Les résultats du Championnat de France de trail court (Mont-Dore, 63), le 27 septembre 2015

championnat de France de trail court 2015 — Cédric Fleureton, champion de France de trail court 2015

Ils sont revenus, ils ont une nouvelle fois vaincu. L’an dernier en 2014, sur les tracés de Buis-les-Barronies, Christelle Dewalle et Cédric Fleureton étaient grimpés sur la plus haute marche du podium. Cette année ce fut encore le cas, mais l’émotion était plus vive pour l’une comme pour l’autre tant ces deux victoires semblaient les surprendre.

Christelle Dewalle a ainsi franchi la ligne d’arrivée en se prenant la tête dans les mains. Elle se retourne encore et encore, rit et pleure en même temps… Elle n’en revient pas. Cédric Fleureton de son côté est arrivé au sprint, c’est courbé et à lui aussi pris son visage entre ses mains, le coude en sang après une bataille contre lui-même, une erreur de parcours, une chute et une remontée sur Julien Rancon…

Un doublé oui pour l’un et l’autre, mais des titres qui n’avaient donc pas du tout la même saveur qu’en 2014. Car sur ce 34 km avec 2 400 m de dénivelé, un format un peu plus long que de coutume, ce fut une course à rebondissements tant chez les femmes que chez les hommes.

Au départ, la championne de France en titre est en plein doute avec des blessures qui l’ont poursuivi tout l’été. Elle se place donc en retrait, laissant ses adversaires mener la danse. C’est ainsi qu’Adeline Roche est en tête à la mi-course. Marathonienne, Adeline a un record personnel à 2h38 et a réalisé 2h40 lors du dernier marathon de Rotterdam en avril dernier. » Je voulais terminer ma saison en changeant un peu. Je suis donc allée à Faverges où je me suis imposée. J’ai aussi fait quelques autres petits trails et je me suis dit : pourquoi pas les France. Je dois avouer que je ne suis pas venue sans ambitions, j’espérais bien faire quelque chose mais je ne savais pas trop car j’étais dans l’inconnu compte tenu de la distance, du dénivelé et des coureuses présentes. » Avec deux sélections en équipe de France sur 10 000 m et marathon, Adeline Roche se retrouve ainsi en tête du Championnat de France 2015. « J’avais reconnu le parcours donc je savais où j’allais. Je suis partie avec les filles et je me suis vite retrouvée première, je me suis alors demandé ce que je devais faire car je ne savais pas trop. Est-ce que je devais ralentir ? En fait, j’ai continué et ensuite Christelle est revenue. On s’est alors bien battus l’une et l’autre mais dans la côte du Sancy elle a fait l’écart. Je suis très satisfaite de ma course. Par rapport au marathon, on retrouve un peu les sensations avec un coup je suis bien, un coup je suis moins bien. Mais c’est différent aussi avec de superbes paysages, des moments de solitude dans le silence, c’est génial. Mais de là à quitter la route, non pas encore. A court terme, je veux continuer la route même si je revenais sur le trail. »

Une belle surprise pour Adeline Roche, pour les spectateurs et organisateurs mais aussi pour Christelle Dewalle qui se demandait bien à qui elle avait à faire et qui a dû batailler pour la distancer.

« Je suis partie très prudemment, je ne sais pas combien j’étais, dans les 10 sûre mais où…. Et puis petit à petit, je suis revenue. J’ai doublé quelques filles puis Céline Lafaye et enfin Adeline Roche que je ne connaissais pas du tout. Nous sommes restées un bon moment ensemble à jouer au chat et à la souris. Un coup l’une, un coup l’autre. Je dois dire que je lui dois un grand respect, car elle envoie ! Je dois vraiment me pincer pour y croire, c’est une émotion incroyable. Pour une fois je suis fière de moi, je me suis battue jusqu’au bout».

