Difficile de ne pas faire un bond dans le passé quand on la voit en tenue de sport. De ne pas revoir cette foulée si gracieuse qui lui a valu son surnom de « gazelle ». De ne pas se souvenir de ses triomphes olympiques, en 1992 à Barcelone sur 400 m, et en 1996 à Atlanta sur 200 et 400m. A 45 ans, Marie-José Perec n’avait plus couru depuis « dix ans. Je ne faisais même plus de sport. J’étais passée à autre chose ». La vie d’athlète de haut niveau, les tours – ou demi-tours – de piste, c’est du passé.
Mais pas ses valeurs. Notamment celles véhiculées par le Club des Champions de la Paix créé par l’organisation Peace and Sport, et dont elle fait partie. Objectif : promouvoir le sport comme outil de rapprochement et de dialogue à travers le monde. « Je voulais montrer mon engagement en faisant quelque chose de très fort ». Voilà ce que répond Marie-José Perec quand on lui demande pourquoi elle a décidé de courir le marathon de New York 2013. « Ca ne me serait jamais venu à l’esprit si ça n’avait pas été pour une cause comme celle-ci. Aider les enfants, c’est la plus belle cause qu’on puisse défendre », explique celle qui détient l’un des plus beaux palmarès du sport français.
Peace and Sport dispose de vingt dossards pour l’épreuve qui se courra le 3 novembre 2013 au départ du pont de Verrazano. Sur cette opération, l’association espère lever environ 50 000 dollars qui serviront à financer un projet en Haïti. Projet dont « Marie-Jo », maman d’un petit garçon de trois ans et demi, est l’un des fers de lance. « Il y a beaucoup d’Haïtiens en Guadeloupe, on les considère un peu comme nos frères. J’ai une histoire avec cette population-là », explique celle qui a d’ores et déjà prévu de se rendre sur place. Aucune date n’a encore été fixée, mais ce sera de toute façon après le marathon.
Avant cela, c’est donc la dernière ligne droite de l’entraînement pour « préparer cette belle course mythique » qui lui fait « quand même assez peur ». « J’ai recommencé à courir depuis le mois de mars. D’abord par quelques footings, et depuis mi-août, sérieusement, avec 3 à 4 séances par semaine. Et du long ! Puisqu’il va falloir que je sois très endurante ». Le mot est lâché : l’endurance. « Aux antipodes de ce que j’ai été ».
Reprendre le sport après une si longue coupure n’est pas simple, même pour une ancienne championne de son calibre. « On est comme monsieur tout le monde », martèle-t-elle. Et de compléter : « On ne se reconnaît pas, on a des souvenirs, le corps a une mémoire. Alors parfois, d’un seul coup, je recommence à courir vite et je me dis « non, ce n’est pas du sprint, tu ne peux pas continuer comme ça, ralentis, il y a encore du chemin… » ». Apprendre à s’économiser pour durer, à courir lentement pour continuer à avancer. « Pour l’instant, ma plus longue sortie, c’est 2h20. A la fin, je me suis dit qu’à New York, il me faudrait peut-être 2 ou 3 heures de plus… Car je ne peux pas dire que je vais courir le marathon en 4h, 4h30, 5h, 6h… Je ne sais pas. C’est une aventure, je ne sais pas à quoi m’attendre ».
A moins d’un mois du jour J, la ligne d’arrivée dans Central Park lui semble encore « le bout du monde ». « Je continue de regarder les marathoniens comme des extraterrestres, et je crois que même après, ça ne changera pas, sourit Marie-José Perec. Plein d’anciens sportifs, comme Stéphane (Diagana, ndlr), courent des marathons. Avant, je ne comprenais pas pourquoi, et je ne comprends toujours pas d’ailleurs ! Ca ne m’a jamais fait rêver. Ce n’est pas une passion pour moi ». « Courir longtemps » ne lui plaît pas, alors elle apprend à découper ses sorties mentalement. « Avant, je pouvais faire des séances d’entraînement de 3 heures, mais ça n’avait rien à voir. Il y avait l’échauffement, les gammes, des temps de pauses, des sessions d’une minute. C’est un autre monde. Là, je m’accroche à des petites choses, je ne cours pas toujours à la même allure, alors je me dis, 45 minutes à telle allure, 20 minutes à telle autre ». Un apprentissage qu’elle complète par des renseignements glanés notamment sur Internet. « Je discute beaucoup avec des gens. Tout le monde me dit de ne pas rater les ravitaillements, ne pas attendre d’avoir soif pour boire… J’ai mon carnet, je note les choses essentielles ».
L’essentiel, justement, elle ne le perd pas de vue : « Avant, j’avais pour objectif de finir première. De gagner. Là, ce que je veux, c’est franchir la ligne d’arrivée. Le principal, c’est de finir en me disant que j’ai fait quelque chose pour cette jeunesse-là ». Paroles de championne. Mais aussi, et peut-être surtout, de maman.
Marie-José Pérec en bref
Née le 9 mai 1968 à Basse Terre (Guadeloupe)
Records : 48s25 sur 400m (Atlanta, 96) – 21s99 sur 200 m (Villeneuve d’Ascq, 93) – 53s21 sur 400 m haies (Zurich, 95). Ces trois chronos sont les actuels records de France (données à jour au 08/10/2013)
Palmarès principal : Jeux Olympiques : médaillée d’or sur 200 m en 1996 et sur 400 m en 1992 et 1996 ; Championnats du monde : médaillée d’or sur 400 m en 1991 et 95 ; Championnats d’Europe : médaillée d’or sur 400 m et 4X400m en 1994
2 réactions à cet article
StopEPO
4h51…Beau temps de daube , même pour une femme de 45 ans.
Forcement, c’est beaucoup plus dur sans dopage…
On dit des athlètes de haut niveau qu’ils ont un mental hors du commun…mais en fait, on s’aperçoit qu’ils sont comme nous tous. Sans le chèque ou la prime a la fin ils ne sont rien.
Ca devient de suite plus compliqué quand ils faut courir et s’entrainer pour le fun, juste avec une motivation personnelle tout en gérant son environnement socio – professionnel…tout seul dans son coin.
Bref vous l’aurez compris, j’ai plus de respect pour les millions d’amateur que nous sommes plutôt que pour ca …
Bravo marie jo , entraine toi un peu et essaye de passer sous la barre des 4h , ca sera deja « pas mal »…
Eric
Pourquoi temps de daube