Morhad Amdouni : « Cette performance prouve que nous sommes des humains, malgré les obstacles on peut y arriver. »

Morhad Amdouni a une nouvelle fois marqué les esprits en terminant 2e du marathon de Séville (Espagne) en 2h03'47. Il pulvérise son précédent record de France (2h05'22) à seulement 11 secondes du record d'Europe du Belge Bashir Abdi (2h03'36 à Rotterdam en 2021).
Une remarquable performance pour Morhad Amdouni en route pour les Jeux olympiques de Paris. Entretien.

Nouveau record de France du marathon en 2h03'47 pour Morhad Amdouni à Séville (Espagne)

Lepape-info : Morhad, racontez-nous cette matinée de folie à Séville

Morhad Amdouni : Les conditions météo était très bonnes, le parcours également agréable même si pour moi ce n’était pas si simple sur la fin. Je suis content malgré quelques erreurs, il va falloir travailler au niveau du ravitaillement, c’est dommage je pense que j’avais le record d’Europe dans les jambes, cela s’est joué à une dizaine de secondes. J’avais surtout en tête la qualification pour les Jeux de Paris.

Lepape-info : Vous avez bien réagi lorsque vous avez décidé de revenir sur l’Ethiopien Deresa Geleta qui était seul en tête à l’approche du 30e kilomètre

M.A : Oui je sentais que je pouvais le faire, je suis parti. J’ai manqué la victoire de peu, j’étais venu à Séville pour gagner, je dois encore travailler pour remporter un marathon. Je termine 3e à Paris en 2022 (avec record de France en 2h05’22), aujourd’hui je finis 2e à Séville, j’espère que la prochaine ce sera pour la victoire.

Lepape-info : C’est phénoménal, vous terminez à 11 secondes du record d’Europe

M.A : Je connais mon potentiel, je sais de quoi je suis capable, je savoure le moment présent et je vais continuer à travailler pour chercher encore mieux, pourquoi pas moins de 2h03.

Lepape-info : Quelle réaction après la déception de Valence en décembre malgré votre place de 4e Français en 2h06’55

M.A : C’est une leçon de vie, rien n’est acquis. Il y a eu des moments difficiles, je suis tombé malade (grippe) une semaine avant le marathon de Valence en décembre dernier. Je devais faire mes preuves malgré une dernière année compliquée avec des blessures à gérer. Cette performance prouve que nous sommes des humains, malgré les obstacles on peut y arriver. À partir du moment où vous êtes passionné avec de l’envie, le plus important est de pouvoir continuer à avancer. Mon caractère me permet de passer au-dessus de tout cela. Je fais preuve d’humilité, le plus important est de monter de quoi on est capable.

Lepape-info : Cap sur les Jeux olympiques de Paris à présent ?

M.A : Je pense aborder le moment sans me mettre de pression, il faut accepter d’être challengé. Après le marathon de Valence, mon rêve de faire les Jeux à Paris s’était éloigné. Nous avons décidé avec mon entraîneur Jean-Claude Vollmer de se relancer. Il ne faut pas douter de soi.

Morhad Amdouni avec son entraîneur Jean-Claude Vollmer après l’arrivée du marathon de Séville

Notre expert LEPAPE, Jean-Claude Vollmer, entraîneur de Morhad Amdouni, croyait à un nouveau record de France du marathon de la part de son élève :

« Je savais qu’il serait beaucoup mieux qu’à Valence, je ne suis pas surpris. Il peut même faire mieux, tout n’a pas été parfait, la température était bonne mais au bout de 2h de course il faisait quand même 14-15 degrés ce qui était déjà pas mal. Il a encore loupé quelques ravitaillements, il n’est pas concentré, il oublie la table sur laquelle il doit prendre sa bouteille. Il y a encore du temps à gratter, il tient jusqu’au 38e kilomètre, avant c’était au 32e, après au 35e… on va bien finir par en faire un marathonien l’un de ces jours (rires). Il a un peu de regret d’avoir loupé le record d’Europe de si peu. Je ne sais pas s’il y pensait, je ne suis pas sur qu’il pensait que c’était faisable. Il reste des étapes à franchir mais maintenant on peut se projeter sur les Jeux de Paris, c’est plutôt sympa. Il faut qu’il récupère, on n’a pas du tout discuté du programme, il va se préparer pour les Europe de semi-marathon ensuite on va repartir en stage, il y a encore du boulot mais d’abord il faut récupérer. Ce fut une épreuve mentale, il a encore montré de quoi il était capable après la claque prise à Valence alors que les autres avaient été bons et lui pas mauvais. Il a remis les pendules à l’heure, il s’est un peu vengé des humiliations qu’il a supporté, il en a pris plein la tête quand même. Sur la fin du marathon, je n’ai pas eu peur, je l’avais vu au 36e kilomètre, malgré la fatigue il n’a pas concédé beaucoup de temps, 15 secondes pas beaucoup plus, il a bien contrôlé, il manque un peu d’énergie mais je l’ai trouvé bien dans la fatigue. Il connait bien son corps, mentalement il sait se faire mal quand il faut. Maintenant pour les Jeux il ne faut rien s’interdire. »

Ce marathon de Séville restera historique pour la discipline coté Français puisque dans la même course, une vingtaine de minutes plus tard, Méline Rollin s’est adjugée en 2h24’12 le record de France féminin détenu depuis 14 ans par Christelle Daunay (2h24’22 à Paris en 2010). 2 records de France dans un même marathon, un carton plein inédit.

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