Les résultats des championnats d’Europe de course en montagne (Gap, 05), le 12 juillet 2014

Championnat d'Europe de course en montagne à Gap en 2014 — Renaud Jaillardon, Julien Rancon et Benjamin Bellamy

Il est arrivé épuisé, s’est allongé sur le sol tentant de reprendre son souffle puis s’est pris la tête entre les mains avant de s’échapper et de s’isoler. Julien Rancon vient de terminer sixième des championnats d’Europe de course en montagne qui se déroulaient en ce samedi 12 juillet 2014 à Gap.

Fer de lance depuis plus de dix ans, il avait tout misé cette saison sur ces championnats d’Europe de course en montagne, « c’était MON objectif . » Une sixième place et un chrono de 57mn28s ne pouvaient donc le satisfaire même s’il affirmait la veille que ce serait « bien dans les dix, très bien dans les cinq et un exploit sur le podium. »

Alors que la pluie tombe légèrement sur cette dernière course de la matinée, le licencié de l’Entente Grenoble a adopté une stratégie d’attaque et affiché ses ambitions. « On ne peut réussir une grosse course si on ne reste pas collé aux hommes de tête et si on ne tente pas quelque chose. » Certains diront qu’il s’est peut être trop montré, qu’en attaquant le deuxième tour en deuxième position derrière l’Italien Bernard Dematteis (tenant du titre, 5^ème et 1^er européen lors des championnats du monde) il a trop puisé mais il semble qu’au vu du plateau tel était le bon pari « On ne peut pas faire quelque chose sur des championnats du monde si on ne prend pas tous les risques et si on ne reste pas avec les meilleurs, » commente Isabelle Guillot quatre fois championne du monde de course en montagne en 1989, 1991, 1993 et 1997 et auteur du tracé de ces championnats d’Europe.

« Il fallait partir devant, je n’avais pas le choix. J’ai choisi de prendre la foulée du Turc Ahmet Arslan (six fois champion d’Europe) mais il a coincé et termine loin du podium (8^e). J’ai donc choisi d’attaquer et de me montrer mais c’était trop fort devant. J’ai fait une bonne course mais pour être dans les cinq voire sur le podium, il fallait sortir la grosse course, je ne l’ai pas fait. Il y avait de la densité, du niveau, je pense que je suis à ma place, il faut l’accepter. On termine troisième en équipe malgré l’abandon de Manu Meyssat, c’est bien. Manu a fait le marathon du Mont-Blanc (12^e) il y a quinze jours, c’est mon ami mais j’espère que ce n’est pas la raison de son abandon car il faut vraiment que tout le monde joue le jeu lorsque l’on est en sélection. Heureusement que cela ne nous coûte pas la médaille. »

Pour Manu Meyssat ce fut évidemment la déception. Dans la descente de la première boucle, ses quadriceps ont tétanisé l’empêchant de courir. « Ce ne sont pas les suites du Marathon du Mont-Blanc car j’étais bien, très bien même. J’avais la sensation que je pourrais faire une grosse course, mais c’est un problème que j’ai depuis trois ans maintenant sur les grosses descentes et que personne n’explique. Je vais devoir chercher les causes car ça ne peut plus durer. » Un abandon qui n’a donc pas empêché la France de grimper sur le podium avec les places de Renaud Jaillardon (59mn23s) et Benjamin Bellamy (59mn26s), respectivement 12 et 13^e.

Les Italiens dominent

Les Italiens affirment quant à eux leur supériorité avec la victoire sans contestation de Bernard Dematteis (56mn10s), suivi de l’Anglais Robbie Simpson (56mn19s) et du frère jumeaux du vainqueur, Martin Dematteis (56mn32s).

Chez les femmes, les résultats des Françaises sont un plus mitigés et l’absence d’Aline Camboulives (qui s’oriente vers le trail) s’est fait sentir. Christel Dewalle (43mn09s) termine 11^e, Lucie Jamsin 16^e (44mn04s), Anais Sabrie 26^e, (45mn09s) Hafida Gadi Richard 35^e (45mn40s). « Aujourd’hui on m’a dit que je courais comme un éléphant ! Je rigole mais c’est vrai, » raconte Christel Dewalle. J’ai 31 ans mais encore plein de choses à apprendre car en fait je suis plus une marcheuse qu’une coureuse ! J’ai pourtant appris à aimer ça. J’ai eu des soucis de santé qui m’obligent à porter un stent ce qui fait que j’ai peur en descente mais il n’y a plus vraiment de raison, je vais donc travailler ça car j’aimerais vraiment m’améliorer. Je vais aussi me recentrer sur les distances inférieures ou égales au marathon mais toujours en montagne car cela me convient mieux. Je travaille maintenant avec Jean Louis Bal. Je sens que je progresse et prends plus de plaisir. » Elle sera demain au départ du 32 km de l’Ice trail Tarentaise après quatre heures de route….

Un bilan junior moyen malgré les filles en bronze

En junior, les garçons ont tenu leur rang avec une 6e place par équipe même si au niveau fédéral on espérait une cinquième place. Les filles ont quant à elles été à l’attaque à l’image d’Elsa Racasan, 8e en 23mn13s. « La troisième place par équipe est une belle récompense car elles sont très solidaires depuis les France de montagne. Il y a Elsa mais aussi Salome Baudoin 14^e (23mn45s), Elise Poncet 15^e (23mn47s) et Julien Tourtet 32^e (25mn04s). La course en montagne est un atout pour tous ces jeunes garçons et filles qui font de la piste, cela les renforcent musculairement et il n’est pas nécessaire qu’ils fassent trop de séances spécifiques pour être performants, » commente Laurence Vivier, entraîneur des jeunes.

A l’heure des bilans, les représentants de la Fédération restaient un peu sur leur faim. « Il faut être honnête, on espérait mieux. On courait à domicile et en dehors des juniors femmes et des seniors hommes qui ramènent une médaille de bronze par équipe… On se fait même battre par les Anglais chez les hommes alors que l’on ne les attendait pas à ce niveau. Les Italiens confirment leur supériorité et les Turcs qui étaient si forts notamment chez les jeunes ne sont pas sur les premières marches. C’est la petite surprise de ces Europe. En ce qui concerne l’Equipe de France, on ne va pas se voiler la face, on est à notre place avec des garçons qui semblent s’intéresser à la montagne et des filles qui ont répondu présent. Il nous manque un athlète sur un podium en individuel et je dois dire que je suis déçu pour Julien tant au niveau du sportif que de l’être humain. C’est une référence dans la course en montagne en France et il aurait mérité une meilleure place. Mais 6^e c’est excellent compte tenu du niveau présent aujourd’hui, mais je comprends sa déception« , conclut Patrice Binelli, référent de la course en montagne au sein de la fédération Française d’Athlétisme.

De son côté, Julien passe du dépit, à la colère puis aux larmes. Derrière sa capuche, il évacue petit à petit la tension et finalement parvient à retrouver un brin de sourire lors d’une séance photos avec l’ensemble de l’équipe nationale. Mais surtout ne lui demandez pas ce qu’il compte faire maintenant et sur quelle ligne de départ on le reverra…. Pour l’instant, il n’en sait rien et ne veut pas y penser.

Les résultats

Juniors femmes