’est au tirage au sort. Le départ était le 12 juillet, j’avais donc fait le pari de partir un peu plus tôt car c’est une course qui se déroule en altitude à 3000 m avec dix cols à franchir entre 3 000 et 4 300 m d’altitude, il faut s’acclimater. C’est une couse incroyable dans un décor de far west comme dans les films. On est tout petit face à la nature. C’est vrai ici dans nos montagnes, c’est dix fois plus vrai là bas. Et puis, il y a les animaux, énormes ! Simple si tu les croise tu contournes ou tu fuis !
Lepape-info : Quelle est la différence entre les trails aux Etats-Unis et ceux en France ?
S.C. : L’ambiance. Là bas, tu pars pour un « run » entre amis coureurs pas pour une race (course). C’est toute la différence ! Et puis, il n’y a pas de matériel obligatoire, tu es responsable de toi même. Je ne sais pas si j’ai raison, mais je pense que plus de la moitié du peloton ne sait pas utiliser correctement tout le matériel demandé.
Lepape-info : Qu’est ce que cela fait de courir avec un pacer (coureur qui vous accompagne mais qui n’est pas dans la course) ?
S.C. : Ca change tout ! Il ne vous porte pas le matériel mais vous surveille. Est-ce que vous avez mangé ? Bu ? Il observe le terrain, vous dit où c’est dangereux. C’est votre assurance sécurité bien plus que ne peut l’être le matériel obligatoire. C’est une aide mentale incroyable et cela rend la course encore plus passionnante.Il y a un partage, une union.
Lepape-info : Avez vous suffisamment récupéré pour participer à l’UTMB ?
S.C. : Je ne sais pas. Je n’ai pas fait de gros volume depuis. J’ai perdu en vitesse, c’est sûr, au niveau des sensations ce n’est pas trop mal mais sur une course comme l’UTMB il faut être frais quand même. On verra bien, je laisse aux autres le plaisir de se battre pour la gagne, moi je vais gérer kilomètre par kilomètre sans me mettre la pression. Rendez-vous à Chamonix samedi en début d’après-midi pour vous dire comment cela s’est passé !
Ses performances en 2013
1er et recordman de Hardrock 100 Endurance Run (USA, 160 km, 10 000 m de D+)
3e de l’Ultra Trail Mont Fuji (Japon, 160 km, 9 200 m de D+)
1er de la TransGranCanaria (Canaries, 120 km, 7 000 m de D+)