Mélody Julien : « La famille, les amis et le club pourront venir, nous serons encouragés de partout, cela peut me donner des ailes. »

19e du marathon de Valence (Espagne) en décembre dernier en 2h25'01, la Tarnaise Mélody Julien sera l'une des 3 Françaises en lice sur le marathon des Jeux olympiques de Paris 2024.
Récemment en stage à Saint-Jean-de-Monts (Vendée) avec une partie de l'équipe de France, Mélody Julien accompagnée de son entraîneur Max Lesauvage nous livre ses impressions, ses attentes avant ce grand rendez-vous qui l'attend le 11 août prochain. Entretien.

Mélody Julien à l'entraînement à Saint-Jean-de-Monts (Vendée) - Crédit photo : Lahcen Sahli

Lepape-info : Mélody, dans quel état esprit êtes-vous à deux mois du marathon olympique ?

Mélody Julien : Pour l’instant ça va mais plus l’échéance va approcher et plus il y aura du stress. Ce sera ma première expérience olympique, je suis jeune sur la discipline du marathon, le parcours est difficile mais je m’entraîne dur tous les jours pour être au top le 11 août.

Lepape-info : Vous avez reconnu le parcours, comment cela s’est passé ?

M.J : On a couru en reconnaissance sur le parcours du 14e au 32e km.

J’aime bien quand cela monte et cela descend, j’ai pris du plaisir dans les descentes, j’ai déjà participé à la course Marvejols-Mende qui est vallonée, j’ai déjà fait des courses avec du dénivelé. Je sais un peu à quoi m’attendre même si ce sera un marathon, ce n’est pas un semi mais on s’entraîne bien avec mon coach Max (Lesauvage).

Mélody Julien : « Chez moi il y a pas mal de parcours vallonnés, j’ai honoré ma première sélection en équipe de France lors d’un championnat en course de montagne, j’ai des qualités pour ce type de terrain. »

Lepape-info : Quel est le programme qui vous attend d’ici le 11 août ?

M.J : Il y’a tout d’abord les championnats d’Europe à Rome (Italie) avec le semi-marathon (ce dimanche) ensuite je pars en stage à Font-Romeu et je pense aussi retourner sur le parcours olympique pour s’entraîner. À Rome je vais voir où je me situe au niveau européen parce que je n’ai pas trop de repères, c’est bien de faire un semi dans la préparation marathon. J’aimerai bien battre mon record (1h11’42 à Séville en 2023), je pense que je vaux moins, je suis en bonne forme, l’autre objectif sera d’aller chercher un podium par équipes. Ma victoire aux championnats de France de 10 000 m à Pacé (Ille-et-Vilaine) m’a rassuré et depuis j’ai fait de très bonnes séances avec de meilleurs chronos qu’avant.

Lepape-info : Le redoutable parcours du marathon olympique laisse la place à de potentielles surprises

M.J : On verra le jour J au niveau des sensations. Comme le parcours est difficile, il ne faudra pas partir trop vite et j’aviserai en fonction des consignes de mon entraîneur juste avant la course. Chez moi il y a pas mal de parcours vallonnés, j’ai honoré ma première sélection en équipe de France lors d’un championnat en course de montagne, j’ai des qualités pour ce type de terrain.

Lepape-info : Que représentent les Jeux olympiques pour vous ?

M.J : Les Jeux, c’est le rêve de tout athlète et y participer c’est génial d’autant que ce sera en France. La famille, les amis et le club pourront venir, nous serons encouragés de partout, cela peut me donner des ailes. Comme cela sera une première expérience, il y aura moins de pression. Enfin le fait d’avoir vu le parcours avant sera je pense un avantage.

Mélody Julien avec son entraîneur Max Lesauvage – Crédit photo : Lahcen Sahli

Max Lesauvage, l’entraîneur de Mélody Julien nous livre son ressenti à 2 mois de l’échéance olympique

Lepape-info : Max, quel regard portez-vous sur la préparation de Mélody ?

