Lepape-info : Sébastien, comment l’idée de ce défi « 10 km – No Limit » est-elle venue ?
Sébastien Gamel : Martin Casse qui est un athlète de haut-niveau en fin de carrière et que j’entraîne m’a dit que lui et d’autres athlètes cherchaient absolument un endroit pour faire une compétition. Aller dans un centre-ville en ce moment c’était impossible vu la situation. Nous avons cherché et Martin m’a suggéré l’idée de la faire sur le circuit d’Albi.
Lepape-info : Le projet s’est mis en place rapidement
S.G : Tout a pris forme en quelques jours il y’a deux semaines. Trois personnes m’ont vraiment aidé. Eric Journaux, le directeur de cabinet de la ministre déléguée de la jeunesse et des sports Roxana Maracineanu et ancien directeur du CREPS de Toulouse à qui j’ai demandé si je pouvais organiser une compétition. Il m’a donné son accord à condition de respecter le huis-clos sur un lieu privé et les règles sanitaires exigées. Le circuit d’Albi répondait parfaitement aux contraintes. Le président de la Fédération française d’athlétisme André Giraud m’a apporté son soutien et m’a assuré qu’il ferait en sorte que tout se déroule dans les meilleures conditions notamment (parcours validé par la commission de la FFA, obtention d’un label pour l’homologation des performances en 48 h). Enfin mon père mesureur officiel, car l’athlétisme chez nous est une histoire de famille, a assuré la mesure exacte du parcours pour qu’il fasse bien 10 km (une boucle de départ et deux tours de circuit de 3484 m). N’oublions pas également le soutien du comité départemental du Tarn, de la ligue Occitanie et des collectivités locales.
Sébastien Gamel : « Parmi les Kenyans, il y’en a un qui sort de son pays pour la première fois, sa seule ambition est de gagner la course et de faire un énorme chrono pour pouvoir recourir dans d’autres grosses compétitions. C’est la course de sa vie. On retrouve l’essence même de la course à pied, il n’y a pas d’argent à gagner. »
Lepape-info : C’est une sacré organisation pour mener le projet à bout en peu de temps
S.G : Nous dormons pas beaucoup en ce moment. Nous sommes trois en mode start-up. Martin Casse et Julien Montagne travaillent 14h par jour sur le projet, moi j’ai un travail à coté donc je ne peux les aider que le soir et le week-end. C’est une belle aventure humaine.
Lepape-info : Le plateau relevé laisse présager une course de toute beauté
S.G : Cela s’annonce super bien. Nous sommes très contents, il y’aura beaucoup d’athlètes Français comme Morhad Amdouni (8ème des Mondiaux de semi-marathon en octobre) qui a amélioré en septembre le record de France de l’heure mais aussi Djilali Bedrani (27’50) que j’entraîne accompagné de ses copains d’entraînement Pierrick Jocteur-Monrozier et Benjamin Robert. D’autres Français à l’image d’Azeddine Habz (28’32), Raphaël Montoya (28’37), François Barrer (29’37) devraient aussi assurer le spectacle. Les athlètes étrangers que nous avons contacté ont également répondu présent comme le Britannique Andrew Butchart (6ème des JO 2016 sur 5000 m) et le Marocain Abdalaati Iguider (3ème des JO 2012 sur 1500m). Ils avaient tous envie de remettre un dossard car en ce moment c’est assez compliqué et puis courir sur un circuit automobile cela les faisaient un peu rêver.
Lepape-info : L’objectif c’est de battre le record d’Europe du 10 km sur route de Julien Wanders en 27’13 ?
S.G : Vu le plateau c’est clairement l’objectif, il faut que les conditions météo soient au rendez-vous, selon les prévisions il y’aurait samedi un peu de vent. Un meneur d’allure Aziz Boukebal sera chargé de passer au 3ème km en 8’12 et il essayera de tenir le plus longtemps possible. Avec Andrew Butchart, les 2-3 Kenyans en lice, Djilali Bedrani et Morhad Amdouni cela devrait courir vite. Le record d’Europe sera dans le viseur d’Amdouni, Bedrani et Butchart. S’il y’a record il sera pour celui qui sera le plus en forme au moment de la course. Comme l’a dit Djilali il n’y aura aucun cadeau, ils vont s’en mettre plein la gueule pendant la course et à l’arrivée ils vont se serrer la main. Parmi les Kenyans, il y’en a un qui sort de son pays pour la première fois, sa seule ambition est de gagner la course et de faire un énorme chrono pour pouvoir recourir dans d’autres grosses compétitions et assurer sa survie. C’est la course de sa vie. Il s’est entraîné pendant 6 semaines à Iten (Kenya) avec Djilali il a toujours été devant lui. Il vient pour faire une performance. On retrouve l’essence même de la course à pied, il n’y a pas d’argent à gagner.
Lepape-info : Julien Wanders un temps pressenti pour être là, sera finalement absent
S.G : Il m’a dit en début de semaine qu’il ne viendrait pas. Il était un peu hésitant, il vient de changer de coach. Son nouvel entraîneur Renato Canova lui a conseillé de ne pas enchaîner après le semi-marathon de Valence de dimanche dernier (où il a terminé 8ème en 59’55). J’espère pouvoir le faire venir pour une prochaine fois.
Lepape-info : Les athlètes ont-ils couru sur le circuit ?
S.G : Seul Djilali Bedrani l’a testé. Sans surprise, il a trouvé le revêtement très bien puisque c’est un circuit automobile. Il y’a déjà eu des courses dans le passé qui passaient dessus et à coté, c’est un endroit parfait pour courir, le tracé est plat avec des virages très peu serrés.
Lepape-info : Cette course est une véritable bulle d’oxygène pour les athlètes
S.G : Nous avons vécu un été avec très peu de compétitions. Avec mon groupe, nous avons eu la chance de faire quasiment une saison estivale normale mais qui n’avait pas la même saveur. Se dire qu’on allait encore passer 5 mois sans courir c’était juste impossible d’autant plus pour des athlètes de haut-niveau comme Djilali Bedrani. Je parle aussi pour Pierrick Jocteur-Monrozier et Benjamin Robert qui veulent se qualifier pour les Jeux Olympiques. À un moment, ils ont besoin de se confronter aux autres, vous pouvez faire tous les entraînement du monde rien ne remplace le fait de mettre un dossard, de s’aligner sur une ligne de départ, d’avoir ce coup de stress de la compétition.
Ce « 10 km – No Limit » mettra également à l’honneur les dames. On retrouvera la Franco-Erythréenne Mekdes Woldu (Entente Franconville Cesame Val d’Oise), Johanna Geyer Carles, Leila Hadji (Pays de Fontainebleau Athlé) ou encore Margaux Sieracki (Villeneuve d’Ascq Fretin Athlétisme).
L’espoir Melody Julien (Association Multisports Montredonnaise) sera en quête des 33’12 de Cassandre Beaugrand, (record de France des moins de 23 ans et des moins de 20 ans.