Les dîners entre amis ne sont plus tout à fait les mêmes. « Mardi soir dernier, on avait invité des amis. Je suis rentrée de mon entraînement, j’ai pris une douche, et devinez de quoi on a parlé ? », sourit Nathalie avant de rapporter la question inaugurale de la soirée : « Alors… tu as couru combien de temps ? ». A 49 ans, cette directrice de deux hôtels quatre étoiles à Paris (le Best Western Premier Opéra Opal et le Best Wester, Premier Opéra Diamond) , prépare le marathon de New York 2014 et s’est plongée dans ce défi avec l’énergie qui la caractérise. Même si les repas entre copains ne sont pas toujours adaptés à un rythme de sportif. « De la biche en sauce, du gâteau au chocolat, ça n’était pas le repas idéal pour une veille de course », sourit Christian, son mari. Et pourtant, ce dimanche 17 novembre 2013, sa championne de femme vient de boucler le semi-marathon de Boulogne-Billancourt. 2h50 d’effort pour sa première expérience sur cette distance.
Il n’est pas si loin, le temps où Nathalie n’avait même aucune paire de runnings à la maison. Du tennis assez régulièrement, un peu d’aquabiking, de la souplesse gardée de ses années de gymnastique, et des journées à « monter et descendre les escaliers plutôt qu’à prendre l’ascenseur », mais pas de course à pied. « Je n’avais jamais couru, et n’en avais pas envie. Ça ne m’a jamais fait rêver ».
Jusqu’à ce qu’elle reçoive, au mois de juillet, le mail de Jean-Bernard Falco, président de la société Paris Inn Group pour laquelle elle travaille. Un mail inattendu proposant à qui voulait bien le suivre, de se préparer pour courir les 42.195 km les plus prestigieux du monde, le 2 novembre 2014. « Je suis restée longuement sur ce mail. J’ai trouvé super cette idée d’emmener des gens courir un marathon. J’ai laissé passer un peu de temps. Et puis, un soir, je l’ai relu. Je me suis dit que pour mes 50 ans, ce pouvait être un beau challenge ».
Pour celle qui parle de son métier avec la passion d’une débutante, près de 30 ans après ses débuts dans l’hôtellerie en tant que réceptionniste, pas question de faire les choses à moitié. « J’ai pris le temps de réfléchir, car pour moi, si je mettais un pied dedans, ce n’était pas pour abandonner ». Même après ses trois premiers footings d’une demi-heure en solo, durant les vacances d’été. « Je n’ai pas aimé du tout. Alors, c’est vrai que j’ai eu un doute. Je suis arrivée à la première séance collective, début septembre, assez dubitative ». Parmi ses défis : éviter de trop gamberger sur son âge – « je me retrouve avec des jeunes ! »– , et son inexpérience – « Je suis souvent la dernière du groupe ».
Un mois plus tard, elle se retrouvait embarquée au cœur d’un premier peloton. Et pas des moindres : les 20 km de Paris (voir notre reportage vidéo). Cadeau du patron pour toute l’équipe. Pour ce premier dossard, elle avoue avoir été surprise par une ambiance « pas si conviviale » qu’elle l’imaginait, et plaisante : « Je me suis bien calée sur la file de droite, celle des véhicules lents, et j’ai fini ». 2h48. C’était le 13 octobre. Cinq semaines, donc, avant ce semi de Boulogne-Billancourt bouclé en 2h50. Bilan : déjà une belle progression.
Depuis deux mois, elle s’astreint à ses deux séances d’entraînement par semaine. Le mardi avec ses collègues. « Et quand je rentre, la cuisine est prête je n’ai plus qu’à mettre les pieds sous la table ». Et le week-end, près de chez elle dans le Bois de Vincennes, parfois accompagnée à vélo par son mari. Elle a perdu quelques kilos – « je le sens dans mes pantalons »–, renforcé ses cuisses, et suscité la fierté, et parfois l’envie, de son entourage. « Une collègue m’a dit que qu’en voyant que j’avais terminé les 20 km de Paris, elle s’était dit qu’elle pourrait aussi le faire. Mais elle n’a pas les mêmes contraintes que moi, avec des enfants en bas âge ».
Pour Nathalie, qui confie « avoir toujours 20 ans » dans sa tête « sans que le physique suive toujours », la route vers New York est encore longue. Mais la dynamique est en marche. En août dernier, pour son dernier anniversaire, elle a notamment eu un cardiofréquencemètre. Pour Noël, elle aura besoin, avec un peu d’avance, d’une nouvelle paire de runnings (elle vient de percer les siennes). Et pour ses 50 ans l’an prochain, devenir marathonienne sous les yeux de son mari et de ses collègues, serait une belle récompense.