Cette année, pas de nouvelle course (c’est rare), mais des modifications sur l’une des courses phares de la semaine. En effet, depuis la date de sa création en 2009 et la victoire de Patrick Bohard, la Trace des ducs de Savoie trouvait son originalité par son parcours, sa distance et son dénivelé. Plus longue que la CCC mais bien plus courte que l’UTMB, plus technique et plus accidentée que ses grandes sœurs, elle avait toute sa raison d’être depuis 10 ans.
Courses Mont Blanc | OCC© | CCC© | TDS© | UTMB© |
Distance en km | 56 | 101 | 145 | 171 |
Dénivelé en m+ | 3500 | 6100 | 9100 | 10300 |
ratio deniv/dist en m+/km | 62.5 | 60.4 | 62.8 | 60.2 |
Les 4 courses majeures à Chamonix
Mais voilà, on change parfois une équipe qui gagne. Avec la volonté de faire passer la course par Beaufort, le parcours a été allongé de 26 km et de pratiquement 1900m de dénivelé positif, ce qui représente pratiquement 5 heures de course pour la tête, et bien davantage pour les autres. Du coup, le départ a été avancé, mais de seulement 2 heures, en devenant tout de même le départ le plus tôt de la semaine. Or, partir à 4 heures du matin n’est jamais chose facile et nous avons évoqué cette problématique dans notre précédent article. La fatigue générée par une nuit très courte a une incidence évidente sur le déroulement de ce type d’épreuve.
Dans le tableau suivant, nous donnons quelques éléments de comparaison entre les TDS 2018 et 2019.
TDS 2018 | TDS 2019 | |
Distance | 119 km | 145 km |
D+ | 7260 m | 9100 m |
Temps limite | 42 h | |
Temps du 1er H | 13h24 | 18h03 |
Temps de la 1ère F | 16h05 | 21h37 |
Nombre d’arrivants | 1329 | 1091 |
Nombre d’abandons | 470 | 694 |
Taux d’abandons | 26.1 % | 38.9 % |
Comparaison TDS 2018 et 2019
2 abandons sur 5 !
La première donnée qui nous saute aux yeux est le pourcentage d’abandons qui explose en 2019. Pour un même nombre de partants, environ 1700, on note près de 220 abandons supplémentaires. Avec 38.9 % d’abandons sur cette édition, on frôle le taux de 2 abandons pour 5 partants. Bien entendu, les causes d’abandons sont toujours multiples : la météo, les barrières horaires, la blessure, le manque de préparation, les troubles gastriques (souvent le facteur numéro 1), une mauvaise gestion de course… mais le taux d’abandon dépasse rarement les 33%.
Jusqu’à cette édition, les abandons sur la TDS se concentraient entre Bourg Saint Maurice et le Cormet de Roselend. Pourquoi ? Parce qu’après le col du petit Saint-Bernard (km 30), les coureurs se lançaient dans une grande descente de 20 km où certains se laissaient un peu trop aller. Arrivés dans la vallée à Bourg Saint Maurice, ils trouvaient en début d’après-midi la chaleur et une terrible ascension passant par Fort la Platte, le passeur de Pralognan puis le Cormet de Roselend. Chaque année, ils étaient plusieurs centaines à lâcher l’affaire à ce moment de la course. Et cette année ? Tout d’abord, les conditions météo étaient bonnes : pas de chaleur et pas de pluie. Ensuite, l’allongement de l’épreuve aurait dû modifier le mode de gestion avec un départ encore plus prudent. Si on observe le tableau des abandons, on note près de 290 abandons entre Bourg Saint Maurice (km 50) et le Cormet de Roselend (km 67), c’est-à-dire moins que les années précédentes. La zone d’assistance suivante étant à Beaufort (km 91), ce sont 159 coureurs de plus qui vont s’arrêter là, à 54 km de l’arrivée. Ainsi, les abandons se sont légèrement déplacés et ils se répartissent dorénavant sur une plus grande distance, entre le km 50 et le km 90. C’est finalement logique car la fatigue commence à se faire sentir après le km 50, et tant que le km 100 n’est pas passé, l’arrivée paraît très loin.
Pour autant, on ne peut pas attribuer les abandons qu’au profil particulier de cette nouvelle TDS car le taux d’arrêt est quasiment le même sur l’UTMB. Toutefois, cette nouvelle formule mériterait quelques corrections : allègement de quelques kilomètres de distance et de quelques centaines de mètres de dénivelé, départ donné la veille au soir comme pour l’UTMB… afin que cette magnifique épreuve retrouve toute son originalité et sa raison d’être au sein de la semaine chamoniarde.