La date de ce mercredi 5 octobre 2022 n’avait pas été choisie au hasard pour dévoiler le parcours du marathon des Jeux olympiques de Paris 2024.
Il y a exactement 233 ans, le 5 octobre 1789, débutait la marche des femmes depuis l’Hôtel de Ville de Paris vers Versailles pour interpeller le roi Louis XVI sur une disette de pain qui touchait alors la capitale. Ce mouvement à l’origine essentiellement féminin très rapidement suivi par des groupes armés puis 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale aboutira dès le lendemain au retour définitif et contraint dans la capitale du roi et de sa famille.
C’est en s’inspirant de ce moment fort de la Révolution Française que fut cette marche des femmes de l’Hôtel de Ville de Paris au château de Versailles en octobre 1789 que le parcours du marathon de Paris 2024 a été conçu en faisant également passer les athlètes par des endroits iconiques de la capitale.
Après un départ donné de la place de l’Hôtel de Ville, le marathon olympique 2024 prendra la direction de la Bourse avant de contourner par derrière l’Opéra Garnier, de rallier la place Vendôme puis d’emprunter la rue de Rivoli et de traverser le Louvre par la place du Carrousel au niveau de la pyramide.
Ensuite le tracé passera par les quais de Seine sous les ponts de la Concorde, de l’Alma avant de remonter sur le Trocadéro de l’autre côté de Tour Eiffel et de prolonger sa route jusqu’à la porte de Saint-Cloud. La traversée de Boulogne Billancourt dans les Hauts-de-Seine mènera les athlètes au pont de Sèvres.
Après la mairie de Sèvres, virage à droite direction Ville d’Avray avec la première montée (entre le 16ème et le 20ème kilomètre) pour rejoindre la forêt de Fausses Reposes et à Versailles le monument Pershing-Lafayette point haut du marathon à 183 m d’altitude.
Ensuite descente pour rejoindre au 23ème kilomètre le château de Versailles avant de tourner à gauche sur la longue avenue de Paris pour amorcer le retour par Viroflay et Chaville avec la redoutée côte du Pavé des Gardes qui se fera en 2 temps avec des passages à 13,5% avant de gérer juste après le 30ème kilomètre une nouvelle descente d’un kilomètre et demi avec des portions entre 10% et 13,5%.
Une fois toutes ces difficultés passées, les marathonien(ne)s retrouveront à Issy-les-Moulineaux les quais de Seine à partir du 32ème kilomètre, direction la Tour Eiffel passée au 38ème kilomètre avant un tracé final de 4 kilomètres pour une arrivée devant l’Hôtel des Invalides.
Ce marathon olympique qui offrira de belles images avec Paris et le château de Versailles à l’honneur sera un vrai défi pour les 80 athlètes hommes et 80 athlètes femmes de l’élite qui seront au départ.
Le champion olympique et la championne olympique ne le seront pas par hasard, c’est une certitude vu la difficulté du parcours.
Bien difficile de savoir à quel endroit la course se jouera, l’exigence du tracé unique dans l’histoire des Jeux olympiques avec un dénivelé positif de 438 m et un dénivelé négatif de 436 m devrait réserver des surprises.
Le marathon olympique hommes aura lieu le 10 août 2024, le départ est prévu à 8h du matin.
Le marathon olympique femmes aura lieu le 11 août 2024, le départ est prévu à 8h du matin.
Alain Blondel, sport manager de Paris 2024 pour l’athlétisme et le para athlétisme, revient sur les spécificités du parcours : « Cela va grimper très fort mais aussi descendre très fort avec notamment deux grosses montées et deux grosses descentes. Le profil technique sera extrêmement important, complexe et exigeant. Je pense que les deux athlètes hommes et femmes qui vont gagner vont rentrer dans la légende des Jeux olympiques. Les athlètes devront avoir des qualités musculaires différentes. Dans les montées la masse musculaire mise à contribution est importante mais c’est surtout sur la partie avant qui est concernée avec les quadriceps alors que sur les descentes ce sont les ischios qui vont être mis en grande difficulté. Il leur faudra gérer leur vitesse et savoir s’ils se laissent embarquer jusqu’à approcher les 30 km/h en descente avec une difficulté à contrôler cette vitesse maximale et en plus dans des passages compliqués sur marathon notamment autour du 30ème kilomètre. La tactique à mettre en place sera très complexe. La préparation sera un défi pour les athlètes qui vont devoir s’approprier le parcours et pour les entraîneurs qui vont devoir réfléchir à un plan de séances qui recrée la complexité du parcours. Les plus forts seront devant il ne devrait pas y avoir de surprise mais cela sera intéressant de voir sur les 15 premiers kilomètres les athlètes qui vont se tester, se regarder. Après quand les difficultés vont commencer on ne sait pas comment cela va se passer jusqu’à l’arrivée. La philosophie du parcours était la marche des femmes en 1789 qui fut un élément moteur constructeur de l’histoire de France. Avec les difficultés (montées / descentes) du parcours que nous avions à notre disposition en sortant de Paris on a essayé de pousser au maximum pour faire en sorte que ce marathon soit un élément moteur et marquant de l’histoire des Jeux olympiques à Paris. Le marathon féminin sera la dernière épreuve d’athlétisme, c’est aussi un marqueur important que l’on souhaitait avec le symbole historique de la marche des femmes qui a guidé au départ notre parcours et aussi le fait que les marathoniennes recevront leurs médailles lors de la cérémonie de clôture des Jeux. »
Eliud Kipchoge, double champion olympique en titre visera un 3ème titre historique, il est aussi détenteur du record du monde qu’il vient d’améliorer à Berlin en 2h01’09 : « Le Marathon de Paris 2024 aura forcément une saveur particulière. Performer dans un cadre aussi impressionnant, chargé d’Histoire et de symboles, c’est une expérience unique. Je ne pouvais espérer de plus belle course pour les Jeux.”
