L’idée symbolique de la course était de quitter l’univers himalayen et minéral de l’Annapurna Base Camp (4130 m) en touchant de la main, la neige et la moraine du Sanctuaire des Annapurnas. De traverser toutes les strates de la géologie népalaise… Pour arriver dans l’ambiance tropicale de Pokhara (840 m) en se mouillant le visage avec les eaux du Lac Pewa, face au Temple de Varahi (770 m). Et tout cela en une seule étape !
Voici le programme de cette première édition de l’Annapurna Ultra-Mountain (AUM) qui s’est disputée sr 3 novembre 2012.
La partie compétition était précédé d’un trek d’acclimatation de cinq jours (120 km, +6000 m, -3000 m), avec un passage à Poon Hill (3194 m). 40 coureurs et 10 marcheurs s’étaient lancé dans cette aventure. Chez les hommes, le Népalais Upendra Raï s’est imposé en 8 h 54, devant le Breton Frédéric Cantin (Team Opel Saint-Brieuc, en 9 h 01) et un autre Népalais, Phu Dorjee Sherpa (9 h 09). Le Népal avait présenté dix coureurs (7 hommes et 3 femmes). Guillaume Millet, victime d’une intoxication alimentaire durant le trek et la semaine d’acclimatation, n’a pu participé. Il a suivi le programme des marcheurs. Au féminin, la victoire est revenue à Magali Juvenal (6e au scratch). Elle a devancé Virginie Hernandez et Nathalie Roy. Les trois Népalaises ayant payé leur départ trop rapide…
La bonne surprise de cet AUM 2012, est la seconde place de Frédéric Cantin. Habitué des grandes courses himalayennes (10e de la Mandala 2004 et 8e Himal Race 2007), le Breton du Team Opel Saint-Brieuc avait marqué les esprits dans le milieu de l’ultra-mountain en terminant 19e de l’UTMB en 2011. Vainqueur de la seconde manche du Ouest Trail Tour 2012/2013 (Championnat de Bretagne de trail) avant son départ pour le Népal, Frédéric Cantin (40 ans) a montré ses qualités de coureur à pied (2 h 38 sur marathon) pour revenir sur la tête de course au km 60, avant de subir l’accélération final du Népalais Upendra Rai dans les 10 derniers kilomètres. Quelques heures après son arrivée à Pokhara, dans l’attente de l’arrivée de sa fille, Audren (13 ans), qui participait au programme marcheur, il raconte l’une de ses plus belles courses de sa carrière…
« Nous sommes arrivés jeudi après-midi, au Machhapuchhare Base Camp (3700 m), au terme de cinq jours de trek de toute beauté et truffé de difficultés que je n’imaginais pas… A ma grande surprise, Audren a avalé les dénivelé avec une motivation que je n’espérais pas… Tant mieux. Pourtant, il y a eu une petite inquiétude, mardi soir, puisqu’elle avait mal au ventre, lors du repas du soir à Tadapani (2720 m). Coup de chance, avec la diète du soir et les cachets, elle était sur pied le lendemain pour une étape de 7 h 30 de marche… Ouf ! Puis, ce fut à mon tour d’être malade, le mercredi soir, à Dobhang (2540 m) : intoxication alimentaire. Du coup, la fin du trek fut très difficile à réaliser. Mais les conseils de Maryse (Dupré) et Bruno (Ringeval) m’ont remis sur pied en quelques heures. Avec ces soucis, je ne donnais pas chère de ma peau à deux jours du départ… Et pourtant, la course fut presque parfaite pour moi.
Après la marche d’approche d’une heure trente, qui nous a emmené du Machhapuchhare Base Camp (3700 m) à l’Annapurna Base Camp (4130 m), le départ de la course (6 h 36) a été très rapide de la part des sept coureurs locaux (Phu Dorjee Lama Sherpa, Upendra Sunuwar, Deepak Raï, Jorbir Raï, Bhim Yasisa Raï, Rajman Maharjan et Sanji Raï, ndlr). Malgré tout, je décide d’emboîter le pas. Après l’acclimatation progressive que nous avons connu, les jambes sont bonnes…
Rapidement je me place en 4e position et après avoir été double par Deepak, je passe 5e après 25 km de course. Comme tous les coureurs, j’ai alors subi la chaleur des vallées (+25°) et les forts dénivelés qui tranchaient avec ceux du départ et les -5 degrés à l’Annapurna Base Camp. Il était difficile de manger, alors j’ai alterné coca et eau en me forçant à absorber quelques barres chocolatées. A 10 km de l’arrivée, avant d’attaquer la vertigineuse descente (km 65) entre Sarangkot (1592 m) et Pokhara (840 m), j’ai repris Phu qui était en compagnie de Upendra. L’explication commence alors… Mais c’est Upendra qui sera le plus fort. Cependant, j’ai réussi à suivre Phu dans la descente Sarangkot (2 km, – 700 m) et à le lâcher dans les 4 derniers kilomètres, le long du Lac Pewa. Mais Phu était affaibli par un manque de sucre (hypoglycémie).
Au final, je suis arrivé à 15 h 37, face au Temple de Varahi, à Pokhara. J’ai donc terminé deuxième en 9 h 01, sept minutes derrière Upendra (8 h 54) et 8 devant Phu (9 h 09). Au terme de cette superbe semaine, dans un super concept, car j’ai pu faire découvrir le Népal à Audren, et grâce à une acclimatation bien dosée, le contrat a été plus que rempli que moi. »
Om…
La seconde édition de l’Annapurna Ultra-Mountain aura lieu en avril ou novembre 2014. Renseignements et contact : www.leschevaliersduvent.fr
Nota. En préambule à l’Annapurna Ultra-Mountain, il était possible de participer à un programme alpinisme. Cinq personnes ont tenté l’ascension du Chulu Far West (6059 m). Jean-Marc Wojcik, Patrice Coutaz, Philippe Pias, Virginie Duterme et Maryse Dupré ont tous atteint le sommet. Dans la foulée, Maryse Dupré a participé à l’AUM 2012 et terminé la course.