Il est sorti du virage pour entamer la dernière ligne droite seul, heureux, tout en lançant un dernier sprint pour tenter d’accrocher le record de l’épreuve. Il lui a manqué 26 secondes, mais que la victoire était belle. Le soleil, comme pour l’honorer, avait enfin réussi, depuis quelques minutes, à franchir les nuages qui depuis des heures arrosaient Nantes. Larbi Es Sraidi, Franco-Marocain portant les couleurs du Racing Club de Vendée, est allé chercher sa victoire en 2h16mn10s devant les Ethiopiens et Kényans de service qui n’ont jamais pu le surprendre et lui faire perdre son allure de métronome. « C’est la règle sur marathon : garder son allure. Je suis parti avec le lièvre qui devait nous amener sur le record de l’épreuve (2h15mn44s, Pascal Fétizon en 2000) mais lorsque je me suis retrouvé seul j’ai eu un peu de mal à garder le rythme sous la pluie et avec les rafales de vent. Mes poursuivants sont alors revenus et ont commencé à placer des attaques, mais je suis resté concentré sans répondre, juste en les gardant en ligne de mire. Et j’ai pu reprendre la tête de la course car dans de telles conditions, il est encore plus important de ne pas se disperser. Je tiens ici à remercier tous les bénévoles et les spectateurs et féliciter tous les participants car il fallait être courageux.«
En effet, si après 2h15mn de course, le soleil était au rendez-vous, c’est sous la pluie et dans le vent que la course s’est élancée. Cela fait des heures qu’il pleut, que le vent souffle et il est bien difficile en ce dimanche 27 avril 2014 d’imaginer qu’il y aura une éclaircie. Le plafond est bas, les coureurs tentent de s’abriter jusqu’au dernier moment, les quelques spectateurs maintiennent le plus fortement possible leurs parapluies. A 9h15, le peloton des marathoniens s’élance depuis les pieds de la cathédrale, une heure après le 10 km. Le tracé va leur permettre de découvrir une grande partie de la ville en longeant les bras de la Madeleine et de Pirmil et les machines de l’île avec le célèbre éléphant. Mais dans de telles conditions, les têtes sont basses, les casquettes vissés sur les têtes pour certains, et il est préférable de bien regarder le sol pour ne pas glisser et tenter d’éviter les trop grosses flaques d’eau. « Ce n’était guère facile, surtout du côté du hangar de La Machine. Mais je suis heureuse, je parviens à faire moins de 2h47 (2h46mn54s, ndlr). Je me classe 4e contre 2e l’an dernier mais en gagnant presque une minute (2h47mn39s en 2013, ndlr), » explique Stéphanie Briant. « Et je bats le record départemental vétéran ! Dans le deuxième semi-marathon, j’étais seule et face au vent, ce ne fut pas facile d’autant que mon mari qui m’accompagne sur toute mes courses a lâché prise. Heureusement que les tenues sont plus techniques aujourd’hui, ça colle moins et surtout ça ne prend plus de poids avec l’eau. On est toujours trempée mais c’est plus agréable.«
Quelques minutes plus tard, un personnage de la course à pied et du trail franchit la ligne d’arrivée. Karine Herry termine en 3h16mn48S. Après avoir décidé l’an dernier, à l’issue de sa victoire sur le Grand Raid des Pyrénées, de stopper les épreuves de plus de 100 km, la championne a trouvé un nouveau challenge : revenir sur 100 km où elle fut multiple médaillée avec notamment deux titres de vice-championne d’Europe en 2000 et 2004. « Pour cela, il faut que je refasse de la route et que je retrouve mes allures. Alors je mange du marathon, » explique-t-elle. « Je vais prendre le départ des 100 km de Chavagnes, le 31 mai 2014 où j’espère terminer en moins de 8h30. Mon dernier remonte à 2008, je crois. Je vais reprendre mes anciennes habitudes en allant me préparer en Vendée. Les conditions aujourd’hui étaient difficiles mais j’ai réussi à m’abriter et on a uni nos forces avec une autre marathonienne qui était dans le même chrono que moi, ça aide. »
