La poignée de main est franche et dynamique. « Bonjour, je suis Caroline, secrétaire générale et, je l’espère, future marathonienne ». Aux côtés de quinze collègues, elle a placé 2015 sous le signe de la course à pied. Le moteur de cette initiative ? Béchir, père de trois infatigables enfants, triathlète et marathonien, qui a l’habitude de se lever « à 4 heures du matin pour aller courir ». « Mon idée, c’était d’utiliser la course à pied comme un outil. Pour apprendre à se connaître ».
Ces hommes et ces femmes travaillent tous pour le Samusocial de Paris. Mais pas forcément dans les mêmes services. Ni avec le même niveau de responsabilités. Que leur spécialité soit l’écoute, la réservation hôtelière, l’informatique, les maraudes, ils ont répondu à l’appel de leur collègue et nouveau « coach ». Objectif : participer au semi-marathon ou au marathon de Paris (ils seront dix sur le semi, et six sur les 42.195 km). La direction, « en recherche d’événements pour fédérer l’interne », a rapidement adhéré au projet. D’autant qu’en réalité, outre le fait de travailler la cohésion, les objectifs sont bien plus vastes.
Le Samusocial de Paris, pour beaucoup, c’est un numéro de téléphone : le 115. Un numéro d’urgence fortement médiatisé en période hivernale, pour venir en aide aux personnes qui vivent dans la rue. Mais ce que le grand public s’imagine moins, c’est que le Samusocial de Paris, c’est un Groupement d’Intérêt Public (GIP) qui existe depuis vingt ans, emploie environ 500 personnes réparties sur une dizaine de sites à Paris et en petite couronne, et fonctionne grâce à des fonds publics et privés. Courir les deux plus grosses épreuves de course à pied parisiennes aux couleurs du Samusocial de Paris, c’est donc l’occasion de donner une visibilité à la structure et de « faire savoir qu’elle peut recevoir des dons ».
En l’occurrence, dans le cadre de leur opération running, ces collègues ont décidé de tenter de collecter un maximum de fonds pour financer un « séjour de rupture ». Une sorte de parenthèse offerte aux personnes isolées pour « rompre avec leur quotidien », le temps de quelques jours en dehors de Paris. « Quasiment tous les centres d’hébergement ont des projets de ce genre. Mais ils sont en attente de financement », explique-t-on. En 2014, un seul séjour a pu être mené à bien (pour un budget de 6 000 à 7 000€), soit 17 personnes prises en charge alors que la structure s’occupe de 1 600 personnes isolées par jour…
« C’est fédérateur comme projet, cela va nous permettre de nous voir différemment. Et puis, on se dit que ça vaut le coup, que c’est important de se mobiliser pour l’exemple », lance Roméo, qui travaille à la coordination des personnes isolées. « J’ai fait du triathlon quand j’étais junior, complète Jesus, de la plateforme familles. J’avais arrêté de courir pendant trois ou quatre ans. C’est l’occasion de reprendre et de courir pour une cause ».
Et Béchir de rappeler : « L’idée n’est pas de devenir des supers athlètes. La performance, c’est de récolter des fonds. Et de vivre une expérience positive et sympathique ». A les entendre taquiner gentiment Frédéric, qui assume pleinement son étiquette de « non sportif » après avoir lancé « Personnellement, la démarche est purement égoïste. C’est pour me remettre au sport », l’aventure semble plutôt bien partie…
Vous faire un don et soutenir leur action : le site du Samusocial de Paris