Nellie Jeannin, jeune maman et « photo runneuse »

Elle aime découvrir et photographier les villes en courant, de préférence au petit matin alors que beaucoup sont encore sous leur couette. Moins d’un an après être devenue maman, Nellie Jeannin courra le marathon de New York 2014.

Nellie Jeannin Paris Inn Group

On l’imagine déjà, au milieu de la foule, les écouteurs vissés sur les oreilles, le nez en l’air, à l’affût du moindre détail architectural qui attirerait son regard. Nellie Jeannin se définit comme une « curieuse », une « grande rêveuse ». Elle est de ces coureurs qui ne gardent pas les yeux rivés sur leurs chaussures pendant l’effort. Lyonnaise d’origine, installée dans la capitale depuis dix ans, celle qui a fait des études d’histoire de l’art et de management culturel, explique : « J’ai visité Paris en prenant des photos avec mon téléphone pendant que je courais. C’est une bonne excuse pour reprendre son souffle ! Mais c’est surtout une vraie motivation pour moi. De détour en détour, je finis par courir une heure sans m’en rendre compte. Je suis incapable de courir en faisant des tours de parc, j’ai l’impression d’être dans un aquarium, je m’ennuie. J’ai besoin de m’évader dans ma tête ».

Elle fait partie des quelques 50 000 chanceux inscrits pour courir le marathon de New York, le 2 novembre 2014. Mais ce jour-là, pas sûr qu’elle s’accorde beaucoup de pauses photos sur le long chemin vers Central Park. Elle aura tout juste fêté ses 32 ans, son fils n’aura pas encore soufflé sa première bougie, et elle tentera pour la première fois de boucler 42,195 kilomètres. Dix mois et demi seulement après avoir donné naissance à son petit Noé : un sacré défi… né d’une belle opportunité.

Salariée depuis quatre ans au sein de la société de gestion hôtelière Paris Inn Group dont elle est responsable communication, Nellie Jeannin se souvient du mail de son patron reçu durant l’été 2013. Jean-Bernard Falco (voir son portrait) proposait à ses collaborateurs et partenaires de les emmener courir le marathon de New York (plus d’informations ici). « J’étais en vacances à ce moment-là. Ça ne m’a pas étonnée de sa part. Mais je me suis dit : « c’est trop dommage ! Pourquoi ça tombe l’année de ma grossesse ? » Je pensais que c’était pour 2013 ». Après relecture, la déception s’est vite transformée en excitation : la proposition était bien pour 2014. Celle qui s’était dit « Un jour, je courrai un marathon », n’a pas hésité une seconde et s’est promis de mettre les bouchées doubles après l’accouchement pour rattraper son retard à l’entraînement.

Retour rapide des sensations

Elle avait arrêté de courir pendant un an, et a donc rechaussé ses runnings deux mois et demi seulement après être devenue maman. « J’étais pressée de recourir, je ne savais pas si j’en serais capable. Je savais que cela reposait beaucoup sur le mental, sur une habitude que j’avais perdue. Je me demandais si je retrouverais le plaisir. Et si j’aurais la force de dégager du temps dans ma nouvelle vie de maman. J’ai repris sagement, après les séances de rééducation périnéale, par des sessions de 15 à 20 minutes et je trouvais ça difficile. Au niveau du souffle, et aussi du périnée. Il me tardait de rentrer à la maison. Mais je suis rapidement arrivée à tenir 50 minutes, 1 heure ». Et les sensations sont revenues : « Au bout de trois à quatre séances maximum, j’ai retrouvé du plaisir. J’avais aussi quelques kilos à perdre, c’était une motivation supplémentaire. Et puis j’ai redécouvert la bonne fatigue. C’était quelque chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Quand on est en congé maternité, on est fatiguée. Mais là, c’était de la fatigue purement musculaire. Ca fait du bien ».

Au lycée pourtant, elle « détestait l’EPS » qui lui donnait « une boule au ventre », et se faisait « porter pâle pour les cross ». Mais hasard de la vie, c’est justement son entrée chez Paris Inn Group qui a changé son rapport avec la course à pied. Un travail « très prenant » et une question : « comment parvenir à faire du sport ? », l’ont vite amenée à acheter sa première paire de runnings. « J’ai vraiment pris goût à la course en photographiant. J’habitais dans le 7ème arrondissement, c’était donc très central, et je me suis régalée. Très vite, c’est devenu addictif, certaines semaines j’y allais tous les matins. C’était mon petit secret. J’arrivais au bureau à 9h30, ultra en forme ».

« Je m’imagine dans Central Park, sur le pont de Verrazano (…) Mon imaginaire fonctionne à fond ! »

Quatre ans plus tard, la jeune maman ne s’accorde plus de sorties matinales en semaine. Mais elle sent « l’énergie et l’excitation de la course au bureau » et profite des séances collectives certains soirs avec d’autres membres de l’entreprise, pendant que son conjoint se charge de récupérer leur fils chez la nounou. « Il me soutient complètement depuis le début. Cela dit, quand je rentre, Noé est endormi. Je lui vole des bisous, mais j’ai un petit pincement. La première fois que j’ai couru le soir, j’avais l’impression qu’il m’en voulait le lendemain. Ça, c’est la maman qui culpabilise », sourit-elle. Avant de préciser : « Je ne sais pas s’il a compris, mais je lui ai expliqué que ça faisait du bien à tout le monde ».

Jusque-là, Nellie courait sans regarder le chrono – « ça me perturbe, je n’arrive pas à regarder ma montre en courant » -, à allure fixe – 10 kilomètres/heure – et n’avait « jamais fait d’accélération ou de fractionnés ». Sa première séance de VMA avec le groupe Paris Inn, lui a rappelé « les mauvais souvenirs du lycée. Je ne voyais pas le tour de stade se terminer. Mais je me suis accrochée. J’ai réussi à courir 40 minutes sans m’arrêter. Tout en faisant des accélérations un peu plus light. Pour une reprise, c’était honorable ! ». La jeune maman se dit même « épatée » de sa capacité d’accélération qu’elle ne soupçonnait pas et confie : « Je me trouve super en forme, je me vois progresser ». La preuve : en mai, elle a bouclé les 20 km vallonnés de Paris Saint-Germain la course en 2h00mn23s (voir les résultats).

Mieux, elle se projette : « Je m’imagine dans Central Park, sur le pont de Verrazano. Avec Baptiste (son conjoint, ndlr), on a été à New York en 2010. C’était début novembre, et on a vécu le final du marathon. J’ai donc vu les gens avec leurs couvertures de survie, ceux qui avaient des crampes au 41ème km… Mon imaginaire fonctionne à fond ! ».

Cette aventure, elle la vivra avec ses collègues, mais à distance de sa petite famille qui restera à Paris. En revanche, elle envisage déjà de courir plus tard le marathon d’Istanbul, où réside une très bonne amie à elle. Après New York, elle s’imagine aussi reprendre un rythme plus cool d’entraînement, une fois par semaine. En se régalant de ses séances matinales du week-end, lorsque son homme « gère le premier biberon » et qu’elle peut « revenir avec les croissants ». Ou lorsque, en vacances ou déplacement, cette « touriste urbaine » qui « arpente les musées de fond en comble » et « s’ennuie sur une serviette de plage », part aux aurores « visiter la ville en courant ». « C’est super, tu rentres et tu dis à ton mari : « viens, j’ai vu ça, ça, ça, il faut que je te montre ! », sourit-elle. Le seul souci, c’est que parfois, on n’a plus la notion des distances ». On ne peut pas tout avoir.

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