Cette huitième édition de l’Eco Trail de Paris est partie vite, très vite. 15,6 km/h de moyenne dans les premiers kilomètres, Yoann Stuck dynamite d’entrée de jeu la course et prend seul la tête. Une stratégie réfléchie puisqu’il déclarait à l’arrivée : « Je savais qu’il allait y avoir un gros groupe au départ et du coup, j’ai voulu courir à un rythme un peu au-dessus pour me détacher des cadors. » Derrière lui, un petit groupe se forme avec notamment Emmanuel Gault, Erik Clavery, Fabien Chartoire ou encore Bertrand Collomb Patton.
Yoann Stuck possèdera jusqu’à deux minutes d’avance au pointage de Buc après 22 kilomètres de course. De son côté, Erik Clavery, champion du monde trail en 2011 a déjà abandonné, victime d’une élongation à la cuisse au 17ème kilomètre.
A la sortie de ce ravitaillement, les coureurs font face à la première grosse difficulté du parcours, une côte à pic qui serpente dans les bois surplombant la petite rivière en contrebas. Yoann Stuck déroule, foulée souple et grand sourire aux photographes en arrivant en haut.
Derrière lui, Fabien Chartoire et Emmanuel Gault se tiennent dans un mouchoir de poche et courent ensemble depuis plusieurs kilomètres déjà. Un trio de tête qui restera d’ailleurs inchangé jusqu’à l’arrivée mais pas dans cet ordre…
Du côté des femmes, Simona Morbelli a pris les rênes et s’est forgé une avance de deux minutes sur ses concurrentes les plus proches, Badia El Hariri et Sylvaine Cussot.
Aux alentours du 30ème kilomètre, coup de théâtre ! Yoann Stuck se perd, effectuant plus d’un kilomètre avant de réaliser son erreur et de rebrousser chemin. Emmanuel Gault et Fabien Chartoire en profitent et prennent alors les commandes. Chez les femmes pas de changement, Simona Morbelli est fermement accrochée à sa première place mais elle commence à se plaindre de maux de ventre.
Perché sur les hauteurs et dominant Paris, l’Observatoire de Meudon marque le passage du 45ème kilomètre. Il voit passer en tête le duo Gault-Chartoire avec environ trois minutes d’avance sur un Yoann Stuck qui grappille lentement son retard. Simona Morbelli mène toujours chez les femmes mais le visage de l’Italienne est marqué par l’effort, contrastant avec les grands sourires de Badia El Hariri et Sylvaine Cussot qui la talonnent toujours.
Emmanuel Gault : « Quand ça tourne comme ça, c’est super »
Dix kilomètres plus tard, c’est Fabien Chartoire qui craque et laisse Emmanuel Gault s’envoler seul vers la victoire. Le coureur originaire du Massif central a même cru sa course terminée. « Tout allait bien jusqu’au 55ème km et là, j’ai eu un gros blanc, plus de son, plus de lumière, rien du tout… Je ne me voyais pas aller au bout et il m’a fallu 10 kilomètres pour me remettre dans le coup », déclarait-il, exténué à l’arrivée. Une défaillance dont profite Yoann Stuck qui reprend la deuxième place du podium pour ne plus la lâcher.
Mais c’est bien Emmanuel Gault qui triomphe pour la troisième fois sur cette course et qui signe le doublé après sa victoire en 2014. Une victoire chargée d’émotions puisque c’est un Manu en larmes qui prend sa fille dans ses bras après avoir vaincu les 80 km et 360 marches du premier étage de la Tour Eiffel. « C’est une super journée, j’avais ma fille en tête tout le temps et je me suis dit « si tu fais ça pour elle, c’est vraiment top ». Mais c’était vraiment dur avec des temps de passage super rapides. J’avais l’impression qu’on allait au casse pipe et on a dû accélérer l’allure très rapidement avec Fabien. J’avais des bonnes jambes et je me sentais vraiment bien, j’en avais sous le pied et je me suis régalé sur la fin de course. Quand ça tourne comme ça, c’est super », concluait-il dans un sourire. Yoann Stuck (5h49mn12s) et Fabien Chartoire (5h51mn16s) complètent le podium, séparés par seulement deux minutes.
