Djerba, Douz, Jbil, Ksar Ghilane, Douiret/Tatouine, Djerba. Une épreuve 100 % trail du 19 au 26 avril 2015 quelques semaines après l’attentat du musée Bardo. 1 500 coureurs ont participé a cette aventure qu’Azdine Ben Yacoub franco-tunisien tenait à maintenir malgré les tensions terroristes.
Lepape-info : Le Marathon des oasis est avant tout une aventure humaine qui s’écrit au quotidien. Quel bilan dressez-vous de l’édition d’avril 2015 ?
Azdine Ben Yacoub : Je suis dans l’incapacité de résumer ce que je ressens, c’est indescriptible. La course est un prétexte, l’objectif étant avant tout de faire découvrir le sud tunisien. Pour moi, le sport est le rapprochement entre mes deux « mers » patrie. Je suis Français et Tunisien. Je crois à l’échange, à l’ouverture d’esprit, à la culture. Nous avons gagné ! En cette période difficile en Europe et en Tunisie, il faut faire face à la montée du fondamentalisme, du racisme, de la xénophobie. Ces mots-là n’existent pas chez nous ! Ce n’est pas notre style de pensée et de vie. Chez nous, c’est la tolérance et la politique de la main tendue qui prédominent. Le dépassement de soi, la souffrance dans la solitude de l’immensité du désert, la convivialité… le Marathon des oasis représente tout ce que la Tunisie a d’extraordinaire et d’exceptionnel. Ce sont 3 000 ans d’histoire : romaine, vandale, byzantine, berbère, arabo-musulmane et plus récemment sicilienne, italienne, française… C’est une fierté pour nous ! Je suis heureux que la greffe prenne. Nous sommes dans l’échange, et le sport est un excellent vecteur de citoyenneté, d’échange et d’amitié.
Lepape-info : Au départ de l’aventure, c’était un défi. Avez-vous le sentiment de l’avoir relever ?
Azdine Ben Yacoub : Oui, c’était un défi. Nous avons gagné ! On a voulu défier l’intolérance, l’obscurantisme, le terrorisme. On ne les laissera pas diffuser une image de la Tunisie qui est fausse, contraire à ce qu’elle est véritablement. La vraie image de la Tunisie est celle que nous avons montré aux coureurs … Oui, c’était un défi ! Mais il est important de ne pas baisser les bras. En France, nous sommes sortis en brandissant un stylo après l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo. Nous, nous sortons en brandissant les valeurs du sport. Nous répondons à la violence par le sport, la joie et l’amitié entre les peuples. »
Lepape-info : Êtes-vous fier d’avoir maintenu cette épreuve de course à pied ?
Azdine Ben Yacoub : Cela aurait été facile d’annuler mais nous avons des convictions. Ce n’est pas aujourd’hui que la Tunisie va devenir terroriste ! Nous sommes fiers de voir ce pays se relever. Peu de gens ont misé sur notre entreprise, et je suis fier aujourd’hui qu’elle ait réussie ! Nous devions nous relever après la Révolution du jasmin. Aujourd’hui, nous sommes encore debout !
Lepape-info : Vous est-il arrivé un jour de penser « J’ai montré le chemin, je passe le relais » ?
Azdine Ben Yacoub : Non ! Je n’abandonnerai jamais. Je ne raisonne pas comme cela. Il n’y a ni début, ni fin à cette aventure. C’est juste une continuité dans l’histoire. Il y a eu des moments exceptionnels entre Français et Tunisiens, autour d’un feu de camp, d’un événement sportif. C’est cela que je souhaiterais qu’on retienne… (Inch’allah !) La vie est belle, la vie est longue, et je ne me suis jamais autant senti en pleine forme. Je suis passionné et je ne baisserai jamais les bras. En tout cas pas comme cela ! »
Propos recueillis par Jacques BLEUZE
Les résultats
Hommes
- Ahmed BARHOUMI (Tunisie)
- Thamer SHILI (Maroc)
- Elazem ABDELBASSET (Algérie)
Femmes
- Najet DOUSS (Tunisie)
- Stéphanie BATTIER (France)
- Eya FAZZENI (Tunisie)
Quelques photos