Yohan Durand : « Pour moi les compteurs seront remis à zéro le jour de la course, ce n’est pas parce qu’Eliud Kipchoge a fait 2h01 qu’il sera plus fort sur ce parcours qu’un athlète qui a couru en 2h10. C’est la première et peut-être la dernière fois que l’on fera un marathon aussi difficile. »
Le Français Yohan Durand notamment 15ème du marathon de Paris 2021 en 2h09’21 décrypte ce tracé atypique : « D’habitude nous avons à faire à des marathons plats, c’est tout le temps le même style de préparation, là il va falloir travailler différemment. Je pense que des athlètes qui ont des références de fous pourraient ne pas passer sur ce genre de parcours s’ils n’ont pas travaillé un peu de dénivelés. Quand je suis allé voir le parcours sur le terrain je me suis vraiment rendu compte de la difficulté du tracé, je ne pensais pas qu’en région parisienne tout près de Paris on pouvait avoir de telles côtes ! Cela fait un peu peur mais c’est un marathon de championnat, peu importe le chrono cela peut se gagner en 2h16, 2h18… ce n’est pas grave. Il y a 3 médailles à l’arrivée, le temps est anecdotique. J’ai été surpris en découvrant le parcours, on n’a jamais vu cela, certains vont aimer, d’autres non, cela va être assez clivant. Moi j’aime bien, cela change des marathons plus simples parfois même sur des boucles à répéter. L’avantage que nous avons en tant que Français c’est que nous allons pouvoir voir le parcours, le repérer, on va pouvoir s’entraîner dessus, c’est une plus-value par rapport aux autres athlètes. En 2023 nous allons devoir nous entraîner et participer à des marathons sur des parcours très plats pour faire les minima, aller chercher le meilleur chrono possible et être parmi les 3 meilleurs Français. Ensuite nous aurons 8-9 mois pour changer de stratégie, oublier le travail d’allure et peut-être plus se concentrer sur le travail de sensations, de cardio au lieu de courir à 3 minutes au kilomètre sur 42 km. Pour moi les compteurs seront remis à zéro le jour de la course, ce n’est pas parce qu’Eliud Kipchoge a fait 2h01 qu’il sera plus fort sur ce parcours qu’un athlète qui a couru en 2h10. C’est la première et peut-être la dernière fois que l’on fera un marathon aussi difficile. Aller à Versailles pour moi en tant que Français cela a du sens, ça sera dur mais ça sera chouette. »
Nicolas Navarro : « Sur les environ 18 km que j’ai reconnu ça ne fait que monter ou descendre. Les côtes sont de plus en plus courtes, mais aussi de plus en plus raides ! Il va vraiment falloir bien gérer la première partie de course, et surtout les premières montées sinon ca peut vite devenir un calvaire ! »
Nicolas Navarro, 12ème des Jeux de Tokyo l’an passé, 5ème des championnats d’Europe cet été et qui possède un record personnel en 2h08’30 est séduit par ce tracé difficile : « Le parcours me plaît beaucoup, j’adore le fait que cela ne soit pas tout plat, j’aime toute la partie accidentée avec les montées, descentes, c’est le type de terrain que j’affectionne, le chrono n’est pas primordial, cela se fait à la sensation, sur la forme du jour. Même si ce n’est pas la même distance cela me rappelle des courses comme Marseille-Cassis ou Marvejols-Mende que j’aime bien. Ce marathon sera ouvert, il y aura des surprises, il ne faudra pas s’emballer, ce sera intéressant de voir s’il est au départ comme un champion comme Eliud Kipchoge pourra s’adapter aux changements de rythme, si cela se trouve ce sera encore lui le meilleur. Le parcours atypique sera compliqué à préparer, il faudra trouver le bon compromis entre faire des côtes, des descentes mais ne pas en faire trop non plus car cela laisse beaucoup de traces et garder du rythme pour le plat. La préparation va nous demander beaucoup de travail à nous les athlètes mais aussi aux entraîneurs. Lorsque le parcours nous a été présenté la semaine dernière, le soir j’ai déjà fait une première fois en courant la partie difficile avec les montées et les descentes. Sur les environ 18 km que j’ai reconnu ça ne fait que monter ou descendre. Les côtes sont de plus en plus courtes, mais aussi de plus en plus raides ! Il va vraiment falloir bien gérer la première partie de course, et surtout les premières montées sinon ca peut vite devenir un calvaire ! J’ai vraiment adoré cette partie, ça va rendre la course encore plus ouverte et ce sera complètement différent d’un marathon plus classique. C’est un avantage pour nous les athlètes Français de pouvoir reconnaître le parcours. Refaire des séances sur ce tracé ce serait bien. Je suis super motivé à l’idée de réaliser les minima et d’être présent le jour J. »
