« Il a tenu, vous voyez « . Une équipe de trois copains s’est placée sur la gauche de la ligne d’arrivée au coeur du stade Gerland. Dans une lumière tamisée, un homme surgit, incrédule, regardant en haut, sur les côtés, prenant sa tête entre ses mains puis levant les bas au ciel. Benoit Cori inconnu du grand public et qui plus est du peloton, crée l’une des plus grosses surprises de la saison en reportant la 60e édition de la Saintelyon.
Le militaire de 31 ans, en poste à Ustaritz (près de Bayonne) au RPIMA, en mission régulièrement (il revient de 4 mois au Mali) court depuis 6/7 ans régulièrement mais ne peut se permettre de prendre un dossard un an à l’avance. « Je suis dans l’armée de terre, et je ne peux planifier à long terme. Vous ne pouvez donc me voir sur des grosses courses. En plus, je suis parti la moitié de l’année alors si, quand je suis là, je dis à ma femme et mes enfants que je pars le week-end pour une compétition, ça ne peut pas aller, ni pour eux, ni pour moi. »
Mais attention, si l’homme est humble et ne semble toujours pas comprendre, une heure après avoir franchi la ligne, ce qui a bien pu lui arriver, il présente à son palmarès une 3e place aux 100 km de Millau en 7h55mn en septembre 2013, il y a moins de trois mois. Il compte aussi une deuxième place sur le trail des étoiles dernière Antoine Guillon. Toutefois, il n’avait encore jamais couru un trail de nuit ni sur une telle distance et rien ne laissait penser à ses poursuivants qu’il serait en mesure de tenir. « C’est peut-être ce qui m’a sauvé car du coup ils m’ont laissé partir en pensant que j’allais exploser en vol. » Sur le chemin de sa victoire trois hommes l’ont suivi kilomètre après kilomètre. A chaque ravitaillement, ils étaient là, à l’écoute de ses moindres besoins et lui tendant une banane et du coca coupé avec de l’eau. « Ca suffit pour courir !« . En fer de lance, un homme, son demi-frère. Les deux hommes sont issus d’une famille recomposée, mais on a grandi « comme deux frères, on avait dix ans » ! Maxime est l’aîné d’un an, c’est lui qui a organisé le séjour du futur vainqueur en l’hébergeant et surtout en lui prenant un dossard. L’un des protagonistes de cette superbe performance, donc. Mais Benoit Cori n’oublie pas sa femme qui, durant ces quinze derniers jours, a pris sa diététique en main. « D’habitude je suis plutôt Nutella et snikers ! Là, j’avais supprimé l’alcool et toutes les cochonneries : des pâtes le midi, des légumes le soir et j’ai perdu 3 kg ! »
« Jamais je n’aurais cru pouvoir faire ça mais tant qu’à être présent autant tout donner et vaille que vaille. Tout s’est déroulé parfaitement, c’est énorme, il n’y a que le sport qui peut vous faire vivre de telles émotions.«
Quatorze minutes plus tard, Emmanuel Gault franchit la ligne. Déçu et éprouvant quelques difficultés à le cacher. Après une année de blessures et de malchance, le vainqueur 2012 (voir le compte-rendu 2012) monte pour la quatrième fois sur la deuxième marche du podium. « Après mon année, je dois relativiser. C’est « ok » une deuxième place même si ce n’est pas ce que je voulais et on n’a rien pu reprendre à Benoit que je ne connais pas. Pourtant avec Thomas (Lorblanchet, ndlr) on a tout donné. J’attends avec impatience 2014. »
Sur la troisième marche, surgit Alexandre Mayer tandis que Thomas Lorblanchet se classe quatrième et souffle « les derniers kilomètres furent les plus durs de la saison. J’espère que ce sera moins compliqué l’année prochaine. Ma préparation a été un peu difficile car j’ai un peu trop fêté les Templiers. La SaintéLyon sourit aux audacieux et aux hommes les plus frais, ce n’était pas mon cas aujourd’hui. De plus j’ai eu des problèmes gastriques et sur 5h d’effort ça ne pardonne pas. » Sur le côté, Alexandre Mayer est lui tout sourire après une belle saison et notamment une 16e place à l’UTMB. A 34 ans, le résident de Forbach a une carrière sportive sur route et trail, avec un meilleur chrono sur marathon à 2h50 « il y a dix ans ! ». Depuis il ne cesse de gravir des marches entre Saint-Etienne et Lyon. A près un abandon en 2011, il se classe 4e l’an passé et donc 3e cette année. « On va déjà savourer et puis on verra pour la suite. J’ai pris un entraîneur depuis deux mois qui axe mon travail sur la qualité et moins sur la quantité. Sur l’Endurance Trail aux Templiers, j’étais parti trop vite et j’ai explosé. Là, on a décidé de tout faire au cardiofréquencemètre et de voir où ça me mènerait. Ca semble être la bonne tactique. J’ai commencé le trail il y a 5 ans seulement, et j’ai rêvé en voyant toutes les victoires et tous les articles sur Thomas Lorblanchet. Ca m’a fait tout drôle lorsque je l’ai doublé. Je l’ai reconnu à ses chaussures !«
Si un homme est sorti de l’ombre pour s’imposer, chez les femmes, c’est une figure bien connue qui a surgi, dans l’anonymat le plus complet sans banderole pour l’accueillir (dommage !). Maud Gobert, vainqueur 2009, 2010 a renoué avec la plus haut marche du podium dans la plus grande sérénité. Ne sachant pas qui était derrière elle, la Savoyarde de coeur renouait à la compétition avec une année blanche en raison d’une blessure. « J’ai tout coupé, je me suis fait opérer du genou, je me suis occupée de mes enfants. Durant 5 mois, je me suis tenue éloignée même si j’ai regardé les résultats sur internet. J’entamais et terminais ma saison aujourd’hui. Elle s’impose avec 30 mn d’avance sur Laureline Gaussens et Sylvaine Cussot qui terminent dans la même minute. « Je ne m’attendais pas à cette deuxième place. Ce n’est que du bonheur, » commente Laureline qui vient d’entrer dans le team Asics. « Le parcours était très glissant, j’ai dû tomber une bonne dizaine de fois mais c’est le jeu de la SaintéLyon. Et je suis super contente pour Maud qui montre une fois de plus que c’est une grande athlète. » Sylvaine Cussot, sur la troisième marche eut un peu de mal jusqu’à la mi-course en raison de problèmes gastriques certainement dus au froid. « On a terminé au max, je crois que ça a été les deux kilomètres les plus rapides de ma vie, on avait la 4e aux trousses et on voulait assurer le podium. C’est top et Manu fait deuxième, on est tous les deux sur la boite c’est génial », conclut la compagne d’Emmanuel Gault qui n’en finit pas de surprendre et compte encore allonger un peu les distances l’an prochain.
