Il y a peu, je vous parlais d’une randonnée insolite dans une gorge au sud de l’Espagne, sur le Camineto del Rey. Dans le même genre, mais sans doute bien plus impressionnante, j’ai découvert au pied du Zugspitze, le point culminant de l’Allemagne, une autre randonnée, facilement accessible car aménagée, pour découvrir une gorge où l’eau coule à grands flots au milieu de roches encaissées dans un déferlement des forces de la nature : les gorges de l’Höllentalklamm offrent assurément une balade inoubliable!
Au pied du Zugspitze
J’ai abordé cette randonnée dans des circonstances un peu particulières : j’étais engagé depuis déjà dix jours dans une expédition mêlant vélo, randonnée et alpinisme à travers les pays européens des Alpes lorsque je suis arrivé, avec mes deux compagnons d’aventure, au pied du Zugspitze, le point culminant de l’Allemagne. Le propos de ce projet intitulé “Seven Summits Company” était de tenter de gravir les plus hauts sommets des sept pays européens des Alpes et de les relier à vélo, en autonomie. Mais la météo et la neige nous ont contraint à renoncer à la plupart des ascensions, notamment à celle du Zugspitze, en raison d’un fort enneigement qui condamnait l’accès à la Via Ferrata par laquel on peut grimper au sommet sans avoir recours au téléphérique (qui permet certes d’y aller facilement!).
Cependant, puisque nous étions là et que le soleil brillait fort, nous pouvions tout de même aller explorer les très beaux sentiers de randonnées qui environnent ce sommet allemand. Et c’est tout naturellement que nos pas se sont dirigés vers la gorge du Val d’Enfer, qui constitue d’ailleurs l’entrée logique vers l’ascension du Zugspitze lorsque cela est possible.
Notre randonnée a débuté au hameau de Grainau, que nous avions lui-même rejoint à pied (3/4 kilomètres depuis Garmish). C’est de là que partent les sentiers qui mènent à la gorge. Nous avons d’abord suivi un chemin ascendant, qui mène jusqu’à un refuge de montagne, et permet de découvrir la beauté générale du site et du massif du Zugspitze : belles forêts, cimes découpées, on se croirait dans un tableau d’un maître du romantisme allemand du XIXe siècle.
Un paysage romantique
Mais le lieu est encore plus inspirant à mesure que l’on s’élève : Caspard David Friedrich n’est assurément pas loin. La profondeur des gorges se révèle alors: une passerelle surplombant les eaux en furie et l’abîme rocheuse nous surprend. On y voit par exemple un ressaut qui plonge directement dans le vide en entraînant avec lui une masse d’eau considérable. Le site est vraiment spectaculaire.
Mais de cette passerelle, on aperçoit aussi, et c’est presque le plus étonnant tant le site parait peu praticable, un chemin qui suit au plus près le torrent et qui circule tout au fond des gorges. On est bien sûr alors plus que tenté de descendre pour le rejoindre!
Un sentier creusé dans la roche
Un sentier permet d’y accéder après avoir admiré sur les hauteurs un replat qui permet au torrent de s’écouler plus tranquillement en formant quelques belles vasques. Puis nous arrivons sur le chemin du fond la gorge proprement dit.
Pour le moins étonnant, ce sentier a été construit au cœur de la roche, au moyen de tunnels et de passerelles, en 1905. Il permet de se promener, car la balade est plutôt simple même si il convient de ne pas glisser et de rester un peu vigilant sur les appuis, au cœur des gorges.
Dès l’entrée du chemin, le contraste de température est saisissant. Par cette chaude journée où le thermomètre atteint les 30 degrés, la fraîcheur des gorges, crée par l’ombre et surtout par la puissance du souffle de l’eau qui s’écoule en cascades furieuses, est plus que rafraîchissante. On aurait bien envie de ressortir la Gore Tex. L’humidité règne.
Mais l’on oublie vite cette sensation pour le plaisir des yeux et des sens: il est rare de pouvoir ainsi marcher dans un espace naturel a priori aussi peu hostile en toute quiétude!
Il faut certes rester vigilant sur les appuis, le sol très humide est glissant à certains endroits, mais de tunnels en passerelles protégées, on peut admirer la furie des eaux et la cascade de roches de tout près et sans aucun danger. Les points de vue imprenables se succèdent, le spectacle de la nature est total. Il m’a rarement été donné de me promener dans un tel déferlement des éléments.
La balade parcourt ainsi les gorges sur trois kilomètres environ. A la sortie, une cabane abritant un café peut accueillir le réconfort du randonneur, qui devra s’acquitter d’un droit de passage (4 €) qui ne semble pas exorbitant : ce sentier hors du commun demande sans doute un entretien constant.
Nous attendrons d’être redescendu totalement dans la vallée pour nous offrir une bière, puisque la randonnée se complète par quelques kilomètres à nouveau plus classiques, jusqu’à revenir au hameau de Grainau, puis reprendre les petites routes tranquilles qui mènent à Garmish, ses façades peintes bien typiques et ses Bier Stube où la bière blonde coule à flot! De quoi agréablement récupérer après une randonnée à la journée (nous avons marché six heures environ) qui cumule tout de même un bon dénivelé mais qui vaut vraiment l’effort consenti!
La randonnée de l’Höllentalklamm en bref :
Plusieurs circuits sont possibles. Le plus classique consiste en un aller-retour mais je vous conseille de faire le tour par le haut de la gorge, qui permet de découvrir d’abord l’aspect vertigineux des gorges avant d’y descendre!
Compter environ 5h de marche tranquille pour le parcours classique, plutôt six pour la boucle par le haut. Tout est bien fléché et indiqué. Environ 7 kilomètres pour la boucle classique, 9 par le haut des gorges, comptez entre 400 et 600 m de dénivelé positif.
Plus de renseignements :
https://www.grainau.de/en/leisure_and_activities/experience-nature/hoellentalklamm-gorge
http://www.alpenverein-gapa.de/index.php?id=91
