C’est indiscutablement leur histoire. Une histoire qu’ils tissent au fil des ans tandis que leurs adversaires tentent chaque année de faire un coup d’état. Toujours prêts à en découdre et parés pour affronter tous leurs adversaires, ils se présentent au meilleur de leur forme, avec un petit plus qui pourrait être tout simplement leur amour inconsidéré pour le marathon du Médoc.
Car le marathon « le plus long du monde », a ce petit quelque chose de particulier qui fait que les vainqueurs d’hier sont souvent les vainqueurs d’aujourd’hui. En dix-huit participations, Nathalie Vasseur s’est imposée treize fois; en neuf participations, Thierry Guibault cinq fois.
Les deux héros actuels ont dû batailler, s’initier, apprendre. Sur un parcours comportant route, sentiers, sable, visites de châteaux, relances, seule l’expérience permet de dominer à l’image de Philippe Rémond qui courra ici son premier marathon et compte neuf victoires à Pauillac à son palmarès. Et il est là, encore. A 52 ans, il termine septième en 2h37mn25s avec toujours cette soif de victoire. « C’est dur. Je suis un compétiteur, j’ai toujours envie de gagner J’oublie que les jeunes sont là et vont plus vite. Mais j’aime tellement cette épreuve ! »
Alors si ce n’est lui, c’est son protégé qui reprend le flambeau : Antoine De Wilde. Venu en 2013 courir son premier marathon, il était alors battu par son mentor qui terminait deuxième, derrière un certain… Thierry Guilbault. Antoine De Wilde a muri, appris, retenu la leçon. « Le marathon et particulièrement le marathon du Médoc, c’est une leçon d’humilité. J’ai pris les devants de la course parce que j’avais besoin de me rassurer, de sentir mes jambes. J’ai eu un coup de moins bien au 28e et j’ai été distancé mais j’ai serré les dents et j’ai pu revenir. J’ai compris que s’accrocher permet de tenir voire de revenir. » Dans ce peloton de tête, Thierry Guibault se met à l’abri et laisse les « jeunes » se battre puisque dans ce groupe figure aussi Sébastien Beltran qui coure son premier marathon. « Nous avions un peu discuté au départ et Sébastien m’avait avoué ne pas avoir fait de sorties très longues, je pensais donc qu’il ne pourrait tenir au-delà du 30e. Sur marathon, ça ne pardonne pas. »
Et ce qui devait arriver arriva. Sébastien Beltran craque tandis qu’un ancien vainqueur est en embuscade, David Antoine cinq fois victorieux (2010, 2009, 2007, 2006, 2005). Ce dernier vient prendre une place sur a troisième marche du podium. Fidèle parmi les fidèles, il est toujours là, en toute en discrétion mais avec talent.
Pour Thierry Guilbault, à qui on avait promis tout l’été une énorme lutte, c’est alors un final tout en gestion. A son rythme, au train comme il aime le faire. « Je me suis préparé comme jamais, j’ai fait 1200 km d’entraînement. C’est fou pour faire 42,195 km mais ça vaut le coup. Je suis bien, j’ai bien géré et je termine frais. ». L’annonce de la présence de Viktor Rothlin (champion d’Europe du marathon en 2010), avait en effet de quoi inquiéter le nouveau quintuple vainqueur de l’épreuve mais le Suisse venait découvrir le Médoc et encadrait un groupe d’amis afin de découvrir le terroir sur 42,195 km.
