Le parcours ultra roulant, les très bonnes conditions météo (environ 15 degrés et un beau soleil) ont une nouvelle fois contribué à la réussite du 39ème Marathon de Valence (Espagne).
Chez les messieurs, victoire de l’Ethiopien Kinde Atanaw en 2h03’51 devant le Turc Kaan Kigen Ozbilen (2h04’16 – nouveau record d’Europe). Chez les dames, l’Ethiopienne Roza Dereje Bekele l’a emporté en 2h18’30.
Coté Français, ils étaient 6 à viser le niveau de performance requis (2h11’30) pour les JO de Tokyo. Jean-Damascène Habarurema pas dans un bon jour lâche prise très tôt du groupe parti rapidement, voire un peu trop rapidement sur des bases de 2h10 avec un passage en 15’18 au 5ème kilomètre et de 30’43 au 10ème.
Malgré les à-coups donnés par le meneur d’allure, Nicolas Navarro, le champion du monde de duathlon Benjamin Choquert et Benjamin Malaty tiennent l’allure au 15ème kilomètre passé en 46’13. Florian Carvalho suit à une dizaine de secondes avec Damien Gras.
Benjamin Choquert : « Maintenant il va falloir attendre le mois de février pour voir si le rêve olympique est au bout ou pas. »
Ensuite au fil des kilomètres la course se décante pour les Français, Nicolas Navarro plus à son aise maintient sa cadence sur les bases de 2h10, les autres cèdent du terrain et se rapprochent du tempo en 2h11’30 requis pour les JO de Tokyo. Parmi eux, Benjamin Choquert qui avait déjà couru le Marathon de Berlin il y’a 9 semaines et qui avait craqué en raison d’une mauvaise gestion de ses ravitaillements se sent bien pour relever le défi avec son dossard rebaptisé « Choco » à la place de Choquert.
Son entraîneur Frédéric Fabiani qui l’a suivi à vélo du 5ème au 32ème kilomètre fut pourtant inquiet : « Au 10ème kilomètre, Benjamin n’avait pas trouvé sa gourde de ravitaillement, au 20ème elle est renversée par un concurrent devant lui qui oblige Benjamin à se pencher pour la ramasser. Je le trouve énervé par ces aléas et là je me dis, on ne va pas revivre le psychodrame de Berlin bon finalement tout s’est bien terminé. »
Avec une fin de parcours en faux-plat descendant et un vent de dos favorable, Nicolas Navarro véritable métronome tout au long du parcours termine premier Français en 2h10’01 et améliore de près de 2 minutes son précédent chrono de référence (2h11’53 à Paris cette année).
Nicolas Navarro a profité de sa bonne forme du jour : « Au début, le meneur d’allure a été un peu plus rapide que prévu, un groupe de coureurs Espagnols s’est formé avec un autre meneur d’allure à 2h10, j’ai hésité à les suivre, au 15ème kilomètre j’étais à 50 m derrière. Je me sentais super bien, j’ai décidé de faire l’effort pour revenir et rester avec eux. On a été assez réguliers jusqu’au 30ème kilomètre. Après sans le meneur d’allure on a géré le vent de face. Au 37ème, on a repris le vent dans le dos et cela nous a permis de bien relancer, j’étais plus que tout seul avec un Espagnol (Camilo Santiago) et nous sommes arrivés en 2h10. »
Benjamin Choquert 26ème et 2ème Français en 2h11’11 pulvérise lui aussi au passage son ancien record (2h15’41). En revanche pas de minima olympique pour Benjamin Malaty (33e en 2h12’21) et Mehdi Frère (38e en 2h14’23). Florian Carvalho et Damien Gras ont été contraint à l’abandon.
Benjamin Choquert n’a pas ménagé ses efforts en contrôlant sa course avec prudence : « Au début je pensais partir au suicide, le meneur d’allure allait sur des bases en 2h10. Je suis resté décalé derrière en faisant attention de ne pas me retrouver tout seul. Quand je suis passé au 30ème je me suis dit c’est bien tu as déjà fait plus qu’à Berlin (sourire). Au ravitaillement du 35ème, j’ai vu que cela passait bien. Au 39ème, je sentais qu’il ne pouvait plus rien m’arriver j’avais juste à surveiller le chrono et voir s’il fallait relancer fort sur la toute fin. Maintenant il va falloir attendre le mois de février pour voir si le rêve olympique est au bout ou pas. »
Frédéric Fabiani, fier de son élève, ne cachait pas sa joie après l’arrivée : « C’est une vraie satisfaction que Benjamin ait relevé le défi en signant en plus les moins de 2h11’30, il a fait son boulot. Maintenant il est le 4ème Français en terme de chrono à avoir réalisé le niveau de performance requis, on va attendre avec beaucoup d’impatience que la liste des trois retenus pour les JO soit donnée (courant mars). Nous serons supers contents quand il sera officiellement sélectionné, s’il l’est. »
Au maximum, les 3 meilleurs marathoniens Français seront retenus pour les Jeux Olympiques de Tokyo, ils sont désormais 4 à avoir réalisé le niveau de performance requis. Morhad Amdouni (2h09’14’), Hassan Chahdi (2h09’55’), Nicolas Navarro (2h10’01) et Benjamin Choquert (2h11’11) avec une réserve pour Morhad Amdouni mis en accusation pour un supposé achat de produits dopants par un reportage de la chaîne allemande ARD au début du mois d’octobre.
Pour Benjamin Choquert aller aux Jeux Olympiques de Tokyo serait une consécration : « Je rêve de visiter le Japon depuis que je suis gamin, je n’y suis jamais allé. Je suis fan d’animation japonaise, j’aime la culture de ce pays. Avec ma compagne nous nous étions dit que ce serait bien comme voyage de noces, du coup ce sera peut-être plus tôt que prévu. »
Pour rappel, la date limite pour réaliser le niveau de performance requis sur marathon est fixée au 2 février. Après Valence, les meilleures possibilités pour y parvenir seront en janvier les marathons de Houston (Etats-Unis), Marrakech (Maroc) et Dubaï (Émirats Arabes Unis). Y’aura t’il encore des Français capable de tenter de réaliser les 2h11’30 requis ? Pas si sur … c’est une évidence, Nicolas Navarro et peut-être Benjamin Choquert ont bien fait d’entreprendre le voyage à Valence.