Sylvain Bazin et Charles Hedrich : objectif Atacama (Chili) en 2015

C’est l’histoire de deux hommes qui ont probablement autant de points communs que de différences. Deux profils tant opposés que complémentaires. L’un s’illustre depuis de nombreuses années sur les chemins et routes de France et du monde entier, en courant ou en marchant. L’autre jongle entre la voile, la moto, l’alpinisme, le ski ou encore le trail. Les deux se sont réunis autour d’une passion : l’aventure.

Sylvain Bazin et Charles Hedrich vont donc se lancer dans un défi commun : la tentative de traversée de l’Atacama en autosuffisance. Comprenez par là : 1 000 kilomètres, à pied, sans assistance, dans le désert considéré comme le plus aride du monde. Leur aventure chilienne devrait commencer le 28 mars 2015 pour s’achever aux alentours du début du mois de mai. Et pour réussir leur folle idée sans aide extérieure, les deux hommes ont prévu de tirer (ou pousser, cela reste à affiner) chacun un chariot de 120 kilos. A un peu plus de quatre mois du grand départ, le prototype de « l’engin » n’a pas encore été choisi. Les deux hommes ont prévu de tester, sur place, leurs trois possibilités, lors de leur reconnaissance programmée en janvier. « Nous avons l’option d’une brouette deux roues qui présente l’inconvénient du poids : 15 kilos, d’une sorte de chariot de golf pour lequel je m’interroge sur la résistance, et d’un modèle de fauteuil handisport de compétition dont l’essieu mobile pose quelques questions », explique Charles Hedrich.

Cet ancien homme d’affaires qui a fait fortune grâce à sa société de chasseurs de tête revendue en 2001, s’est lancé depuis une quinzaine d’année dans la réalisation d’aventures en tout genre, avec l’Américain Steve Fossett comme modèle. Son dernier défi en cours : la traversée du Nord Ouest à la rame – 6 000 kilomètres dans les glaces entre le détroit de Béring (Alaska) et le Détroit de Davis (Groenland) – entamée en 2013 et qu’il devrait terminer l’été prochain. Entre-temps, donc, il y aura l’Atacama avec Sylvain Bazin, ultra runner qui passe les trois quarts de son temps sur les chemins du monde entier, très souvent en solo.

Mais c’est donc à deux que cette aventure chilienne va se vivre. « Personnellement, je n’ai aucune motivation pour le solo mais ce n’est pas une contrainte », lance Charles Hedrich. Les deux hommes s’accordent à dire que leur « complémentarité » sera leur meilleur atout dans cet objectif qu’ils estiment réalisable « au moins à 75% ». Dans leur chariot, ils transporteront leur nourriture essentiellement composée de pain de l’effort, un minimum de vêtements, et surtout de l’eau car les deux compères ne pourront compter que sur un point de ravitaillement naturel, à mi-parcours. Ils envisagent de consommer quatre litres d’eau « propre » par jour et… 1.5 litre d’urine recyclée. Les aventuriers vont ainsi utiliser un dispositif formé de deux bouteilles qui filtrera leur urine. Une technique qui impose plusieurs contraintes : « On ne peut boire que sa propre urine, prévient Charles Hedrich, et l’objectif sera de transpirer le moins possible, pour récupérer le plus d’urine ». Conséquence : leurs efforts s’effectueront majoritairement de nuit, à la frontale, quand la température sera moins élevée.

A noter que quatre à huit personnes devraient participer à un voyage mené par l’agence Expeditions Unlimited en parallèle de cette aventure. Objectif : s’immerger dans l’expédition et rencontrer les deux compères, a priori au moins à mi-chemin et peut-être à l’arrivée. Accompagnés par le guide de haute montagne Bernard Muller, les participants effectueront notamment l’ascension du volcan Licancabur (5 916 m).

Enfin, des jeunes de 16 à 17 ans de Seine Saint-Denis devraient aussi faire le voyage au Chili dans le cadre d’une opération menée avec la ville de Montreuil. Après plusieurs semaines d’entraînement physique spécifique, ils devraient être en mesure de rejoindre les aventuriers sur leur lieu de départ, et de relever, eux aussi, un défi dans le désert avec en point d’orgue, une montée à 6 000 m d’altitude. Une opération qui fait suite à celle menée cette année avec des Montreuillois de 13 et 14 ans qui ont réalisé leur première ascension aux Dômes de Miage (3 673 m).