L’an prochain, la lutte sera encore belle car Thierry Guilbault s’il vient d’égaler le record de victoires de David Antoine compte bien aller chercher son ami Philippe Rémond et inscrire neuf fois son nom au palmarès. Mais attention car Antoine De Wilde est déjà en lice. « C’est une histoire le Médoc. Philippe, mon mentor, a couru son premier marathon ici, moi aussi. Je reviendrais ici tous les ans tant que je ne serais monté sur la plus haute marche du podium. Je suis amoureux de cette course….cette superbe course, exigeante, passionnante qui me fait aimer le marathon. Philippe est pour moi un exemple. Il faut le voir à l’entraînement, je ne connais pas un athlète capable de s’imposer ce qu’il fait à 52 ans, c’est un modèle et je veux, moi aussi, écrire une histoire ici afin de lui rendre hommage. »
Nathalie Vasseur en toute sérénité
Chez les féminines, la reine du Médoc est indiscutablement Nathalie Vasseur. La « jeune femme » de 50 ans est chaque année de plus en plus époustouflante. Après sa victoire sur la Wings for Life en Californie en mai 2015, la voici donc treize fois championne du Médoc. Elle a une nouvelle fois pu tomber dans les bras de son papa de substitution Hubert Rocher, vice-président du marathon du Médoc. La championne a contrôlé sa course en restant en deuxième position jusqu’au 20e km avant de prendre la tête juste avant le semi-marathon. « Je sais que Stéphanie prend toujours un départ rapide. Je suis restée à mon rythme. L’an dernier, je l’avais passé au 32e, cette année j’ai pu le faire un peu plus tôt. J’ai fait une grosse préparation. Un jour quelqu’un m’a demandé quand je ferai un vrai marathon, mais le Médoc c’est un vrai marathon avec ses difficultés, son histoire, ses sportifs. Il n’a rien de roulant et de facile mais c’est une épreuve que j’aime tant, » commente la Brestoise qui soit dit en passant réalisait en 2014, 2h46 sur le Marathon de Rotterdam. Pour Stéphanie Briand Viaud, une petite déception alors que son lièvre son mari Joel n’a pu tenir le rythme et l’a laissé seule dans la course. Esseulée, elle n’a pu trouver les ressources pour tenter de revenir à hauteur de Nathalie Vasseur. « J’ai commencé ma préparation en juillet mais je revenais de blessure sans pouvoir m’entraîneur en mai et juin. j’ai fait du vélo mais ce n’est pas pareil. Nathalie est très forte ici, elle était plus forte et je lui dis bravo, vraiment. C’est ça le sport, l’an passé j’avais pu lutter un peu plus longtemps pas cette année, » explique la vainqueur 2013.
Sur ce nouveau parcours qui permettait de découvrir le nord puis le sud de Pauillac avec de nouveaux châteaux et de superbes animations, les coureurs ont souffert plus que de coutume. Durant toute la nuit, la pluie avait rendu les sentiers boueux et les passages en sable extrêmement difficiles. Heureusement, le déluge annoncé ne fut pas présent au départ permettant au superbe spectacle d’ouverture de se dérouler et pour les élites, la météo fut presque parfaite. Mais aux alentours de 13h, une pluie torrentielle s’est abattue sur le parcours durant une heure trente. Fort heureusement le soleil est revenu en milieu d’après-midi afin d’accompagner les coureurs sur leur fin de parcours.
Tous sur leur 31 au matin, c’est alors avec un sourire radieux qu’ils franchissaient la ligne d’arrivée.
Les résultats
Hommes
- GUIBAULT THIERRY, 2h26mn41s
- DE WILDE ANTOINE, 2h28mn45s
- ANTOINE DAVID, 2h29mn32s
- BELTRAN SEBASTIEN, 2h31mn25s
- CHARNAY SÉBASTIEN, 2h33mn33s
- BENICHOU THOMAS, 2h34mn23s
- REMOND PHILIPPE, 2h37mn25s
- AGRINIER ERIC, 2h37mn47s
- RIBEIRO LIONEL, 2h40mn49s
- CHANU CYRIL, 2h43mn15s
Femmes
- VASSEUR NATHALIE, 2h53mn27s
- BRIAND VIAUD STÉPHANIE, 3h00mn16s
- CHARDON GWENAELLE, 3h04mn53s
- PERRENOT ISABELLE, 3h06mn01s
- HENAFF ALEXANDRA, 3h06mn13s
- GABRIEL CHRISTELLE, 3h07mn16s
- BRIGGS VICTORIA, 3h07mn36s
- KOSTYK KATARZYNA, 3h14mn06s
- STANIENDA BIANCA, 3h20mn43s
- PHELAN JULIA, 3h23mn20s
8315 coureurs au départ – 7723 coureurs classés
La galerie photos
1 réaction à cet article
Hervé ETCHEVERRY
Merci de nous faire partager ces photos (et en particulier celle me concernant)