Oui, on peut avoir des qualités innées, un physique hors norme, mais encore faut-il savoir l’utiliser et le développer à bon escient… C’est un des messages que l’on retient après cette heure et demi passée dans l’intimité d’Usain Bolt.
De ses 60 jours de tournage répartis de mars à septembre 2011, Gaël Leiblang, le réalisateur, avait ramené 85 heures de rush. Evidemment, le spectateur n’en voit que la substantifique moelle (1h30) dans ce film documentaire « tourné comme un reportage et monté comme une fiction ».
L’une des richesses de la production finale, ce sont les multiples morceaux d’interviews. Interviews de la star, bien sûr, mais également de son entourage. Le père d’Usain Bolt explique, par exemple, pourquoi son fils a arrêté le cricket – qui avait pourtant sa préférence – pour privilégier l’athlétisme. Sa mère se souvient de la douloureuse séparation lorsque son protégé a quitté son village de Sherwood Content pour partir à Kingston.
« Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde » rappelle également que ce champion hors norme, qui sera l’un des athlètes les plus attendus aux Jeux Olympiques de Londres 2012, surpasse ses adversaires depuis bien longtemps. Sa suprématie ne date pas des Mondiaux de Berlin en 2009 (trois médailles d’or sur 100m, 200m et 4X100m). Ni des JO de Pékin 2008 (triple médaillé d’or également). Les images des championnats du monde junior en 2002 en Jamaïque, rafraîchissent la mémoire de ceux qui ont oublié, et éclairent la lanterne de ceux qui l’ignoraient : à 15 ans, Usain Bolt est devenu le plus jeune champion du monde junior de l’histoire du 200 m en 20s61.
Bien sûr, le documentaire revient souvent sur le physique atypique du sprinter. 1,96 m, 93 kilos. En primaire, il était déjà plus grand que tous ses copains et ce beau bébé pesait 4,3 kilos à la naissance… Mais ce que le téléspectateur constate aussi, c’est que ce physique, Usain Bolt le travaille. Durement, longuement. Lorsqu’il n’est pas sur la piste, il travaille aussi chez lui, dans sa piscine. On le voit souffrir à l’entraînement comme on avait du mal à l’imaginer, eu égard à la facilité qu’il dégage pendant les compétitions. Mais le champion le rappelle lui-même : « La compétition, c’est facile, on a tout fait pour être prêt sur LA course qu’il faut. C’est avant que c’est difficile ». Les images le prouvent : Usain Bolt grimace, transpire, et vomit, même à la fin d’une séance…
En dépit de ces sacrifices, il reste « disponible, cool, relax », confie Gaël Leblang. Le réalisateur offre d’ailleurs plusieurs séquences dont on se délecte. Notamment celle où « Bolt l’éclair » brave l’interdiction de son entraîneur et mentor, Glenn Mills, pour participer à une partie de foot entre copains d’enfance. « Alex Ferguson (entraîneur de Manchester United, ndlr), regarde bien cette image ! », lance-t-il alors à la caméra.
Grand fan de Manchester United, Usain Bolt se livre même 3 heures seulement après son faux départ en finale du 100m lors des Mondiaux 2011 à Daegu. On le découvre certes frustré de sa (non) prestation… mais certainement pas abattu et déjà réconforté par la victoire des Red Devils.
Le montage de ce film a duré six mois. La bande son a été travaillée pour coller au plus près des images. Et dans certaines séquences, elle parvient à décupler l’émotion.
Ce film devrait ravir les amateurs d’athlétisme, passionnés de sport ou simplement les plus curieux. Mais autant prévenir : il fera aussi des déçus. En l’occurrence ceux qui s’attendaient à voir des larmes. C’est une des infos qu’Usain Bolt livre à Gaël Leiblang : il ne pleure pratiquement jamais… hormis quand il s’agit de sa mère…
« Usain Bolt, l’homme le plus rapide du monde »
Diffusé sur France 2 le 26 juillet 2012, veille de l’ouverture des Jeux Olympiques à Londres
Disponible en DVD et Blu-ray à partir du 27 juillet 2012
Durée : 90 minutes
Prix : 19.99 euros
Réalisation : Gaël Leiblang
Coproduction : ELEPHANT DOC / LEIBLANG PRODUCTIONS