Il est 7h30 du matin, les podiums sont connus. Dans quelques minutes le soleil va se lever et réchauffer les coeurs et les corps des concurrents qui ont passé la nuit dans les monts et le froid, sur la neige et le verglas cherchant le meilleur appui pour ne pas « trop » tomber. Au terme de 75 km, Gerland les attendait avec un superbe soleil qui illuminait cette dernière journée de la Fête des Lumières et la 60e édition de la SaintéLyon.
Les résultats de la SaintéLyon 2013
- Saintelyon – 75 km
Hommes
1. Benoit CORI, 05:32
2. Emmanuel GAULT, 05:44
3. Alexandre MAYER, 05:45
4. Thomas LORBLANCHET, 05:53
5. Mikael PASERO, 06:04
6. Jérémy PIGNARD, 06:06
7. Benoit CHARLES-MANGEON, 06:07
8. Alexandre HAYETINE, 06:09
9. Paul ATTWOOD-PHILIPPE, 06:13
10. Nicolas BICHON, 06:14
Femmes
1. Maud GOBERT, 06:58
2. Laureline GAUSSENS, 07:28
3. Sylvaine CUSSOT, 07:28
4. Christine DENIS BILLET, 07:29
5. Maria SEMERJIAN, 07:52
6. Cécile FAULCON, 08:14
7. Alice OLIVIER, 08:24
8. Fanny COYNE, 08:26
9. Magali MOREAU, 08:35
10. Marylene LYONNAZ, 08:40
Les résultats complets de la saintelyon 2013
- Saintexpress – 45 km
Hommes
1. Pierre CHALANDON, 03:33
2. Bruno REY, 03:33
3. Sebastien FARANO, 03:36
4. Didier GARNIER, 03:43
5. Sylvere PRUVOST, 03:45
Femmes
1. Nathalie PASCAL, 04:10
2. Fanny COSPAIN, 04:18
3. Martine VOLAY, 04:31
4. Juliana CARBONEL, 04:35
5. Estelle RIGAUD,04:38
Les résultats complets de la saintexpress 2013
- Saintesprint – 21 km
Hommes
1. Flavien THOMAS, 00:23
2. Martin REYT, 00:27
3. Rémi THIVOLLE, 00:29
4. Florian AUREILLE, 00:29
5. Stephane BOISHUS, 00:30
Femmes
1. Sophie MARTIN, 00:45
2. Laura CHASTAING, 00:45
3. Camille FAES, 00:48
4. Morgane CHOLAT, 00:50
5. Vanessa DUBOST, 00:51
Tous les résultats de la Saintesprint 2013
Quelques statistiques
Un record de 5 100 finishers sur le 75km solo. Avec moins de 12% d’abandons malgré des conditions difficiles, la 60e affiche un record de finishers.
– Nombre de partants : 5 805 dont femmes : 474 (8,17% des partants)
– Nombre d’arrivants : 5 093 (87,73% des partants) dont femmes : 412 (8,09% des arrivants) – (86,92% des partantes)
– Nombre total d’abandons : 712 (12,27% des partants)
Répartition des partants par catégorie
Femmes |
ES F |
SE F |
V1 F |
V2 F |
V3 F |
||
474 |
5 |
188 |
175 |
94 |
12 |
||
Hommes |
ES H |
JUH |
SE H |
V1 H |
V2 H |
V3 H |
V4 H |
5 331 |
52 |
2 |
2 367 |
2 002 |
785 |
117 |
6 |
Répartition des abandons par catégorie
ES F |
SE F |
V1 F |
V2 F |
V3 F |
||
0 |
26 |
25 |
9 |
2 |
||
ES H |
JU H |
SE H |
V1 H |
V2 H |
V3 H |
V4 H |
10 |
0 |
343 |
205 |
71 |
19 |
2 |
Répartition des abandons sur le parcours
S.Christiphe |
S.Catherine |
Genoux |
Soucieu |
Beaunan |
-30m |
39 |
328 |
162 |
165 |
10 |
1 |
Quelques photos