Pour rappel, en 2018, pour sa première tentative sur 24 heures, Erik Clavery remporte le titre national à Albi avec 254.264 km, assurément la course la plus dure de sa vie.
6 semaines avant, il bouclait l’UTMB à la 8ème place en 23h40, le même temps de course mais un ressenti bien différent.
Certes, le temps de récupération entre les 2 épreuves était trop court, mais sans revenir sur toutes les spécificités du 24 heures (décrites dans les articles précédents), il est aisé de comprendre que la monotonie physiologique et psychologique est l’ennemie numéro 1 du circadien. Ainsi, au-delà des aptitudes physiques nécessaires à la réalisation d’un effort de très longue durée, il faut disposer d’habiletés mentales hors du commun.
Fort de son titre, Erik se présente en 2019 au championnat du monde de la spécialité (toujours à Albi) avec l’objectif de dépasser le record de France (268 km). Ce sera chose faite avec 272.217 km et une quatrième place d’une course de très haut niveau.
Les 18 km de gagnés le sont sur les capacités physiques mais également sur la stratégie, notamment nutritionnelle, ce type d’épreuves nécessitant une solide expérience et beaucoup de patience et d’humilité. On n’improvise pas un 24 heures, on le prépare patiemment pendant de longs mois dans son corps et dans sa tête.
En 2020, la crise sanitaire a brouillé les cartes et les championnats d’Europe de la spécialité ont été annulés. Peu importe, Erik a mis à profit ce temps sans compétition pour réaliser un vieux rêve, la traversée des Pyrénées par le GR10, dont il bat le record avec 9 jours 9 heures et 12 minutes.
Après un long temps de récupération nécessaire, la préparation a repris le 1er novembre pour les championnats du monde de 24 h qui devaient se tenir en avril en Roumanie. Nous avions décrit cette première phase de préparation dans un précédent article.
Mondiaux reportés, une opportunité ?
Mais encore une fois, difficile d’organiser un championnat dans un contexte mondial incertain. Pour ne pas perdre les bénéfices d’une longue préparation, Erik a changé de casquette et prévoit d’organiser une épreuve à destination des athlètes listés, autorisés à courir. Cette course de 24 heures devrait se dérouler à Nantes les 1-2 mai 2021, sur piste, et une douzaine de concurrents pourraient y prendre part.
Mais revenons à l’entraînement. Toute phase de préparation a besoin de se conclure par une séance test. En 2019, en stage de l’équipe de France, les athlètes sélectionnés avaient réalisé une séance de 5h en conditions de course, avec ravitaillements réalisés par le staff. Erik avait parcouru près de 69 km, soit un peu mieux que l’allure cible des premières heures : 13.5 km/h.
Cette année, l’idée était d’aller un peu plus loin en réalisant 6 heures sur piste, avec changement de sens toutes les 90 minutes. Cette fois, l’objectif était de 14 km/h. Sur piste, le rendement est optimal et il n’y a pas de perte d’énergie dans les virages comme c’est le cas sur circuit.
2 marathons en 6 heures
Rappelez-vous ! Kilian Jornet avait réalisé la même séance en prévision de ses futures tentatives. 6 heures sur piste et 84.9 km, soit 14.15 km/h et 4’14-4’15/km. Et bien ce sera sensiblement la même chose pour Erik. Certes la montre affiche plus de 86 km mais le GPS n’aime pas la piste ! La réalité serait plus proche des 84 km. Pourquoi cette imprécision ? Tout simplement parce qu’Erik était seul sur la piste et qu’il est quasiment impossible de compter les tours sur ce type d’effort, plus de 210 ici !
La séance s’est courue à vitesse régulière malgré 3 arrêts toilettes et a permis de faire des réglages en termes de stratégie : gestion de l’allure, nutrition-hydratation, stratégies mentales… Le suivi physiologique d’Erik (notamment FC repos et Variabilité de la Fréquence Cardiaque) montre une excellente assimilation de la séance.
Bien entendu, ce type de travail n’est pas à reproduire si on ne possède pas une solide expérience en ultra endurance et une préparation adéquate. Si on met en parallèle la moyenne kilométrique hebdomadaire d’Erik (59 km en 2019) et ce type de séance, on remarque l’importance de la périodisation des charges de travail.
Dans le cadre d’un entraînement polarisé avec une part importante du croisé (50/50 en temps d’effort), cela semble parfaitement fonctionner pour Erik avec une amélioration de sa capacité de performance et une prévention des blessures dites de répétition. Ultra-endurer autrement !