« J’ai essayé de revenir après mon erreur, ce que j’ai fait mais j’y ai laissé beaucoup de jus et j’ai galéré sur les quais pour finir. Je double Fabien juste sur la fin mais Manu était imprenable aujourd’hui, » explique Yoann Stuck . « Je me tourne maintenant vers le Trail Tour National et la CCC qui sont mes prochains gros objectifs avant un ultra au Canada (125 km)« . Pour Fabien Chartoire en revanche, c’est l’heure des interrogations. « Je ne suis pas sûr d’être bien fait pour le long et il a vraiment fallu s’arracher pour finir. Mais c’est une belle troisième place et je fais quasiment le même temps que l’année dernière alors qu’il y a les marches de la Tour Eiffel, très compliquées d’ailleurs pour finir… Je voulais faire les France de 100 bornes mais je me pose des questions du coup. Je pense que les formats 3-4 heures me conviennent mieux. »
Badia El Hariri crée la surprise
Chez les femmes, le suspens aura été intense jusqu’au bout et Emmanuel Gault a longtemps espéré voir sa compagne, Sylvaine Cussot, émerger en tête des marches de la dame de fer. Mais c’est finalement Badia El Hariri qui s’impose, à sa plus grande surprise. « Je visais le podium et je rêvais de la victoire mais très sincèrement, Simona semblait tellement forte que je me suis dit, cette année, ça sera pas pour toi. J’avais mal au ventre et je voulais au moins accrocher la deuxième place mais sur les quais on ma dit que je n’étais plus qu’à vingt secondes. Alors j’ai débranché le cerveau, comme sur un 5 000 mètres piste, j’ai regardé la Tour Eiffel droit devant et j’ai foncé ! », concluait-elle, grand sourire au lèvres.
Sylvaine Cussot monte sur la deuxième marche du podium après un sprint qui la voit dépasser Simona Morbelli juste avant les marches de la Tour Eiffel. « Je m’étais dit, il ne faut pas que je m’emballe au départ sur la première partie roulante et après fournir mon effort sur les portions vallonnées où je suis le mieux en général. Sauf que j’ai suivi les filles et ça allait très très vite. On est passées en 1h40mn au 22ème kilomètre et je me suis demandée si ça allait tenir. Finalement, on m’annonce que je n’ai qu’une minute de retard en arrivant sur les quais et je raccroche Simona vraiment sur la fin mais Badia a été vraiment très forte. Elle allait vraiment vite! »
Simona Morbelli complète le podium, les trois premières se tenant en moins de trois minutes après une bataille de près de sept heures !
Et des heures, il en faudra bien plus au reste du peloton pour franchir cette ligne d’arrivée perchée à 115 mètres de hauteur.
Alors que les vainqueurs fêtent leur victoire et montent sur podium, les coureurs encore en course ont jusqu’à une heure du matin pour rallier la Tour Eiffel et recevoir leur précieux tee-shirt de finisher.
Les résultats
Hommes
- Emmanuel GAULT (France), 5h35mn02s
- Yoann STUCK (France), 5h49mn12s
- Fabien CHARTOIRE (France), 5h51mn16s
- Vivien LAPORTE (France), 5h53mn31s
- Richard LA COCK (Afrique du Sud), 5h53mn49s
- Thomas SAINT GIRONS (France), 5h54mn47s
- Eric PLENNEVAUX (Belgique), 5h58mn24s
- Bertrand COLLOMB-PATTON (France), 6h04mn17s
- Frédéric LEJEUNE (France), 6h11mn36s
- Francis GARNIER (France), 6h12mn11s
Femmes
- Badia EL HARIRI (France), 6h56mn39s
- Sylvaine CUSSOT (France), 6h58mn23s
- Simona MORBELLI (Italie), 6h59mn21s
- Anne VALERO (France), 7h39mn38s
- Fanny COYNE (France), 7h52mn36s
- Laura COYNE (France), 7h52mn37s
- Géraldine HEUZE (France), 8h00mn04s
- Isabel MOLEIRO (Portugal, 8h12mn39s
- Marie FROTTIER (France), 8h16mn30s
- Agnès FRANCASTEL (France), 8h24mn01s
Les résultats complets du 80 km de l’Eco-trail de Paris
Les statistiques
Nombre de partants : 1734 dont femmes : 162 (9,34% des partants)
Nombre d’arrivants : 1559 (89,91% des partants) dont femmes : 150 (9,62% des arrivants) (92,59% des partantes)
Nombre total d’abandons : 161 (9,28% des partants)
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