Il fait froid. En ce dimanche 14 octobre 2012, il pleut sans discontinuer depuis 10 h, heure des premiers départs. Quelques heures plus tard, à la recherche d’un petit coin sec, les coureurs se glissent dans les cafés, sous les bâches installées Stade Emile Antoine, dans les couloirs de la station du RER C, dans la salle de massage afin de se changer et se réchauffer. Après l’effort, les jambes tétanisent, les corps sont parcourus de frissons et les dents claquent, tous les moyens sont bons pour reprendre du poil de la bête !
Et pourtant pas un n’a le verbe haut ou la petite phrase amère. La satisfaction du devoir accompli semble encore plus forte que la déception d’avoir couru dans de si mauvaises conditions.
Pierre Hubert Berteli, 46 ans, venu du Kremlin-Bicêtre (94), éboueur de la mairie de Paris court depuis les années 80 « depuis l’armée, en fait ». Il s’aligne sur des distances variant de 10 à 50 km en fonction des opportunités sans jamais avoir couru de marathon. « Un jour peut-être, surement ». Du trail à la route, il recherche le plaisir, les pelotons. « Je cours trois fois par semaine, seul alors j’aime me retrouver dans les pelotons. Je m’entraîne à l’instinct, 1h, 1h30 ou 2h et plus en fonction de mes objectifs. » Habitué des 20 km, il a connu tous les temps et éprouve chaque fois le même plaisir en franchisant la ligne d’arrivée. « On a eu un peu froid au départ, mais après je me suis vite réchauffé. C‘est beau aussi sous la pluie, c’est une autre course mais les quais c’est magique quand même. Bon je dois avouer que sur les derniers kilomètres c’était un peu dur et là je tétanise mais c’est bon aussi de terminer dans de telles conditions. Je ne sais pas combien temps j’ai mis mais peu importe (1h46mn44s, ndlr). »
Afin de fluidifier le peloton de plus en plus dense chaque année, les organisateurs avaient cette année opté pour un départ par vagues. Il y eut bien sûr quelques tricheurs comme d’habitude mais dans l’ensemble, les volontaires réussirent à contenir chaque groupe afin que les 5 mn entre chaque vague soit respectée. Une opération qui permit de permettre à chacun de courir pratiquement à son rythme même s’il y eut encore quelques bouchons inévitables lors du rétrécissement des rues ou comme de tradition à l’entrée sur les quais.
« C’est aussi de ma faute, je suis partie avec la dernière vague car je discutais avec des amis et je n’ai pas vu l’heure. De fait, je me suis retrouvée un peu coincée», commente Emmanuelle Foulon, 43 ans, habitant Asnières (92). « Je cours une à deux fois par semaine et je fais deux courses par an. Cette année, j’ai fait la Transbaie et aujourd’hui les 20 km. Je les ai courus plusieurs fois et j’ai connu de belles années sous le soleil et avec un temps très doux parfait pour courir. Aujourd’hui, ce fut une autre expérience ! Mais je suis ravie, je ne me suis pas fait mal et je dois réaliser un temps bien mieux que je ne le pensais. Je dois être autour d’1h45 alors que je visais autour d’1h47. Mais heureusement que j’avais gardé mon coupe-vent, sinon j’aurais eu froid. En ce qui me concerne, jusqu’au 10e km, ce fut parfait. Ensuite hé bien j’ai cru que l’on était au 18e alors que j’étais au 16e, ce fut dur. J’ai souffert pendant deux kilomètres et ce fut la libération lorsque j’ai enfin vu ce panneau des 18 km ! Après j’ai tout donné. Je suis contente. » Elle boucle son parcours en 1h45mn25s.
