Eliud Kipchoge détenteur du record du monde (2h01’39 à Berlin en 2018) et 1er athlète à courir un marathon en moins de 2h (1h59’40 à Vienne en 2019 – performance non homologuée) privé de duel face à Kenenisa Bekele 2ème meilleur performer de tous les temps (2h01’41 à Berlin en 2019) va essayer de faire le show ce dimanche à Londres.
Le 40ème marathon de Londres initialement prévu en avril dernier a été reporté à ce dimanche 4 octobre en raison de la pandémie de coronavirus.
Jean-Claude Vollmer : « Je ne pense pas qu’on aura une course dans des temps proches du record du monde. Il y’aura peut-être une surprise venant de Geremew. Les autres engagés dans ce marathon de Londres peuvent prendre le pouvoir. »
Une fois n’est pas coutume, pas de grande balade dans la capitale Londonienne, cette année le marathon sera disputé sur une boucle de 2,15 km à parcourir 19 fois autour de St James’s Park, avec une portion de 1345 mètres pour rallier la ligne d’arrivée sur The Mall devant Buckingham Palace.
Les conditions atypiques, le parcours inédit en cette année surtout si particulière laisse planer bon nombre d’incertitudes sur un possible exploit comme nous l’explique l’un de nos experts Jean-Claude Vollmer :
« Comme on a été sevré de courses de haut niveau pendant une année, on attend ce marathon, avec une certaine impatience que ce soit pour voir Eliud Kipchoge, mais aussi les Ethiopiens Mosinet Geremew, Mule Wasihun. Reste à savoir comment ils ont vécu ces derniers mois la période d’entraînement avec le confinement et le déconfinement sans compétition dans des conditions délicates en Ethiopie et au Kenya. Je ne pense pas qu’on aura une course dans des temps proches du record du monde. Le parcours ne s’y prête pas vraiment (circuit de 2,1 km dans Saint-James’s Park avec 5-6 virages), je me demande aussi comment se comporteront les fameuses « chaussures volantes » dans les virages. En plus il peut pleuvoir avec une chaussée glissante. Je pense que l’on risque d’être déçu sur le plan chronométrique si l’on attend un record du monde, je peux me tromper mais je ne crois pas trop à un chrono stratosphérique. »
Des conditions d’entrainement inédites en raison de la pandémie de coronavirus auxquelles il a fallu s’adapter mais l’optimisme est de mise chez Eliud Kipchoge :
Eliud Kipchoge : « C’était vraiment difficile quand j’ai du m’entraîner tout seul parce que depuis 17 ans je me suis entraîné avec 6, 10, 20 personnes environ chaque année. Ce fut comme un choc électrique quand j’ai du le faire tout seul. Ce fut difficile de rester en forme et de maintenir un niveau élevé de préparation. Mais récemment nous avons constitué une plus grande équipe autour de moi et la préparation s’est bien passée. Je pense que courir sur une boucle comme celle prévue à Londres sera bien et du coup nous pourrons nous ravitailler plus souvent que d’habitude cela nous aidera. Nous essayerons de réaliser la meilleure performance possible. »
Même s’il ne faut mieux pas s’attendre à un nouveau record du monde de peur d’être déçu, avoir une grande partie des meilleurs marathoniens du moment sur une même course laisse bien sur présager une explication de haute volée (même en l’absence de Bekele) comme le précise Jean-Claude Vollmer :
« Il y’aura peut-être une surprise venant de Geremew. Je l’avais trouvé impressionnant l’an dernier quand il avait terminé 3ème à Londres. Kipchoge approche des 36 ans, sa longévité est déjà exceptionnelle. À un moment cette suprématie va basculer et pourquoi pas maintenant ? Les autres engagés dans ce marathon de Londres peuvent prendre le pouvoir. De toute façon cela arrivera tôt ou tard. »
Jean-Claude Vollmer : « Mo Farah a compris que sur de très longues distances il avait du mal à passer. Dimanche, il va mener l’allure longtemps, il devrait aller loin probablement au-delà du 30ème kilomètre pour se tester à mon avis une dernière fois sur une très longue distance avant de prendre une décision en vue des Jeux Olympiques de Tokyo où il a annoncé qu’il voulait faire le 10 000 m. »
Autre piment de ce marathon de Londres, pas moins de 8 meneurs d’allure chez les hommes sont prévus. Parmi eux, le Britannique Sir Mohamed Farah (37 ans) en personne ! Mo Farah entre autre quadruple champion olympique et sextuple champion du monde (5 000 / 10 000 m) mais aussi 3e du marathon de Londres 2018 et vainqueur à Chicago en 2018 (2h05’11) devrait assurer le spectacle mais aussi avec une idée en tête selon Jean-Claude Vollmer :
« Mo Farah a compris que sur de très longues distances il avait du mal à passer, son record du monde de l’heure sur piste (21,330 km) il y’a un mois à Bruxelles n’est pas exceptionnel, en étant guidé, bien renseigné sur son avancée et avec les bonnes chaussures il améliore le record de seulement 45 mètres (preuve qu’il reste bien sûr redoutable sur semi-marathon). Dimanche il va mener l’allure longtemps, il devrait aller loin probablement au-delà du 30ème kilomètre pour se tester à mon avis une dernière fois sur une très longue distance avant de prendre une décision en vue des Jeux Olympiques de Tokyo où il a annoncé qu’il voulait faire le 10 000 m. Sur 5 000 / 10 000 m il est dépassé par la nouvelle génération, dimanche je pense que pour lui c’est un ultime test pour savoir comment se positionner vis à vis du marathon et des JO. »
Chez les dames qui auront l’honneur de courir avant les messieurs, ce 40ème marathon de Londres s’annonce également de toute beauté. La Kenyanne Brigid Kosgei détentrice du record du monde (2h14’04 à Chicago en 2019) victorieuse l’an passé à Londres favorite à sa propre succession sera très bien entourée par ses compatriotes Ruth Chepngetich (record personnel: 2h17’08 à Dubaï en 2019) championne du monde 2019, 4ème femme la plus rapide de l’histoire et Vivian Cheruiyot (record personnel: 2h18’31 lors de sa victoire à Londres en 2018) quadruple championne du monde sur piste (5 000 / 10 000 m).