Texte ou vidéo : quel type d’article vous sert le mieux ?

Face à la progression actuelle du travail à distance ou aux conséquences économiques du confinement sur notre pratique sportive, la recommandation des 150 minutes d’activité physique hebdomadaire prend, plus que jamais, tout son sens.
Dans ce cadre, les contenus en ligne apparaissent comme un vecteur formidable de mobilisation en faveur de l’activité physique.

Les contenus sur le web qui fournissent des conseils « sur mesure » en matière d’activité physique ont démontré leur bonne efficacité par rapport à ceux offrant des informations génériques.

 

C’est par exemple tout l’intérêt de Lepape-info dont l’éventail des articles sur des sujets et des populations variés (programmes d’entraînement, force, endurance, étirement, santé, psychologie, nutrition, blessure, jeunes, séniors, femmes enceintes… pour ne citer qu’eux) sert au mieux notre curiosité. Ces contenus ont en effet plus de chances d’être lus, mémorisés, enregistrés puis discutés.

 

Le contenu web est généralement diffusé sous forme textuelle. Pourtant, des études de suivi oculaire sur ce type de format démontrent que la lecture se caractérise aussi par un temps important consacré au balayage et à la lecture non linéaire, plutôt qu’à une lecture concentrée approfondie. Par conséquent, le contenu texte peut ne pas être lu, traité et mis en œuvre comme prévu. Ce qui limite alors l’efficacité des conseils qui sont proposés.

 

Face à ce constat, une équipe de recherche australienne a souhaité comparer l’audience à des formats texte VS vidéo pour un même contenu d’activité physique, et ainsi permettre d’orienter spécifiquement les publications pour ceux intéressés par l’Activité physique.

 

Pour ce faire, ils ont d’abord recruté 501 participants par l’intermédiaire des réseaux sociaux, avec comme caractéristique commune le fait qu’aucun ne pratiquait plus de 150 minutes d’activité physique par semaine. Ainsi, la marge d’engagement était conséquente. Et pour mesurer cet engagement, chacun des participants s’est ensuite trouvé doté d’un accéléromètre permettant de tracker son activité et inactivité physique durant les 9 mois d’étude.

 

Tous les participants ont alors eu accès à un même site web constitué d’articles de base sur l’activité physique. Ceci dans le but d’établir une expérience initiale similaire pour tous et ainsi de limiter les biais d’interférences entre les participants (conception du site, lisibilité, convivialité…).

 

Puis les 501 participants ont été répartis au hasard en 3 groupes de 167 personnes :

le groupe Contrôle (N=167), qui n’avait pas accès à d’autres éléments du site.

le groupe Texte (N=167) qui, en plus, a eu accès à 8 séances d’activité physique personnalisées sur 3 mois, sous une forme textuelle.

le groupe Vidéo (N=167), qui a eu accès à ces mêmes séances mais sous un autre format, celui de vidéos de 4 à 7min.

 

Les questions posées étaient alors : Quel groupe a reçu la plus forte audience dans la durée ? Quel groupe a été le plus actif physiquement ? Et pourquoi ?

Voici une partie des résultats obtenus suite à l’analyse :

 

FIG 1

Fig. 1. Nombre de participants qui ont participé aux 8 sessions d’entraînement

 

FIG 2

Fig. 2. Temps passé sur le site Web après 12 semaines

 

 

Résultats obtenus grâce aux accéléromètres et aux questionnaires

Accéléromètres Questionnaires
Départ 3 mois 9 mois Départ 3 mois 9 mois
Minutes Actives par Semaines
Groupe Contrôle 92 116 106 198 247 322
Groupe Texte 105 127 122 179 327 253
Groupe Vidéo 113 125 126 206 337 282
Temps sédentaires (min/jour)
Groupe Contrôle 625 614 606 543 529 531
Groupe Texte 636 616 595 582 510 516
Groupe Vidéo 626 629 614 523 502 511

 

Comme on peut le voir dans le tableau et en Figure 1, aucune différence de niveau d’activité physique n’a été observée entre les groupes Texte et Vidéo, ni au 3e mois ni au 9e mois de l’étude.

Ce résultat peut surprendre étant donné que, sur le net, les vidéos de prévention (alimentation, arrêt du tabac ou prévention de l’obésité) sont efficaces. Cependant, de façon intéressante, lorsqu’il s’agit d’activité physique, ces mêmes études de prévention relèvent aussi une moindre efficacité du contenu.

 

À cette observation, les auteurs apportent 3 explications :

  1. Les participants étaient suivis via accéléromètre. Ainsi, c’est leur véritable niveau d’activité physique qui était mesuré en plus de ce qu’ils déclaraient par questionnaire (colonne de droite du tableau). Lorsque les comportements sont évalués par questionnaire, comme c’est souvent le cas en général, les participants ont effectivement tendance à sur-évaluer leurs implications – ce qui peut être amplifié par l’usage de vidéos.
  2. Les vidéos proposées dans le protocole n’étaient peut-être pas assez engageantes pour inciter les participants au changement.
  3. Les profils psychosociaux des participants à l’égard de l’activité physique pourraient enfin expliquer cette similarité de résultat, si les dimensions ciblées (sentiment d’auto-efficacité, intentions, connaissance, attentes, risques…) étaient finalement restées insensibles au protocole.

 

Une dernière (quatrième) hypothèse pourrai aussi être envisagée : les personnes désireuses de s’engager dans un processus Fitness (comme celles de l’étude) sont possiblement plus en demande de détails et en besoin d’appropriation, ce qu’autorise davantage un texte (par une représentation mentale individuelle du contenu) par rapport à une vidéo dans laquelle la représentation du contenu est imposée.

 

Par ailleurs, il est intéressant de noter en Figure 2 que le groupe Vidéo passait plus de temps en ligne sans que cela ne se reflète finalement sur son engagement dans l’activité physique. Autrement dit, une dissonance s’est révélée entre la recherche d’information sur l’activité physique et la mise en œuvre / passage à l’acte au quotidien. Ce qui ouvre alors la porte aux questions relatives aux freins à la pratique (exemple : faisabilité, motivation, idées de pratique…).

 

Au final, ce serait donc les sites-Web proposant les 2 formats texte et vidéo qui seraient susceptibles de séduire davantage l’audience, et d’améliorer la rétention du lecteur à visiter le site dans la durée.

Les auteurs concluent d’ailleurs dans le sens d’une plus grande simplicité : « Les professionnels de la médecine du sport et de l’entraînement devraient utiliser des sites web moins complexes (…) pour aider les gens à augmenter leur activité physique. »

 

Source : Krabak et al. BJSM, Oct. 2020

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