« Je suis de la région et je connais ces conditions mais ce n’était pas évident. En plus je suis parti trop vite, » commente Vincent Garos, 31 ans, Nantais et responsable commercial d’une nouvelle marque de produits diététiques de l’effort à base de miel et d’huiles essentielles (Mel Tonic). « J’ai explosé au 20eme alors ensuite j’ai surtout cherché à me protéger du vent et de la pluie en restant au milieu des groupes et en veillant à ne jamais me retrouver seul. »
Une tactique utilisée aussi par Caroline Cavaro franchissant la ligne d’arrivée avec ses deux enfants Charlotte et Geoffroy qui se sont fait le plaisir de l’accompagner sur la dernière ligne droite. « Ils sont venus au semi-marathon aussi ! C’est beau non ? Le k-way et la casquette étaient bien utiles aujourd’hui pour les spectateurs mais aussi les coureurs ! Ce matin lorsque j’ai vu le temps je me suis dit : fait ch…. Après trois mois de préparation c’est un peu décevant de prendre le départ d’un marathon avec une telle météo. Mais ça a été, je dirais même mieux que cela, je suis euphorique, je voulais faire moins de 3h45 et je fais 3h40. Comme quoi quand on est bien, quelles que soient les conditions ça passe. L’entraînement a payé. »
Venu de Lille, Gérard Choteau ne s’attendait pas à une telle météo. « C’est ma femme qui a choisi la destination, elle ne connaissait pas la ville. J’avoue que ma balade sur 42,195 km ne m’a pas vraiment donné un aperçu. Ce doit être joli pourtant. On reste encore deux jours, j’espère que ça va se lever. C’était mon troisième marathon mais mon premier dans le vent et la pluie. Du coup, j’ai bien géré mon allure, je voulais faire moins de 4h après 4h12 l’an dernier à Paris. Je termine en 3h56 ! Comme quoi ! Il a fait un peu froid, j’ai trouvé le parcours plus dur que celui de Paris avec plus de montées et de descentes, j’ai eu du mal face au vent, mes jambes se sont, par moment, crispées malgré le collant long de course mais le chrono est là ! Que demander de plus, à part le soleil pour les deux jours prochains, afin que je puisse voir Nantes !«
En ce dimanche l’histoire devait être belle. Après la victoire du local Larbi Es Sraidi et un nouveau record féminin de l’épreuve pour la Kényane Tizita Terecha en 2h34mn36s, le ciel s’est éclairci. Les derniers coureurs, ont ainsi pu parcourir leurs derniers kilomètres au sec, le soleil accompagnant leurs dernières foulées.
Les résultats
- 10 km
Hommes
1. Abderahman CHMAITI CHMITI, 33mn28s
2. Valentin RICHARD, 33mn32s
3. Mohamed SERBOUTI, 34mn23s
4. Olivier FREMY, 34mn48s
5. Cedric GAYOU, 35mn39s
6. Guillaume RAINEAU, 35mn45s
7. Vincent FAUCHEUX, 35mn46s
8. Martin DANET, 37mn22s
9. Remi BLOMME, 37mn36
10. Nicolas RABIN, 37mn40s
Femmes
1. Elise MAURY, 42mn07s
2. Sandrine BARRANGER, 43mn45s
3. Christine CHARPENTIER, 43mn57s
4. Barbara VORBRUGG, 43mn59s
5. Leila ABDELKRIM, 44mn15s
6. Jackie BROCHARD, 44mn18s
7. Gaelle HOUITTE, 44mn27s
8. Sandie GRELIER, 45mn41s
9. Florence BRIAND, 46mn11s
10. Jessy BICHON, 46mn13s
Le classement complet des foulées de l’Elephant 2014
- Marathon
Hommes
1. Larbi ES SRAIDI, 2h16mn10s
2. Moti ATNAFU MEKONEN, 2h17mn36s
3. Damte Kuashu TAYE, 2h22mn04s
4. Charles NGOLEPUS, 2h26mn14s
5. David kamwende CHEGE, 2h27mn54s
6. Arnaud LAVENDOMNE, 2h29mn35s
7. Julien COUGNAUD, 2h29mn37s
8. Jackson omwoyo ONAMI, 2h30mn43s
9. Mark MACHARIA, 2h33mn10s
10. Tizita TERECHA, 2h34mn36s
Femmes
1. Tizita TERECHA, 2h34mn36s
2. Zenash GEZMU, 2h45mn49s
3. Yulia VINOKUROVA, 2h46mn18s
4. Stephanie BRIAND VIAUD, 2h46mn54s
5. Melanie VAILLANT, 2h58mn07s
6. Gaelle SALFRAY, 2h58mn17s
7. Murielle BRIONNE, 3h00mn29s
8. Anita CHARLOUP, 3h02mn12s
9. Gwenaelle GUILLOU, 3h02mn40s
10. Corinne LE CRAS, 3h16mn44s
3185 coureurs classés
Le classement complet du marathon de Nantes 2014
Le classement complet du marathon de Nantes 2014 en relais
Quelques photos du marathon de Nantes 2014