Trail : Sylvaine Cussot, le sourire gagnant

Dernière convoquée pour le stage de l'équipe de France de trail en vue de Mondiaux 2015, « Sissi » Cussot aborde la course à pied avec un mélange de sérieux et de détachement. De performance individuelle et de partage. Et affiche une bonne humeur communicative.

Sylvaine CUSSOT Plagne 2014 Laurent Briere

On peut cacher bien des choses derrière un sourire. « On me dit parfois « tu souris tout le temps, tu ne te fais pas vraiment mal ». Mais ce n’est pas une question de souffrance. Je suis capable de sourire même en ayant mal. Et puis, je ne souris pas non plus tout le long des courses ! Ca n’est pas forcément le cas quand je suis toute seule dans les montées ! ». Elle a lâché cette phrase dans un large rictus, comme celui qui ravit les photographes et spectateurs le long des sentiers. Mais non, « Sissi » Cussot n’est pas toujours en promenade de santé. Elle considère simplement que c’est sympa « de penser aux bénévoles, avec un sourire et un remerciement. C’est un rendu pour les gens qui sont là pour nous. Et puis personnellement, sourire, ça ne me coûte pas ! ».

Elle concède qu’elle n’est peut-être pas toujours « aussi concentrée que d’autres ». Mais « au départ d’une course », elle est « contente d’être là », et ça se voit. D’autant que comme elle le rappelle : « Courir, ce n’est pas mon job non plus. Ça reste une passion ». D’ailleurs, elle ne s’imagine pas « faire que ça. Courir, faire la sieste, courir. J’adore ça, mais j’aime bien aussi les autres choses autour », lance-t-elle. Et de compléter : « Je prends le départ d’une course en me disant que je vais donner le meilleur de moi-même. Si c’est le cas et que je termine deuxième ou troisième, alors je me dis que c’est bien quand même ». Voilà une des « différences » entre elle et « Manu », avec qui elle partage sa vie et sa passion. Emmanuel Gault, qui porte, comme elle, les couleurs du Team Asics Trail. « Lui, il est toujours là pour gagner. Moi, je ne suis pas encore comme ça », explique-t-il. Peut-être ne le sera-t-elle d’ailleurs jamais.

En attendant, depuis son premier trail en 2011 à Besançon sur 28 km (6ème féminine), elle a parcouru un sacré bout de chemin. Elle qui a toujours baigné dans le milieu de la course à pied – avec un footing de trois kilomètres en guise de rituel familial tous les dimanches matins, et une première licence d’athlétisme à dix ans – mesure sa progression. « Sur mes allures, oui, je le vois. Sur mes parcours d’entraînement, je me rends bien compte que mes chronos ont baissé. Mais avant, je courais sans montre, à la sensation, je n’avais pas énormément de repères ». « Avant », c’était quand elle courait sur bitume. Prenait des dossards sur 10 km, semi ou marathon (avec un record personnel à 3h30mn18s sur Nice-Cannes en 2010). Mais sans vraiment « d’optique de performance, c’était plus le moment où je retrouvais mes copains de club ». Sa rencontre avec Manu dans une féria en 2010, leur installation ensemble à Uzès dans le Gard fin 2012, ont entraîné un véritable « changement de vie ». Une vie « plus équilibrée ». Une « vie de famille » aussi, avec les deux enfants de son homme. Et au final, du temps pour « mieux s’entraîner ». Cette fois sur les chemins.

C’est Manu qui lui établit ses séances. Cinq entraînements par semaine. Les deux tourtereaux s’organisent pour s’entraîner en journée la semaine, de manière à réserver leurs soirées soit aux enfants, soit pour leur rituel hebdomadaire « d’un restau en amoureux », soit pour « les copains ». Le samedi, c’est « repos, c’est la journée des enfants ». Parce que « c’est important qu’ils ne subissent pas trop notre pratique ». Et le dimanche, une sortie longue commune. « Au début, cette sortie longue, je trouvais ça contraignant, se souvient Sissi Cussot. Mais le corps s’adapte ».