Une année bizarre pour la championne 2014/2015 de trail court avec des blessures et un été compliqué avec un ischio-jambier qui ne se soigne pas vraiment. « J’étais pessimiste parce que je n’avais pas fait les kilomètres que je voulais. J’ai fait une course la semaine dernière, cela s’est bien passé mais j’ai choppé la crève et je me suis retrouvée trois jours au lit avec de la fièvre, presque 39 ! Je doutais vraiment mais on va dire qu’au moins j’ai fait du jus ! Quand j’ai pris la décision de venir vendredi, il n’y avait vraiment rien d’acquis. Mais je voulais venir pour essayer de me faire plaisir. Comme quoi, des fois, il faut un peu se faire confiance et puis aussi comprendre que cela ne sert peut-être à rien de courir tout le temps ! «

Troisième et annoncée comme favorite, Céline Lafaye était satisfaite et n’affichait aucune déception. « Faire troisième derrière Christelle Dewalle et Adeline Roche c’est quelque chose. C’est un résultat honorable. J’ai été troisième toute la course et j’ai géré tout le long. Je me sentais bien à la troisième place et je me suis dit : tu cours et tu verras bien. J’avais surtout peur de perdre cette place car honnêtement cette troisième place vaut une victoire sur beaucoup de courses en France. Donc pour moi c’est une victoire, il n’y a pas de soucis. Je remporte le TTN, donc ça va, tout va bien pour moi. »

Cédric Fleureton en vaillant

Que ce fut dur pour l’ancien triathlète (la marque de fabrique de cette journée, puisque le champion de France de trail long, Patrick Bringer est lui aussi un ancien triathlète). Pourtant tout avait bien commencé avec une longue chevauchée fantastique. Mais dans la descente juste avant le Sancy, il se perd avec Maud Gobert (qui était sur le trail long et qui s’est imposée) et chute lourdement alors qu’il tentait de retrouver le sentier. « Je me suis fait peur, franchement. J’ai vraiment eu mal au coude. Je dois tomber de trois mètres en chute libre juste devant Maud. J’ai vraiment cru que tout était terminé. Regardez, je suis tout cabossé de partout. Bon ensuite, j’ai retrouvé le sentier et je suis parvenu à me reconcentrer. »

Avec cette chute, Cédric Fleureton voit Julien Rancon revenir sur lui et le doubler. Mais le champion en titre revient, passe et donne tout dans la dernière montée au Sancy avant de faire une descente à bloc et de s’imposer.

Thibault Baronian pour sa première participation sur les championnats de France se classe troisième. Heureux ! « C’était LE rendez-vous de ma saison, et je savais que je pouvais faire quelque chose. Je m’étais bien préparé et j’ai réalisé la course que je voulais alors je suis content. On est partis vite, un groupe de cinq, puis Cédric Fleureton et Julien Rancon se sont détachés et je suis resté avec Romain Maillard. Je savais qu’il ne fallait pas s’énerver et que devant ils étaient plus forts. Ensuite, j’ai accéléré comme prévu dans la montée du Puy du Sancy. J’étais attendu car je fais une belle saison sur ces formats de course, je suis content de réaliser cette belle place. Aujourd’hui, c’est aussi les Virades de l’espoir alors je veux dédier cette belle place à tous les malades. »

« Cédric était plus fort aujourd’hui, » admet de son côté Julien Rancon. « C’était très moyen en sensations. Je suis revenu parce qu’il a chuté sinon je ne serais jamais revenu. Ce n’est pas la bonne année, cette saison ce n’est pas terrible. Bon j’étais pas si mal au début, on était avec les concurrents du 60 km et ce n’était pas facile car il fallait les doubler sur des chemins très étroits. C’était limite dangereux parfois. Du coup, je l’ai laissé ouvrir. Je dois dire que ce n’était pas terrible car c’est gênant pour eux comme pour nous. Ils sont sympas mais on se gêne mutuellement et ce n’est pas évident pour eux. Ils nous disaient même que ça leur mettait un coup au moral. Je pense que le timing des départs n’était pas le bon. Ça n’a pas changé le résultat mais pour tous cela aurait été plus confortable. Bon concernant Cédric, je ne pouvais pas le suivre. Il faisait le trou dans les descentes et je ne parvenais pas à combler dans les montées. Et puis à la fin, il a vraiment fait l’effort et creusé l’écart. Il était plus fort, c’est tout. »

Des champions heureux. Un petit couac au niveau des horaires de courses avec un 34 km revenant trop vite sur les concurrents du 60 km. Mais de belles batailles et une superbe ambiance avec des spectateurs sur tout le parcours. Une ambiance telle que nombre de coureurs osaient dire « c’est spécial ici quand même ! Ils sont incroyables ces Auvergnats, ils sont partout même tout en haut ! »

Les résultats

Hommes