Si les Parisiens étaient en nombre, des provinciaux étaient aussi au rendez-vous, venus du sud de la France. A l’image de
Laurent Frot-Coutaz, Niçois (1h33mn35s). « C’est mon troisième 20 km de Paris, j’aime bien cette épreuve. Je viens aussi parce que mon CE chez Arkopharma prend en charge 50% de nos frais. Mon meilleur temps ici est à 1h31, je dois faire 1h33 mais vu les conditions c’est pas mal. C’est dommage la pluie mais bon on ne monte pas à Paris pour le soleil ! C’est plus gênant lorsque c’est l’inverse lorsque des coureurs viennent courir à Nice ou Marseille comme parfois sur Marseille-Cassis ! La pluie n’était pas trop embêtante en fait. C’est une super épreuve et un vrai plaisir de parcourir l’avenue Foch et les quais. L e seul reproche que j’ai envie de faire c’est le fait que les coureurs ne se mettent pas dans les bons sas, j’ai l’impression d’avoir doublé du monde tout au long des 20 km. Mais bon lorsque l’on vient ici on le sait. J’ai fait une belle course et je suis heureux. »
Hocine Zeggane, 42 ans, est quant à lui monté de Marseille (1h24mn10s). « Je suis venu en 2010, il faisait si beau. Bon depuis vendredi on sait que la météo sera mauvaise, on se prépare et on y va. Je voulais faire moins d’1h25, je dois faire 1h24mn12s dixit ma montre, alors… ça va. Je ne dirais pas que ce fut agréable mais ce ne fut pas si gênant et je n’ai pas eu froid. J’ai noté que grâce aux modifications sur le parcours on courait plus facilement à son rythme. Mon seul regret, est qu’on ne passe pas à côté de l’Arc de Triomphe. On ne le voit que si on tourne la tête vers la droite en rentrant dans l’avenue Foch, ce que l’on ne fait jamais ! ».
Devant, loin devant, l’élite n’a certainement pas pris le temps de regarder le paysage ni de tourner la tête. Le rythme fut soutenu avec un passage à mi-parcours, en 28mn55. Au 16ème kilomètre, le Kenyan Evans Kiplagat accélère. A l’entame du dernier kilomètre, il devance de quelques mètres le Kényan lfred Cherop et le Burundais Ezechiel Nizigiymana. Mais sur l’emballement final, le Burundais se montre le plus fort. Il franchit la ligne en 58mn12 devançant Evans Kiplagat de 4s et lfred Cherop de 9s.
Chez les femmes, la Kényane Cynthia Jerotich et la Turque Elvan Abeylegesse placent leur attaque au niveau du Pont de l’Alma et se livrent une belle bataille. L’Africaine prend le dessus et s’impose en 1h05mn36s à six petites minutes du record de l’épreuve.
Au final, encore une 34e édition de bon cru malgré les conditions. Et une thématique plutôt bien choisie car ces 20 km 2012 furent bel et bien une Seine de tous les exploits.
Les résultats
Hommes
1. NIZIGIYMANA Ezechiel (Burundi), 58mn12s
2. KIPLAGAT Evans (Kenya), 58mn16s
3. CHEROP Alfred (Kenya), 58mn21s
4. KENESI Geoffrey (Kenya), 58mn26s
5. WNEDEM SIGAT Gereme (Ethiopie), 58mn32s
6. NAILEL Hoseah (Kenya), 58mn33s
7. WELDESILASIE Dawit Ethiopie), 58mn34s
8. MEKONEN Tekle (Ethiopie), 58mn43s
9. ROTICH Lawrence (Kenya), 59mn38s
10. THEURI James (France), 59mn43s
11. HAKIZIMANA Gervais (Rwanda), 59mn46s
12. CHELANGA Evans Kibet (Kenya), 59mn58s
13. Brezinski BLAZEJ (Pologne), 1h00mn55s
14. GIZYNSKI Mariusz (Pologne), 1h00mn56s
15. BELOUA Brahim (Maroc), 1h01mn00s
16. CHERUIYOT Koech Julius (Kenya), 1h01mn02s
17. MUNYUTU Simon (France), 1h01mb33s
18. KIPKOSGEIi Chelanga Abraham (Kenya), 1h01mn34s
19. LEMA FEYISA Debela (Ethiopie), 1h01mn40s
20. MOUHSSIN Moubssit (Maroc), 1h01mn58s
Femmes
1. JEROTICH Cynthia (Kenya), 1h05mn36s
2. ABEYLEGESSE Elvan (Turquie), 1h05mn42s
3. KIPSOI Gladys (Kenya), 1h07mn01s
4. LEWANDOWSKA Iwona (Pologne), 1h07mn20s
5. TAYE Meseret (Ethiopie), 1h08mn06s
6. Sarah CHEPCHIRCHIR(Kenya), 1h08mn10s
7. Haftu Abay ZENEBU, (Ethiopie), 1h08mn23s
8. Jebichi YATOR, (Kenya), 1h08m40s
9. Rasa DRAZDAUSKAITE, (Lituanie), 1h09mn08s
10. Abebe Zelalem BEKELE (Ethiopie), 1h09mn27s
…
14. Corinne HERBRETEAU (France), 1h12mn42s
Les classements complets des 20 km de Paris 2012
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