C’était sans doute le plus discret lors de la conférence de presse du samedi 24 octobre 2015, qui précédait la Grande Course des Templiers. Là où Sylvain Court, Patrick Bringer ou l’américain Alex Nichols évoquaient leur bonne forme du moment, Benoit Cori préférait lui attendre le départ et ne se prononçait pas sur la course.
Dimanche 25 octobre 2015, il est pourtant en première ligne au départ, donné à 5h15, et arbore fièrement le dossard numéro un de tenant du titre après sa victoire en 2014. Les fumigènes s’allument, la musique du groupe Era retenti, la meute est lâchée dans la nuit millavoise et 2 300 coureurs s’élancent à l’assaut des 76 km et 3 000 mètres de dénivelé positif du parcours.
Le doublé pour Benoit Cori !
D’entrée de jeu, les favoris se positionnent aux avants postes et ils adoptent un rythme très élévé. On retrouve un gros groupe en tête parmi lesquels Patrick Bringer (qui abandonnera après une trentaine de kilomètres), Sylvain Court, Nicolas Martin, Benoit Cori ou encore les deux espagnols Tofol Castagner et Miguel Heras. Un groupe qui passe en 1h42mn au premier ravitaillement de Peyreleau (km 23). Dans la bosse suivante, Nicolas Martin et Benoit Cori décide de relancer et se détache un peu en tête. La réaction est immédiate et Sylvain Court recolle, accompagné de Tofol Castagner. Les quatre hommes font la route ensemble jusqu’à Saint André de Vézines (km 33) avant que Benoit Cori ne place une accélération à la sortie du ravitaillement. Il comptera jusqu’à 6 minutes d’avance sur ses poursuivants qui lâche peu à peu. « Benoit est parti et je n’ai pas pu suivre » expliquera Nicolas Martin à l’arrivée, « dans la bosse de Pierrefiche je reviens sur Tofol et après on fait toute la fin de course ensemble. Je prends quelques mètres d’avance à la fin de la Pouncho (ndlr : km 75) et j’arrive à les garder sur la ligne. »
Mais devant, l’avance de Benoit Cori est trop importante et malgré le retour de Nicolas Martin dans le final, il s’impose en 6h44mn10s et conserve 3 petites minutes d’avance sous l’arche d’arrivée. Un vainqueur ravi lorsqu’il franchi la ligne, drapeau français dans une main et drapeau basque dans l’autre : « Je savais que j’avais la forme au départ. Après c’est un 75 km donc on ne sait jamais ce qu’il peut se passer mais quand tu as la confiance avant la course c’est un gros plus. Je voulais laisser passer la nuit et après j’avais de bonnes sensations, j’étais bien, donc je me suis dis que j’étais favori donc autant partir seul devant. Je voulais voir si ça marchait et je suis très satisfait parce que je fais vraiment une course de costaud. »
Nicolas Martin monte sur la deuxième marche du podium, un bon résultat sur cette course qui constituait un des objectifs majeurs de sa saison. « Je suis venu faire une semaine de reconnaissance cet été et j’ai participé à toutes les éditions depuis 2010 donc je connais très bien le terrain et c’est un plus sur un parcours technique comme celui-là. Je pense qu’on pourrait débaliser et je serais quasiment capable de faire la course quand même » glisse-t-il dans un sourire à l’arrivée. « C’est un beau résultat pour moi car aujourd’hui Benoit était vraiment trop fort. Quand il a accéléré on courrait déjà à 17 km/h et je n’ai pas pu suivre… » L’espagnol Tofol Castagner complète le podium, satisfait de sa course sur un parcours qu’il ne connaissait pas.
Favori avant la course, le champion du monde de trail 2015 Sylvain Court ne termine qu’à la 10ème place. Dans le groupe de tête pendant une grosse moitié de course, il lâchera ensuite pour rejoindre la ligne en 7h25mn49s. « J’étais très en forme dans ma tête, à 300% mentalement mais je pense que je n’avais pas assez récupéré physiquement des Championnats de France » analysait-il à l’arrivée. « C’est une course de fin de saison et on paye les efforts accumulés sur l’année. Après mon titre de champion du monde compense tout ça et c’est ce que je retiendrais de cette saison. On garde le positif mais je serai de retour ici car j’aimerais vraiment gagner cette course » conclu-t-il.
Ellie Greenwood au finish chez les femmes !
