Lepape-info : Manon, incroyable première sur marathon pour vous à Valence
Manon Trapp : Je suis partie sur les bases des minima olympiques, c’était clair dans ma tête. Je n’avais aucun repère, j’étais un peu anxieuse car je savais que sur marathon cela pouvait bien se passer ou non. Juste après le 10e kilomètre, lors du ravitaillement c’était la bousculade en raison de la densité du groupe, je me suis pris la cheville de quelqu’un, je suis tombée lourdement au sol avec le genou en sang, ma cheville droite a tourné, je me suis fait une entorse.
Quand je me suis relevée j’ai boité sur quelques centaines de mètres, ce fut dur mentalement, je me voyais abandonner, j’ai légèrement décroché du peloton, j’ai essayé de voir comment ma cheville réagissait et puis mon cerveau s’est remis dans l’objectif minima en oubliant la cheville. Du coup j’ai fait 32 km avec une entorse, l’adrénaline m’a fait oublier la douleur, j’ai su me ressaisir. J’ai eu des coups de mou vers le 18e kilomètre et le 20e. Je me suis relancée mais j’ai connu différentes émotions. Au 31e kilomètre je me sentais vraiment bien et confiante, je n’ai pas connu le mur, au final j’ai adoré cette première expérience sur marathon et je sais que j’ai une marge de progression.
Lepape-info : Le chrono à l’arrivée est une surprise ?
M.T : Oui je pensais plus faire 2h26’49 (rire) j’espérais faire les minima mais je ne pensais pas faire une minute de moins. Je me suis rendue compte que le rythme était un peu trop rapide mais je me sentais bien suis, je me suis fait confiance même si je ne savais pas combien de temps mon corps pourrait supporter une telle allure. Pour mon prochain marathon je sais maintenant comment cela se passe et je suis persuadée que je peux faire mieux, j’essayerai juste de ne pas tomber (rires). Lors de ma chute j’ai forcément perdu du temps plus le choc émotionnel et les doutes que cela installe c’était assez intense.
Lepape-info : Qu’avez-vous ressenti juste avant l’arrivée et au moment de franchir la ligne ?
M.T : Je n’y croyais pas c’était fou de faire un si bon temps pour mon premier marathon. J’avais beaucoup entendu que le marathon était une discipline qui demandait de l’expérience, par exemple aujourd’hui lors des ravitaillements j’étais à la rue, je prenais des gels quand j’y pensais, c’était au feeling… j’ai pris le départ avec beaucoup d’humilité. Je suis très optimiste pour la suite mais j’ai eu également une baisse de moral après l’arrivée en me disant qu’il y avait beaucoup de filles qui avaient été performantes. Malgré mon chrono pour l’instant je suis 3e Française sur le papier mais je ne suis pas certaine d’aller aux Jeux car d’autres concurrentes peuvent encore faire mieux lors des prochains marathons et prendrent ma place.
Lepape-info : Avec un peu plus de recul, comme jugez-vous votre performance ?
M.T : Je ressens un sentiment d’accomplissement et de grande satisfaction, je me suis beaucoup engagée dans ma préparation sur le plan mental et physique. J’ai beaucoup de gratitude pour ceux qui m’accompagnent à commencer par mon copain qui m’a suivi sur de nombreuses séances et qui est mon soutien psychologique au quotidien. Mes parents étaient présents à Valence comme mon coach, une personne du club qui m’a suivi à vélo toute la course, quand j’avais des doutes il suffisait d’un regard pour me redonner confiance.
Lepape-info : C’est le plus beau jour de votre carrière d’athlète
M.T : Oui car depuis longtemps je me disais que le marathon était quelque chose pour plus tard, en voyant les filles qui s’y mettaient, je me suis dit pourquoi pas toi ? Je savais que le marathon était un format qui pouvait me convenir parce que j’aime courir longtemps et qui nécessite un engagement total. Pendant la course le corps est traversé par différentes émotions, cela me plait et c’est très satisfaisant. J’allais un peu sur la piste à reculons, j’aime le cross mais je voulais découvrir une discipline en plus du cross qui me correspondait à fond, qui me ferait vibrer au delà de la performance.
Lepape-info : S’il le fallait pour vous qualifiez pour les Jeux vous seriez prête à refaire un marathon d’ici l’échéance ?
M.T : Je ne m’y connais pas trop pour tout ce qui concerne le temps de récupération, quand je pourrai recourir, refaire des séances. Je suis encore dans l’inconnu post-marathon, je vais faire le point avec des gens qui sont au fait de ce domaine, on prendra une décision ensemble qui sera la plus sage et adaptée.
Lepape-info : Vous êtes 4 Françaoises à avoir fait les minima (2h26’50) vous en avez parlé entre vous de cette performance historique ?
M.T : Je suis assez proche de Mekdes Woldu nous sommes rentrées ensemble on en a parlé, j’ai discuté aussi avec Fadouwa Ledhem elle m’a raconté sa course, je me souviens au 31e kilomètre je l’avais entendu respirer fortement elle ne se sentait pas bien au moment où je l’ai doublé, elle n’a pas craqué elle est revenue sur moi pour terminer à 2 secondes de moi. Elle pense recourir elle m’a parlé de Rotterdam. on s’entend bien mais du coup un esprit de compétition s’est instauré, ce n’était pas prévu que nous soyons si nombreuses à faire les minima.
Athlètes Français ayant réalisé à Valence les minima pour les Jeux olympiques de Paris :
Mehdi Frère 2h05’43 (2e Français tout temps)
Nicolas Navarro 2h05’53 (3e Français tout temps)
Félix Bour 2h06’46 (5e Français tout temps)
Morhad Amdouni 2h06’55 (détenteur du record de France en 2h05’22)
Benjamin Choquert 2h07’42 (8e Français tout temps)
Athlètes Françaises ayant réalisé à Valence les minima pour les Jeux olympiques de Paris :
Mekdes Woldu 2h24’44 (2e Française tout temps)
Melody Julien 2h25’01 (3e Française tout temps)
Manon Trapp 2h25’48 (4e Française tout temps)
Fadouwa Ledhem 2h25’50 (5e Française tout temps)