Ils étaient quatorze au départ du parcours de 161km, neuf sur le 101km, 27 sur le marathon et 41 sur le semi-marathon. Près d’une centaine de participants, venus « braver le désert » à l’image du slogan de la course. Il est vrai que peu de personnes s’étaient déjà aventurées dans cette partie de l’Inde, à seulement 30km de la frontière pakistanaise et au beau milieu du désert de Kutch, le plus grand désert salé du monde. Pour cette deuxième édition, Gaël Couturier, le directeur de la course (voir la présentation de la l’événement), avait décidé d’ajouter une grosse distance de 161km avec un parcours très difficile. « Un vrai ultra-trail qui vaut la peine de traverser la moitié du globe pour venir le dompter ». Mission accomplie avec seulement 7 finishers sur 14 participants!
Et il est vrai que tous les ingrédients étaient réunis pour que ce 161km soit un enfer pour ses participants. Vallées de rochers et de buissons épineux à perte de vue, canyons à monter et descendre sous un soleil de plomb, course en semi-autonomie avec GPS à la main, désert de sel avec un panorama à 360° sans rien autour…
Et les participants du parcours de 101km n’étaient pas en reste avec les mêmes conditions de course à la seule différence près que leur voyage faisait machine arrière juste avant le fameux désert de sel. Pour ce qui est des plus petites distances qu’étaient le semi et le marathon, cette fois pas de navigation GPS mais de belles bandes de rubalise rouge pour les guider jusqu’à l’arrivée, à travers épines, maisons isolées et rochers. Au final, seulement 8 participants ont abandonné, dont 7 pour le seul parcours de 161km ! Preuve que malgré des conditions extrêmes, il est tout à fait possible de s’en sortir en gérant bien son effort et surtout, ses réserves d’eau. Chose plus curieuse en revanche, beaucoup de participants ne portaient même pas de vêtements ni d’accessoires running, juste de simples vêtements en coton et une vieille paire de chaussures de sport !
« Vous n’imaginez pas à quel point c’est dur de se procurer des gels ici »
« Ici, le seul moyen de s’équiper pour courir, c’est d’aller dans une grande surface spécialisée en sport. Sinon, il faut arriver à se débrouiller pour faire venir du matériel depuis le reste du monde. » Abishek Mishra, participant et finisher du parcours de 161km en 43h15mn résume en quelques mots la situation dans son pays. La passion des Indiens pour le trail est en pleine expansion depuis 5 ans mais les moyens de s‘équiper restent pour l’instant limités.
« Avant, personne ici ne courait ne serait-ce qu’un semi-marathon poursuit Abishek. Et puis quand les coureurs occasionnels comme moi ont commencé à monter petit à petit dans les distances, ce sport a littéralement explosé. On a désormais près de 800 000 coureurs dans le pays contre environ 60 000 quand j’ai commencé il y a 5 ans ! »
Et quand on demande à Abishek pourquoi, malgré le peu de moyens pour pratiquer ce sport dans de bonnes conditions, celui-ci continue de grandir, il a des arguments « les Indiens veulent être connectés à leur environnement, ils y sont attachés et aiment le goût de l’aventure. Avec tous les ultras qui arrivent petit à petit dans notre calendrier, le peloton ne devrait pas cesser de croître. »
Son compatriote Rakesh Bandhari, finisher du marathon en 9h48mn, abonde dans son sens. « En fait, les gens ici ne savent pas que leur matériel n’est pas forcément adapté aux courses auxquelles ils participent. Ils veulent juste courir et je pense que n’importe qui peut le faire avec la première paire venue. C’est pareil dans les clubs de fitness qui manquent encore d’équipement et de professionnalisme mais avec internet et la croissance de notre pays, ces choses vont sûrement changer dans les années à venir. Vous n’imaginez pas à quel point c’est dur de se procurer des gels énergétiques ici ! » Courir pour le plaisir, dans des milieux souvent hostiles (très peu de routes goudronnées dans le pays) et avec finalement pas grand-chose. Voilà la recette toute simple du ‘’courir heureux’’ en Inde.
Aujourd’hui, le calendrier course à pied du pays est très riche. Du 5km du Gurgaon en passant par le marathon de Mumbai, le 161km de Run The Rann et jusqu’à l’Ultra-Indian Race de 200km par étapes, ce sont désormais plus de 250 courses qui remplissent le calendrier course à pied. Et avec une population de 1 milliard 250 millions d’habitants, les perspectives de croissance sont assez impressionnantes.
Le cricket n’a qu’à bien se tenir !
Les résultats
- 161 km
Hommes
- Dan Lawson, 24h06mn01s
- Damian Henry Stoy, 32h30mn51s
- Tarmo Vannas, 35h24mn36s
Femmes
- Linda Mary Doke, 32h30mn51s
- Mimi anderson, 39h55s28s
10 coureurs classés
- 101 km
Hommes
- Konesh Chopra, 22h33mn00s
- Amar L. Ranu, 26h08mn57s
- Mann Dineshbhai Patel, 28h45mn51s
Femmes
Pas de finisher
8 coureurs classés
- Marathon
Hommes
- Laval Benoit, 4h38mn11s
- Rajiv R Raman, 6h08mn14s
- Hargurvarinder Singh Jaggi, 6h23mn30s
Femmes
- Bhavna Neel, 11h18mn57s
- Meena A. Barot, 11h18mn57s
26 coureurs classés
- Semi-marathon
Hommes
- Tarique Hussain ansari, 2h14mn01s
- Pablo Sergio De Titta, 2h14mn36s
- Simran S. Chaudhry, 2h19mn08s
Femmes
- Poonam Bhatia, 2h52mn55s
- Tarini Pal, 3h11mn02s
- Suditi Bhadauria, 3h29mn53s
41 coureurs classés
Les résultats complets du Run The Rann 2015
La galerie photos