Si les écarts sont minimes chez les hommes, la bataille fut également intense côté féminin. En début de course, Anne-Lise Rousset essaye de dynamiter la course et part devant, comptant jusqu’à 5 minutes d’avance sur ses poursuivantes. « C’est pas vraiment une stratégie de partir fort mais c’est ma façon de courir. Je ne pense pas être capable de laisser filer au début pour revenir après donc j’attaque d’entrée de jeu. Après ça se paye parfois et je vais devoir apprendre à mieux gérer mes courses » déclarait-elle à l’arrivée.
Car derrière elle on ne s’affole pas et Ellie Greenwood (GBR) remonte petit à petit, accompagnée de la suissesse Jasmin Nunige. Le podium est formé et seul l’ordre des coureuses changera jusqu’a l’arrivée !
Ellie Greenwood, moins rapide que Jasmin Nunige dans les montées s’accroche et relance en descente et sur les parties plus plates. « J’ai vraiment du me battre pour me détacher et conserver mon avance. Le parcours est magnifique mais qu’est ce qu’il est difficile » soufflait-elle à l’arrivée, drapeau britannique à la main et grand sourire aux lèvres.
Jasmin Nunige échoue donc à 6 minutes de la lauréate du jour, après avoir repris dans le final une Anne-Lise Rousset qui termine au courage et très éprouvée mais sur le podium ! « J’ai payé mon départ rapide après Saint André de Vézines (ndlr : km 33) où j’ai eu un gros coup de bambou… » analysait la française à l’arrivée.
Quelques minutes plus tard, Maud Gobert, sa compatriote et coéquipière du team France, franchit à son tour la ligne d’arrivée et tombe dans ses bras. Une longue accolade qui symbolise bien l’amitié qui lie ces deux coureuses. « Anne-Lise est comme ma petite sœur » précisait d’ailleurs Maud Gobert. « Elle était pas très sure d’elle avant de venir et je l’ai rassurée la semaine dernière. Plutôt bien apparemment ! » rigolait-elle.
« Je l’appelle Zébulon parce qu’elle saute un peu en courant, elle est très légère. On a commencé à se connaitre l’année dernière et je m’entends très bien avec elle. J’aime bien sa timidité et son envie de progresser. Aujourd’hui elle fait troisième mais je pense qu’elle est capable de gagner ce genre de course avec un peu plus d’expérience. »
Un belle prédiction de la part d’une traileuse aussi expérimentée et victorieuse que Maud Gobert !
Notez que dans le match « France against the world » qui rassemblait 5 équipes (France, Etats Unis, Afrique du Sud, Japon, Europe) et prenait en compte les résultats des 3 meilleurs coureurs et coureuses de chaque team, la Team Europe (Ellie Greenwood, Jasmin Nunige et Malika Coutant) s’imposent chez les femmes tandis que la Team France (Benoit Cori, Nicolas Martin et Emmanuel Gault) enlève le trophée chez les hommes !
Sur les hauteurs de Millau, les concurrents continuent de franchir la célèbre arche d’arrivée. Ils étaient 300 à avoir bouclé la course à 16h et les spectateurs les attendront jusqu’à la tombée de la nuit !
Le classement de la Grande Course des Templiers
- Hommes
- Benoit CORI (FRA), 06h44mn10s
- Nicolas MARTIN (FRA), 06h47mn14s
- Tofol CASTANYER (ESP), 06h48mn03s
- Miguel HERAS (ESP), 06h53mn45s
- Alex NICHOLS (USA), 06h55mn20s
- Pedro Jose HERNANDEZ SANCHEZ (ESP), 07h08mn14s
- Emmanuel GAULT (FRA), 07h11mn19s
- Jonas BUUD (SWE), 07h13mn34s
- Nicolas BOUVIER GAZ (FRA), 07h23mn54s
- Sylvain COURT (FRA), 07h25mn49s
- Femmes
- Ellie GREENWOOD (GBR), 07h58mn06s
- Jasmin NUNIGE (SUI), 08h04mn48s
- Anne Lise ROUSSET (FRA), 08h24mn35s
- Cassandra SCALLON (USA), 08h28mn06s
- Maud GOBERT (FRA), 08h33mn20s
- Nicolette GRIFFIOEN (RSA), 08h35mn21s
- Jocelyne PAULY (FRA), 08h41mn26s
- Jodee ADAMS MOORE (USA), 08h48mn46s
- Landie GREYLING (RSA), 08h49mn16s
- Nicole STUDER (USA), 08h51mn11s
Les résultats complets du Grand Trail des Templiers
La galerie photos