Max Lesauvage : Pour l’instant cela se passe très très bien, je suis très optimiste, avec la difficulté du parcours tout se nivelle, je pense qu’on peut fait un gros coup, c’est valable pour toute l’équipe de France de marathon. Avec sa victoire à Pacé lors du championnat de France du 10 000 m elle est revenue à un très bon niveau, Mélody court de plus en plus vite à l’entraînement, elle est au-dessus de son niveau à l’époque où elle a réussi les minima olympiques. Elle n’est pas encore à 100% elle va encore progresser d’ici le marathon olympique.

Max Lesauvage : « Un rôle d’entraîneur mais aussi un peu protecteur en essayant de faire attention à tous les détails comme l’alimentation, les sollicitations médiatiques. Il faut veiller à ce que Mélody ne se disperse pas. »

Lepape-info : Le semi-marathon des Championnats d’Europe à Rome sera un bon test

M.L : Nous sommes sur une préparation marathon mais il devrait y avoir un bon chrono sur le semi de Rome, la date est idéale à deux mois du marathon olympique. Mélody me surprend de plus en plus, elle monte vite, elle descend vite, elle court vite, il me tarde de la voir en compétition. Rome sera un très bon test on a rien à perdre mais tout à gagner.

Lepape-info : Quel sera votre rôle d’ici le marathon des Jeux ?

M.L : Un rôle d’entraîneur mais aussi un peu protecteur en essayant de faire attention à tous les détails comme l’alimentation, les sollicitations médiatiques. Il faut veiller à ce que Mélody ne se disperse pas, les 15 derniers jours seront les plus compliqués la préparation sera faite, j’appréhende la dernière ligne droite avec les médias à gérer pour elle, le village olympique et peut-être le bruit à deux jours de la course, nous serons à la fin des Jeux j’ai peur que les autres athlètes se lâchent un peu dans le village. C’est la seule athlète que j’entraîne mais souvent je dois la freiner.

Max Lesauvage : « À travers Mélody je vis un rêve, en l’amenant aux Jeux je vis un peu mon rêve de sportif que je n’ai pas pu avoir parce que je ne faisais pas la bonne discipline. »

Lepape-info : Le programme est bien établi d’ici les Jeux

M.L : Oui après le semi de Rome on fera peut-être un petit test sur le 10 km de Langueux pour que Mélody se jauge auprès de quelques coureuses Kenyanes et ensuite direction Font-Romeu pour un stage de 6 semaines. Il faudra faire attention, on a peur de la blessure, d’en faire trop, comme elle est en forme elle a envie d’en faire plus mais de temps en temps il faut calmer les ardeurs. Tout est dans le dosage comme le jour de la course, les montées, les descentes, les relances sur le plat, il faudra bien gérer les allures.

Lepape-info : Qu’est ce que cela représente pour vous de permettre à Mélody d’aller aux Jeux ?

M.L : C’est un plaisir égoïste, plus jeune j’ai fait une discipline non-olympique : le sauvetage sportif. J’ai été international, vice-champion du monde, entraîneur, sélectionneur des équipes de France mais cette discipline n’existe pas aux Jeux olympiques. À travers Mélody je vis un rêve, en l’amenant aux Jeux je vis un peu mon rêve de sportif que je n’ai pas pu avoir parce que je ne faisais pas la bonne discipline. Le jour de la course je serai stressé comme d’habitude.

Lepape-info : A quoi ressemblerait le marathon olympique de rêve pour Mélody ? Une médaille ?

M.L : On va dire oui bien sur (rires) mais déjà la meilleure place possible, Mélody n’a rien à perdre, ce sont ses premiers Jeux elle n’a pas de pression particulière, elle n’est pas attendue. J’attendrai avec impatience la dernière descente de la côte du Pavé des Gardes. Elle arrivera sur son point fort la descente et l’attaque du plat avant l’arrivée. Si elle est bien placée à ce moment-là, cela peut faire quelque chose d’intéressant au final.

Réagissez