Marten Van Riel : « Avant la course Vincent Luis et Jelle Gens m’avaient dit en plaisantant : N’oublie pas de modifier ton Wikipedia si tu bats le record du monde ! »

Superbe rentrée de Marten Van Riel vainqueur de l'Ironman 70.3 de Dubaï (Emirats Arabes Unis) en 3h26’06, 2ème performance mondiale de tous les temps.
4ème des Jeux de Tokyo sur la distance olympique et vice-champion du monde l'an passé, le triathlète Belge s'offre à 29 ans sa 2ème victoire sur ce format (1,9 km de natation, 90 km à vélo, 21 km à pied) après son succès en 2019 à Xiamen (Chine).
Marten Van Riel qui a récemment changé de groupe d'entraînement lance sa saison de la plus belle des façons. Entretien.

Marten Van Riel vainqueur de l'Ironman 70.3 de Dubaï

Lepape-info : Marten, quel exploit en ce début de saison ! 

Marten Van Riel : Je suis ravi car l’hiver fut long. Au début du mois d’octobre, je me suis blessé au coude, j’ai arrêté ma saison plus tôt que prévu. J’ai pris également une grande décision en changeant d’entraîneur. J’étais un peu plus nerveux que d’habitude, je me demandais où j’en étais avec ce changement et la blessure. Par contre je venais de terminer une grosse préparation peut-être la plus importante jamais réalisée dans ma carrière, tout s’était très bien passé, j’étais quand même assez confiant. Tous ces sentiments variés se mélangeaient dans ma tête avant la course. Mais une fois que j’ai pris le départ je me suis senti vraiment bien du début à la fin.

 

Marten Van Riel : « J’ai trouvé un nouveau coach Belge, Glenn Poleunis avec le groupe PTC Coaching. Son approche est un peu plus individualisée et scientifique, c’est ce dont j’ai besoin maintenant pour la suite de ma carrière, pour les prochaines années jusqu’aux Jeux olympiques 2024 à Paris. »

 

Lepape-info : Comment vous êtes vous blessé en fin de saison dernière ? 

Marten Van Riel : Un accident stupide (rires) avec mon vélo mais pas à l’entraînement. J’étais parti faire des courses, au moment de rentrer mon sac a touché l’une de mes roues et je suis tombé. J’avais encore mal au coude il y a 2 mois après cette lésion mais maintenant cela va mieux. J’ai arrêté de nager pendant 5 ou 6 semaines par contre j’ai pu continuer à rouler et à courir en augmentant le volume en vélo et course à pied.

 

Lepape-info : Votre changement d’entraîneur était prévu ? 

Marten Van Riel : Oui et non, après les Jeux olympiques de Tokyo je voulais avoir une approche différente car le cycle olympique que je viens de commencer sera mon dernier sur les distances courtes. Je suis resté pendant 7 ans dans le groupe de Joël Fillol (avec Vincent Luis, Mario Mola, Jelle Gens etc…), mes résultats étaient très bons l’an passé (4ème aux JO, vice-champion du monde) mais je pense que de changer après autant d’années ce n’est pas une mauvaise chose. J’ai trouvé un nouveau coach Belge, Glenn Poleunis avec le groupe PTC Coaching. Je le connais depuis 2-3 ans, il m’avait aidé au début de la pandémie de coronavirus pour m’entraîner alors que nous étions confinés, j’étais aussi avec son groupe à Font-Romeu lors de l’été 2020. Son approche est un peu plus individualisée et scientifique, c’est ce dont j’ai besoin maintenant pour la suite de ma carrière, pour les prochaines années jusqu’aux Jeux olympiques 2024 à Paris. Dans le groupe de Joël, le niveau est très élevé avec des partenaires très forts, cela m’a permis d’avoir ce niveau mais j’avais besoin d’une approche plus personnalisée, d’un changement de décor pour continuer à être au mieux de ma forme.

 

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Marten Van Riel vainqueur de l’Ironman 70.3 de Dubaï

 

Lepape-info : Le groupe dans lequel vous êtes est moins relevé 

Marten Van Riel : Oui le niveau est moins relevé, il y a 10 ou 15 athlètes essentiellement des Belges plus jeunes que moi qui ont le niveau Coupe d’Europe, 1 ou 2 Espagnols. Parmi les Belges le junior Jarne Ameye est très bon, c’est bien de s’entraîner avec lui. En course à pied et en natation il y a d’autres bons partenaires, c’est différent ils sont étudiants. Je suis basé à Gérone (Espagne) et eux sont plutôt en Belgique et viennent ici pour des stages de préparation. Mais je suis resté en lien avec Vincent Luis, Jelle Gens et d’autres. Glenn Poleunis installé à Gérone mais qui fait des aller-retours avec la Belgique espère étoffer le groupe avec de nouveaux athlètes de très haut niveau.

 

Lepape-info : Vous vous attendiez à une telle performance à Dubaï ? 

