Des tee-shirts bleus, on ne prend pas grand risque à parier qu’il y en aura des milliers, sur la ligne de départ du 39ème marathon de Paris, ce dimanche 12 avril 2015. Des débardeurs, il y en aura probablement un peu moins. Et des débardeurs bleus, avec un logo colorié par Lucile, bientôt cinq ans, il y en a aura trois. David, Christian et Patrice, l’arboreront fièrement avec cette mention : « Objectif Marathon 2015 pour Téléthon ».
Tous trois arriveront samedi matin en gare de Bercy à 10 heures, par le premier train parti de Clermont-Ferrand trois heures et demi plus tôt. Un séjour express d’à peine plus de 24 heures mais qui vaut cher. Symboliquement, en tout cas. Surtout pour David. C’est le papa de Lucile. Cette petite fille qui a donc colorié un petit bonhomme qui court vers la Tour Eiffel, en référence à son papa. Cette petite fille qui soufflera ses cinq bougies durant l’été, mais n’a encore jamais eu le bonheur de marcher. Atteinte d’une maladie génétique au nom barbare – l’amyotrophie spinale – et pour laquelle il n’existe en 2015 aucun traitement, Lucile vit dans l’espoir que la recherche trouve, un jour, un moyen pour stopper ou ralentir cette maladie.
Le diagnostic est tombé fin 2012. A cette époque, David jouait au foot, comme depuis son adolescence. Mais il s’est blessé à la cheville. Alors, il a commencé à courir, pour « évacuer son stress », avec ses « écouteurs dans les oreilles ». Et rapidement, il s’est dit qu’il devait « faire quelque chose pour Lucile ». Il se souvient de son père qui avait bouclé le marathon de Paris en 1995. David avait onze ans. Il avait regardé l’épreuve à la télé. « Ça m’avait marqué. Pour moi, c’était quelque chose de grand ». La décision est rapidement prise : lui aussi courra le plus gros marathon de France, en 2015. Christian, son père, qui avait pourtant arrêté de courir, n’a « pas mis longtemps » à le rejoindre dans l’aventure.
Depuis deux ans, les deux hommes aux emplois du temps pourtant pas toujours faciles à combiner – David est cheminot et travaille en « 2X8 » et Christian ne travaille que les week-ends – ont réussi à partager des séances d’entraînement et des dossards. Le plus souvent sur des trails, parce qu’ils aiment « bien la nature ». En témoigne le club qu’ils ont rejoint : « Plauzat Sport Nature », où David explique avoir trouvé des « conseils » et une « ambiance sympa ». D’ailleurs, Patrice, un des membres du club, a accepté de courir lui aussi le marathon de Paris « pour le Téléthon ».
Car l’objectif est là : « Je veux inciter les gens à faire un don pour le Téléthon. Pour ça, il faut que je termine en moins de 4 heures », explique le jeune papa. Le principe pourrait se résumer ainsi : « Je fais un effort, et vous aussi ». David n’a pas créé d’association, il se contente d’inviter à soutenir l’AFM-Téléthon. On évoque avec lui le fait que ce grand « marathon caritatif » est probablement l’un des combats les plus connus des Français. Il rappelle alors humblement que « tant que la recherche n’a pas tout trouvé – et il y a toujours quelque chose à trouver, il faut toujours des sous » et qu’il faut donc « relancer les gens tous les ans ».
Voilà le sens de sa démarche. De cette aventure avec la course à pied qui devait n’être que temporaire. « Je pensais réaliser mon objectif, et ensuite reprendre le foot. Mais en fait, non, j’ai envie de continuer à courir. Et notamment de faire des trails », explique l’Auvergnat. Pour 2016, il pense d’ailleurs déjà un nouvel objectif qu’il garde encore secret.
Avant tout, il faut courir à Paris et passer sous la barre des 4 heures. Dans sa préparation, David a couru ses deux premiers marathons en 2014 (le marathon des Isles en Val d’Allier en 4h31 et le marathon de l’Espoir – au profit de Téléthon – en 3h54). Il sait donc que son objectif est atteignable. Reste une vilaine douleur au genou survenue depuis l’intensification de ses séances ces huit dernières semaines. L’IRM est prévue pour le 20 avril 2015. Mais David n’envisage pas une autre issue que de ramener la médaille à sa petite Lucile, dimanche soir, sous les coups de 21 heures, au terme d’une journée véritablement marathon.
Pour suivre l’aventure de David : la page Facebook d’Objectif Marathon 2015 pour Téléthon