Lepape-info : Loury, faire le Marathon des Sables pieds nus est un défi dans le défi
Loury Lag : Tout à fait, je suis un garçon qui aime faire les choses différemment, je cherchais à participer à cette aventure en essayant de marquer les esprits. J’ai déjà réalisé des expéditions pieds nus cela me semblait être l’opportunité de mettre en avant ma façon de mener certaines de mes actions. J’ai par exemple déjà traversé le Sahara pieds nus mais aussi d’autres lieux désertiques comme le Grand Canyon.
Certaines de mes premières aventures ont été dirigées sur des défis pieds nus car c’est comme cela que je me sens bien, c’est un lifestyle je vis à Biarritz dans une ville de surfeurs où il fait bon vivre et où l’on passe la moitié de l’année sans chaussure. Cette ambiance de vie, de liberté est dans mon ADN, pour moi cela coule de source de continuer quand je le peux à travers certaines de mes aventures.
Lepape-info : Comment vous est venue cette envie de défis pieds nus ?
L.L : J’ai passé mon enfance dans la région bordelaise, j’habite depuis longtemps sur la côte au début j’y suis resté 15 jours puis un mois puis un peu plus pour finir par m’installer définitivement à Biarritz avec ce lifestyle en me disant à un moment qu’il n’y avait pas vraiment de rentrée, de moment où l’on doit remettre les chaussures avec ce sentiment de bien-être général qui m’a fait prendre cette décision. Cela fait 3-4 ans que je fais beaucoup plus de défis pieds nus.
Loury Lag : « L’homme n’est pas fait pour avoir une paire de chaussures à la base. On a façonné notre corps et on l’a rendu plus faible à mon avis. De marcher pieds nus, cela a développé un système immunitaire, j’ai rarement de petites maladies, de rhumes, de maux de têtes ou autre. »
Lepape-info : C’est la première fois que vous allez faire une distance aussi longue pieds nus ?
L.L : J’ai traversé plusieurs déserts (Sahara, Grand Canyon, Bardenas en Espagne) en marchant, cela m’a pris du temps mais ce n’était pas pareil. Là je vais être sur une course officielle, par étapes, il y’a des temps limites à respecter tous les jours c’est une première, c’est un très beau défi. Je n’y vais pas pour arriver dernier.
Loury Lag : « Mon plus beau défi c’est d’être père de famille. J’ai deux filles Eli (5 ans) et Pita (7 ans). Quand je suis en France je suis 100% disponible avec elles, je passe tout mon temps en leur compagnie en pleine nature, à faire de l’escalade, à leur montrer ce que je fais, ce que j’aime. »
Lepape-info : Quels sont vos secrets, astuces pour faire un défi comme le Marathon des sables sans chaussure ?
L.L : L’homme n’est pas fait pour avoir une paire de chaussures à la base. On a façonné notre corps et on l’a rendu plus faible à mon avis. De marcher pieds nus, cela a développé un système immunitaire, j’ai rarement de petites maladies, de rhumes, de maux de têtes ou autre. Cela m’aide pour plein de choses dans ma vie comme la santé en premier lieu. J’ai développé une corne au pied pas tout à fait la même que lorsque l’on porte des chaussures et on protège notre pied. Certes le désert est et sera extrêmement chaud avec des passages très rocailleux sans oublier le temps qui sera long et qui peut générer des blessures. Je suis aventurier professionnel explorateur, c’est mon métier, j’ai déjà eu l’habitude de gérer la douleur avec de longues périodes d’effort dans des endroits reculés du monde comme le Grand Canyon, le Sahara ou encore le Vatnajökull qui est en Islande l’un des plus grands glaciers d’Europe. Je me sens à l’aise avec ces paramètres. Je connais bien le Maroc et son désert je sais qu’il y a beaucoup de passages rocailleux, je suis porteur du syndrome de l’analgésie congénitale, je ne ressens pas la douleur comme une personne normale et donc je suis rarement embêté par les premières douleurs.
Lepape-info : Quel est votre plus beau défi jusqu’à présent ?
L.L : Mon plus beau défi c’est d’être père de famille. J’ai deux filles Eli (5 ans) et Pita (7 ans). Avec mes défis, je passe beaucoup de temps hors de la maison sans les voir ce n’est pas sans poser quelques problèmes qu’il faut apprendre à gérer. Quand je suis en France je suis 100% disponible avec elles, je passe tout mon temps en leur compagnie en pleine nature, à faire de l’escalade, à leur montrer ce que je fais, ce que j’aime. Je leur explique les priorités de ma vie qui ne sont pas forcément celles des autres personnes et qui font que je passe beaucoup de temps sur les bateaux, à faire des aventures. Je le dis toujours j’ai deux métiers : aventurier et papa. Mes filles sont en admiration et on passe beaucoup de temps dans des éléments naturels qui sont très hauts. J’essaye de leur montrer qu’il y a autre chose qui compte qu’un système classique, on voit plein d’animaux et autres lorsque l’on voyage. Cela leur permet de comprendre ce que je fais, elles suivent mes aventures
Lepape-info : Vous avez beaucoup voyagé avec vos filles ?
L.L : On a traversé la Méditerranée, une partie de l’Océan Atlantique, nous sommes allés au Sri Lanka, en Grèce, au Maroc et d’autres beaux endroits. Nous avons la chance d’habiter dans un endroit très chaleureux où il y a de quoi faire entre mer et montagne avec beaucoup d’activités comme les randonnées, le surf.