Marten Van Riel : Pas vraiment mais je savais que le parcours était rapide avec de bonnes conditions et ce fut le cas le temps était parfait. Avant la course, Vincent Luis et Jelle Gens m’avaient dit en plaisantant : N’oublie pas de modifier ton Wikipedia si tu bats le record du monde ! (rires). Je savais qu’une belle performance était possible mais je me suis dit en arrivant que cela serait quand même difficile en raison de la chaleur. Nous arrivions d’Europe où c’est encore l’hiver avec des températures fraîches parfois encore froides. Ce fut plus difficile notamment pour les autres membres de mon groupe qui ont terminé après moi avec des températures à plus de 30°C, pour moi cela devait être à 26-27°C

 

Lepape-info : Vous avez été devant du début à la fin

Marten Van Riel : Oui lors de la natation j’avais de bons bras et je me suis placé dans le sillage du Français Pierre Le Corre (3ème au final) qui a mené le premier kilomètre. J’ai senti que le tempo n’était pas très fort, j’ai accéléré la cadence sur les 600 derniers mètres, j’ai pris les commandes. Pour le début de la partie cyclisme nous étions 4 ou 5 aux avant-postes mais très rapidement le Danois Daniel Baekkegard (2ème au final) et moi-même nous nous sommes détachés. Tous les deux, nous avons roulé très fort sur les 45 premiers kilomètres de vélo et c’est cela qui nous a permis de vraiment faire la différence avec ceux du 2ème groupe. Sur la seconde moitié de la partie cyclisme, j’ai essayé de conserver un peu d’énergie, nous nous sommes bien entendus et nous avons relégués les autres à 5-6 minutes derrière avant la course à pied. Lors de la dernière transition avec mon expérience sur les distances courtes, j’ai fait la différence avec Daniel Baekkegard, j’ai gagné 15 secondes sur lui rien que lors de la transition. Ensuite je me suis calé sur un rythme qui me semblait bien sur un semi-marathon d’environ 3’15 au kilomètre. J’avais les jambes pour tenir cette cadence et cela s’est bien passé.

 

Marten Van Riel : « Ma préparation est plus professionnelle que lors de ma première victoire à Xiamen en 2019. C’est une préparation avant de passer sur longue distance après les Jeux olympiques de Paris en 2024. J’aurais 31 ans, je ne veux pas perdre de temps pour faire la transition donc c’est pour cela que je fais des Half Ironman maintenant. » 

 

Lepape-info : Ce n’était pas trop dur de faire le semi-marathon finalement tout seul sous la chaleur qui s’intensifiait ?  

Marten Van Riel : J’ai eu peur au début car le vélo fut plus intense que prévu mais j’ai senti lors de la dernière transition que j’avais encore de l’énergie dans mes jambes, j’étais sur le tempo souhaité, c’était intense mais en respectant mes limites sans aller au-delà.

 

Lepape-info : Le champion olympique Norvégien Kristian Blummenfelt 10ème (à plus de 20 minutes de vous) et qui détient encore le record du monde en 3h25’21 mais qui a failli le perdre vous a félicité pour votre performance (3h26’06) ? 

Marten Van Riel : La journée fut difficile pour lui avec en plus une crevaison, j’espère pouvoir être à la bagarre avec lui sur une prochaine course et le battre quand il sera en forme et à la régulière (sans incident de parcours). Là ce n’est pas normal que je le devance de 23 minutes à l’arrivée. Il ne fut pas si surpris que cela par ma performance car il connaît mon niveau sur courte distance. Nous sommes à peu près du même niveau, il est un peu plus fort que moi en course à pied et moi c’est plus le vélo et la natation que je peux le devancer. Il aura d’autres occasions cette année de briller.

 

Lepape-info : Cette participation et 2ème victoire sur Half Ironman est une façon aussi de préparer l’avenir et votre transition à court terme vers les longues distances ?  

Marten Van Riel : Ma préparation est plus professionnelle que lors de ma première victoire à Xiamen en 2019. C’est une préparation avant de passer sur longue distance après les Jeux olympiques de Paris en 2024. J’aurais 31 ans, je ne veux pas perdre de temps pour faire la transition donc c’est pour cela que je fais des Half Ironman maintenant d’autant plus à cette période. C’est parfait car les entraînements de début de saison sont plutôt longs avec des séances au seuil sur une heure. Maintenant je vais plus faire des séances VO2 max, de vitesse maximale je pense que faire un Half Ironman à cette période de l’année c’est parfait pour un coureur courte distance.

 

Marten Van Riel : « Quand tu peux gagner un WTS, tu peux gagner un jour les Jeux olympiques ce sera mon but cette année mais je sais qu’il y aura encore beaucoup de concurrence. »

 

Lepape-info : Quel est le programme pour la suite de la saison ? 

Marten Van Riel : Je reste un peu à Gérone avant de partir pour un stage d’altitude en Sierra Nevada en avril pour la préparation de la saison courte distance. Je vais également participer aux Arena Games avec cette année le 1er titre de champion du monde virtuel (First Esports Triathlon World Championships) qui sera décerné avec un rendez-vous le 8 avril à Munich (Allemagne) et un autre début mai à Singapour. Tout se passe en indoor (natation dans une piscine, vélo sur home trainer et course à pied sur un tapis roulant). C’est très bien pour travailler sa vitesse et se préparer pour les distances courtes. Ensuite à la mi-mai il y aura la reprise du circuit WTS (World Triathlon Series) à Yokohama.

 

Lepape-info : Le but cette année est de franchir une nouvelle étape ? 

Marten Van Riel : Je pense que pour moi la longue distance est mieux que la courte. Je suis loin d’être le plus talentueux en course à pied et c’est la partie la plus importante en courte distance. Cela s’annonce encore très difficile cette année. Mon but cette année est de gagner une étape de la WTS, j’ai déjà terminé 2ème, 3ème. Quand tu peux gagner un WTS tu peux gagner un jour les Jeux olympiques ce sera mon but cette année mais je sais qu’il y aura encore beaucoup de concurrence.

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