Elle a crié puis laissé couler ses larmes. Ou peut-être les larmes avaient-elles commencé à couler avant, mais peu importe. Lorsque Cécile, 37 ans, a franchi la ligne d’arrivée du 13ème marathon de Sénart, le chronomètre n’avait pas encore passé la barre des 4 heures. 3h59mn31s selon le classement officiel. « J’ai réussi, j’ai réussi ! ». Voilà ses premières paroles lâchées en tombant dans les bras de son mari qui l’a accompagnée pendant les 42.195 kilomètres du parcours. A l’arrivée sur la piste du stade Alain Mimoun de Combs-la-Ville, Pierrick avait les yeux remplis de fierté. « J’ai eu peur à un moment. A partir du 21ème kilomètre, j’ai senti que ça commençait à devenir dur pour elle, expliquait-il. Mais c’est une guerrière, je sais ce dont elle est capable ».
Sa joie si communicative aurait pu faire croire que Cécile venait de boucler son premier marathon. Et de ressentir cette profonde satisfaction du néophyte qui est venu à bout de son défi. Mais des marathons, cette commerciale en avait déjà deux à son actif. Le premier, en 2001 sur la Transléonarde (29). Le deuxième, en 2003 à Paris. C’était il y a presque dix ans, et c’était en plus de 5 heures. Depuis, Cécile a traversé des années de galère. Des années de doute. La faute à des blessures à répétition. A cette opération du pied en 2008 qui l’a contrainte à repartir de zéro. A « courir 5 minutes, puis 10 minutes, etc… ». « On m’avait quasiment dit que je ne pourrais plus courir. J’avais quasiment fait une croix dessus. On me demandait pourquoi je voulais tant courir. Mais ça me fait du bien ! En 2004, j’ai dû annuler ma participation au marathon de Paris. J’en ai pleuré pendant deux jours ».
La joie de Cécile, c’était donc celle d’une femme qui a relevé un double défi : recourir un marathon, et le terminer avec plus d’une heure de gagnée par rapport à son ancien record. « En passant la ligne d’arrivée, j’ai pensé à tous les soucis que j’avais eus. C’est une récompense. C’est inespéré. Je suis tellement contente », savourait-elle, toujours au bord des larmes.
Son mari, qui l’a « vraiment aidée », a un record à 3h29 sur marathon (à Paris « il y a trois ou quatre ans »), mais préfère aujourd’hui le trail et les longues distances. C’est d’ailleurs avec le tee-shirt de finisher du 80 km de l’Eco-Trail de Paris qu’il a accompagné sa femme ce 1er mai à Sénart. « Depuis nos débuts sur marathon, on a compris qu’il ne fallait pas s’entraîner n’importe comment. Avant, on se disait qu’il fallait beaucoup courir. Mais on ne faisait pas de fractionnés. Rien qu’en faisant des fractionnés, j’ai gagné une heure entre mon premier et mon deuxième marathon, souligne Pierrick. On fait aussi plus attention au matériel, aux ravitaillements ».
Après ce beau pied de nez adressé à ces années douloureuses, Cécile n’a évidemment qu’une seule envie : « Continuer ! ». D’ailleurs, rendez-vous est déjà pris pour début juillet, sur l’Andorra Ultra Trail. Pierrick courra l’Ultra Mitic, sur 112 km. Cécile le 35 km. De quoi ajouter une nouvelle page à leur album de souvenirs qu’ils partageront certainement un jour en famille. Agés d’un an et demi et quatre ans, leurs deux enfants « ne comprennent pas encore vraiment de quoi il s’agit ». La veille du marathon de Sénart, le plus grand avait tout de même formulé un souhait : « J’espère que vous serez très forts ». Il a été exaucé.
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