Lepape-info : Qu’avez-vous dit à vos filles avant de prendre part au Marathon des Sables ?
L.L : Je leur parle jamais de la complexité de mes aventures. Elles préparent les affaires avec moi cela fait partie des moments importants, on regarde la nourriture, le matériel que j’ai, je leur apprends à quoi cela sert au fur et à mesure. Je leur dit que je vais faire l’aventure pieds nus mais cela ne les choque pas car elles ont l’habitude. Déjà elles assument le fait que je les emmène à l’école pieds nus devant les autres parents et qu’elles ont un papa aventurier. Quand on échange sur mes aventures elles me demandent ce que je vois comme animaux et du coup c’est l’un des objectifs que je me suis fixé nous allons faire l’an prochain notre première expédition ensembles en totale autonomie peut-être dans un désert de sel, peut-être en Amérique du Sud ou alors au Maroc mon désert de cœur voire la Namibie je ne sais pas encore.
Lepape-info : Vos attaches sont fortes avec le Maroc
L.L : Oui j’y suis allé à de nombreuses reprises notamment pour des aventures humanitaires avec distribution de produits, de matériel de surf mais aussi pour sensibiliser les écoles sur place au sujet du ramassage des déchets, l’importance du cycle de l’eau. Le désert au Maroc que j’adore me procure une grande sérénité.
Lepape-info : Quel regard porte les gens sur votre façon de vivre ?
L.L : Pour certains il y a de l’incompréhension liée peut-être à une non connexion avec la nature et pour les autres c’est une adéquation totale qui aimeraient faire comme moi et avoir cette façon de vivre. Cela fait longtemps que je vis ainsi pieds nus, je vais à des conférences, des plateaux TV comme cela pour montrer que ma liberté c’est celle-là. Je suis en quête du bonheur, l’essentiel c’est que moi et les membres de ma famille soient heureux. Le regard critique des autres m’importe peu, si ce sont des gens que j’aime je me poserai des questions.
Lepape-info : Qu’attendez-vous de ce Marathon des Sables ?
L.L : J’attends du dépassement, j’aime la compétition, il n’y a pas le choix il faut avancer. Cette aventure reste un entraînement car je suis en train de bâtir une très grande expédition en 2023-2024 avec beaucoup d’activité subsaharienne. Cela va me permettre de trouver des réponses, de pousser mon corps, de voir comment il réagit. Je suis ravi de participer à l’épreuve avec des gens que j’apprécie, une cohésion d’équipe dont j’ai moins l’habitude même si cela reste une course très personnelle où chacun court à son rythme. Après chaque étape on se retrouve au camp sous la même tente. Je suis très honoré de participer à cette course, de défendre certaines de mes valeurs et de partager ces instants avec les autres concurrents et le staff d’organisation.
Lepape-info : Vous avez des appréhensions avant le départ ?
L.L : Les blessures plus que de se faire piquer dans la sable. Avant de se faire piquer par un serpent ou un scorpion il y a beaucoup d’étapes, j’ai déjà été piqué par les deux (une piqure de scorpion dans le Grand Canyon a valu à Loury une belle frayeur avec une paralysie des membres pendant 36 heures). Cela dépend comment on se fait piquer, par quoi et par où. Cela fait partie de mon métier d’aventurier, de ma prise de risque mais pas de ce que j’ai dans la tête. Un scorpion préfère la nuit que la chaleur par exemple, il existe pleins de paramètres plus techniques qui font qu’une personne lambda pourrait avoir peur de ses choses-là mais quand on s’intéresse de plus près à la nature on se rend compte que c’est finalement moins dangereux que cela peut paraître.
Lepape-info : Quel sentiment prédomine avant cette belle aventure ?
L.L : Aucun stress j’ai profité quelques jours de mes filles après une récente traversée en bateau de 3 semaines. Je connais bien ce process de partir-revenir-partir-revenir. J’ai fait mes préparatifs techniques, je me suis entraîné en courant pieds nus, je suis plutôt détendu.
Lepape-info : Vous vous êtes préparé spécifiquement ?
L.L : Oui depuis un moment je me suis mis en mode trail j’ai arrêté de courir pieds nus, j’ai participé en août à l’UTMB (88ème de sa catégorie de la MCC de l’UTMB (40 km et 2.300 m de dénivelé positif)) où il est interdit de courir pieds nus et auquel j’ai pris part grâce à Mathieu Blanchard qui est un coureur professionnel de trail, ultra-distance et qui a finit 3ème, il sera là au Marathon des Sables. Je l’ai rencontré l’an passé il m’a beaucoup conseillé, j’ai fait le Trail 100 Andorra-Pyrenees avec lui. J’ai fait un entraînement sur le sable et bitume, je sais que j’ai la caisse de fond pour pouvoir tenir les distances, j’ai plus axé ma préparation sur le pied, cela fait un mois que j’ai marché et couru pieds nus partout (en dehors de l’UTMB) pour préparer mes pieds.
Lepape-info : Quelle est votre philosophie de vie ?
L.L : Mon dicton est : « L’amour l’emportera toujours », je suis bienveillant, je suis passionné par la nature et cette vie qui défile. Je n’ai pas peur de la mort mais je n’ai pas envie de mourir donc je profite de la vie au maximum. Par rapport à mes défis extrêmes mon autre devise est : « Survis comme un animal ou meurt comme un homme. »