« Faire du mieux possible et honorer le maillot »

Les efforts ont payé, avec à la clé notamment une victoire sur le 50 km de l’Eco Trail de Paris 2013, une troisième place sur la SaintéLyon 2013, une quatrième place sur la CCC 2014, une deuxième place sur la SaintéLyon 2014 et… un coup de fil de Philippe Propage, référent trail auprès de la Fédération Française d’Athlétisme, début février 2015. A la clé : une invitation à rejoindre l’équipe de France en stage à Annecy en avril, en vue des championnats du monde de la spécialité, fin mai, sur la Maxi Race du Lac d’Annecy. « Je ne m’y attendais pas du tout. D’ailleurs, je ne savais pas trop quoi dire, j’ai dû avoir une réaction bizarre », s’excuse-t-elle presque. Cette échéance qui n’était pas prévue à son programme, elle l’aborde à sa manière. Avec l’envie de « faire du mieux possible et d’honorer le maillot ». Et l’idée de se servir de son expérience sur la CCC l’an passé. Mais sans prétention mal placée. Parce que la sélection nationale lui paraissait « inaccessible ». Et aussi parce qu’elle « appréhende un peu ». Elle se souvient des Mondiaux 2011, en Irlande, durant lesquels elle avait accompagné « Manu ». « J’étais nouvelle dans cet univers. Pour moi, c’était les grands, ceux qui étaient en bleu/blanc/rouge ! ». A un peu moins de trois mois de porter, elle aussi, la prestigieuse tunique tricolore, elle sait qu’elle pourra compter sur le soutien de tout son entourage. « C’est en France, ça va être chouette. Ma famille, des amis seront là ». Des supporters au premier rang desquels, bien sûr, « Manu ». « Il est déçu de ne pas faire partie de l’équipe, mais super content pour moi. Il n’est pas du tout du genre jaloux. On vit le truc à deux. Et puis, ce sera aussi pour lui l’occasion de vivre la course de l’extérieur, ce qu’il n’a jamais vraiment l’occasion de faire. C’est vraiment quelque chose à vivre. Je trouve qu’on vibre encore plus que quand on court ». A évoquer cela, son visage s’illumine. Elle poursuit : « Quand on court, on est vraiment concentré. En dehors, on est davantage dans l’effervescence. Personnellement, pour avoir vécu la SaintéLyon des deux manières, je trouve qu’on a encore plus d’émotions de l’extérieur ».  Après les Mondiaux, le couple Gault/Cussot s’envolera pour les Etats-Unis en juin. Au programme : la Western States pour lui. Elle devrait être son « pacer » sur la fin. Logique.

Eco Trail de Paris 2014 Sissi Cussot Manu Gault
Sissi Cussot, Manu Gault et Thomas Saint Girons

Sylvaine Cussot en bref

Née le 26 avril 1982 au Mans (72)
Club : Athletic Trois Tours
Membre du Team Asics Trail

Palmarès principal

2014

2ème de la SaintéLyon
Vainqueur du Trail du Pastel
Vainqueur de l’Intégrale des Causses

2013

Vainqueur du Trail du Pastel
Vainqueur des Drailles de la Galinette
Vainqueur du 50 km de l’Eco Trail de Paris
Troisième de la SaintéLyon

3 réactions à cet article

  1. Article sympa!
    Bon dire « je ne m’y attendais pas » pour entrer dans le team asics alors que son mec y est et en vue de ses performances à elle… Je dis LoL
    Si c’est pas du piston c’est pas avec le palmarès mais bon c’est le sport !

    Bonne continuation

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  2. Bonjour Tom ! Alors tu as dû lire entre les lignes, parce que le « je ne m’y attendais pas » concerne la sélection en équipe de France et non L’intégration dans le team ! Quant au reste, je ne comprends pas bien ton commentaire et l’intérêt mais pas très grave ! 😉 Merci Émilie pour ce papier, très bien écrit ! Vivement samedi ! 🙂

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