Paula Radcliffe : « Cela va combler ceux qui savent courir un marathon mais aussi ceux qui savent gérer les côtes, les descentes. Ce parcours a quelque chose de magique, il valorise aussi l’un des points forts de Paris avec tous ses monuments et l’histoire de la France en même temps. »
La légende Britannique Paula Radcliffe, championne du monde de marathon 2005, détentrice du record du monde féminin du marathon en 2h15’25 entre 2003 et 2019 nous livre ses impressions d’experte : « C’est difficile mais super aussi en même temps, ce sera un marathon qui va tester les organismes bien sur avec les fameux et traditionnels 42 kilomètres mais aussi par la complexité du parcours. C’est cela le marathon, c’est ce qui nous inspire, ce qui nous motive. J’imagine qu’il y aura beaucoup de coureurs (élites ou amateurs) le jour de la course qui se diront oui je vais, je peux le faire. Cela va combler ceux qui savent courir un marathon mais aussi ceux qui savent gérer les côtes, les descentes. Ce parcours a quelque chose de magique, il valorise aussi l’un des points forts de Paris avec tous ses monuments et l’histoire de la France en même temps. Je pense que pour Eliud Kipchoge ce sera compliqué, il disputera ses 3ème Jeux olympiques, c’est de plus en difficile de défier le temps et les années qui passent. Jusqu’à présent il y arrive mais il s’approche des 40 ans et c’est de plus en plus difficile pour lui d’être en forme tout le temps. Déjà ce qu’il arrive à faire et ce qu’il tente est difficile mais là avec le parcours cela va être encore un peu plus compliqué. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas le faire, c’est tout de même Eliud Kipchoge !
Pour notre expert marathon Jean-Claude Vollmer notamment entraîneur du recordman de France Morhad Amdouni, le parcours est surprenant : « L’aspect historique recherché va bien sur marquer les athlètes étrangers avec notamment le château de Versailles. Ce marathon sera aussi historique sur le plan de la difficulté, c’est du jamais vu. Enchaîner 4,5 km de montée, un faux-plat descendant, une nouvelle montée en deux temps avec une pente raide puis encore une descente de 2,5 km dangereuse, c’est un parcours hallucinant. Ce n’est pas un marathon classique, la préparation sera totalement différente. Celui et celle qui gagneront ce marathon seront des géant(e)s. Les Français pourront se rendre sur le parcours, s’entraîner sur des portions isolées mais les étrangers cela va leur faire drôle. Je ne suis pas sur qu’Eliud Kipchoge va particulièrement apprécier, je ne le vois pas gagner son 3ème titre olympique historique sur ce parcours. Cela va peut-être ouvrir des perspectives à des athlètes que l’on n’attend pas avec des qualités requises, forts musculairement. Il n’y aura aucun record, ce qui compte aux Jeux c’est la place.
En 2024 la mythique épreuve des Jeux sera pour la première fois ouverte à la participation du public à l’occasion du Marathon pour Tous Paris 2024.
2 courses seront au choix :
- Le marathon sur le même parcours que les athlètes élites pour 20 024 personnes
- Un 10 km sur un parcours dans Paris entre l’Hôtel de Ville et les Invalides pour 20 024 personnes
3 portes d’entrée pour tenter d’obtenir son dossard :
- Le Club Paris 2024 (s’inscrire sur le site club.paris2024.org)
- L’application Marathon pour Tous
- La Team Orange Running (informations sur le compte instagram @teamorangerunning)
Environ 3 000 dossards ont déjà été attribués, il reste donc encore beaucoup de places et de possibilités d’obtenir un dossard lors des différents challenges sportifs qui vont être organisés à travers toute la France.
Tous les dossards seront distribués au plus tard début 2024, pour permettre aux heureux élus de mettre à profit les mois restants pour se préparer aux courses du Marathon Pour Tous.
2 réactions à cet article
ED
Parcours difficile??? je ne sais trop que penser des réflexions de certains qui se sont exprimer en fait, il ne s’agit que de dénivelé positif de 438 m et un dénivelé négatif de 436 m. Il ne faut pas en rajouter quand même sinon l’élite du trail va mourir de rires en prenant connaissance des commentaires de certains… L’élite a 2 ans pour se préparer, ce n’est pas si mal et ce n’est pas une course de trail.
ED
désolé j’ai fait une erreur, j’aurais du écrire exprimés et non exprimer..,