Les résultats de la Grande Course des Templiers (Millau, 12), le 27 octobre 2013

 Il était écrit que la course serait le théâtre d’une lutte acharnée.

A 4h30 du matin, les rues de Millau sont envahies par des traileurs équipés de la tête au pied, sac à dos bien attachés, bâtons dans la main, running affûtées. Tous se rendent tranquillement vers la zone de départ tentant de faire bonne figure et de ne pas afficher le stress qui monte, qui monte. Près de 3 000 personnes s’apprêtent à affronter les 73 km du tracé 2013 de la Grande Course des Templiers présentant 3 400 m de dénivelé positif.

Les athlètes élites se présentent dix minutes après le départ. Certains visages sont décontractés, d’autres beaucoup plus tendus à l’image de Thomas Lorblanchet qui semble sonder l’état de forme de ses adversaires. Le plateau est de choix, c’est un peu la revanche des championnats de France de trail qui se sont déroulés à Gap le 6 octobre dernier (voir les résultats du trail long et du trail court), les absents en plus, à l’image de Thomas Lorblanchet ou de Thierry Breuil.

A 5h15 top départ devant plus de 5 000 spectateurs. La course part extrêmement vite. « C’est parti comme une balle, » commente ainsi à l’arrivée Erik Clavery qui terminera 9e. « Il faisait chaud (près de 19 degrés, ndlr), je ne sais pas si c’est une raison, mais je dirais que les 100 premiers sont partis comme des fous sur les premières kilomètres de bitume.« 

Le parcours n’est pourtant pas de tout repos puisqu’après seulement deux kilomètres de course, il faut aborder la montée sur le plateau. Sur une piste large mais très pentue, les spectateurs ont pu observer une longue file indienne de frontales formant un ruban lumineux à flanc de coteau. De fermes en fermes, de dépressions en dolines, le peloton a rejoint Peyreleau pour le premier ravitaillement après une descente de la Rouvière, première section en monotrace. Si la tête de course est déjà à l’attaque, aucun écart conséquent n’est constaté. Xavier Thevenard et Thomas Lorblanchet mènent le bal avec Erik Clavery, Michel Lanne, l’Espagnol Miguel Heras à quelques secondes Sylvain Court, Thierry Breuil, Benoit Holzerny et entre autres, Julien Rancon et Sébastien Spehler les deux champions de France de trail court et long. « Avec un tel rythme, je savais que ça finirait mal. Je suis resté dans le groupe de tête car ça allait trop vite pour que l’on puisse se permettre de rester un peu en arrière. Je n’avais pas alors de supers sensations, j’ai commencé à regarder un peu et je me suis aperçu que personne n’était facile... »

C’est alors l’heure de la seconde grande difficulté avec un cheminement à flanc de causse pour retrouver les grands espaces. Il faut aborder la montée du ravin de Malbouche au départ de Peyreleau, passer par la chapelle de St Jean des Balmes et le domaine de la Roujarie avant de retrouver le village caussenard de St André de Vézines. Quinze hommes se tiennent alors en moins de 2 mn, ce sont les mêmes protagonistes. Il faudra encore attendre pour voir se dessiner un podium sachant que ses « mobylettes » sont en avance de près d’un quart d’heure sur les prévisions.

Les voici donc plongeant vers le sud avec passage vers Roques Altes et Montméjean (pour une nouvelle descente) avant de rejoindre la Roque Ste Marguerite, une section nerveuse. Après un passage dans les ruelles de la Roque Ste Marguerite, il faut attaquer la remontée sur le Larzac pour se hisser à Pierrefiche. « C’est toujours là que la course commence vraiment, » commente Thomas Lorblanchet. L’heure d’une petit revue des troupes avec une attaque d’Erik Clavery : « elle fut beaucoup trop brutale, je pense et Erik l’a payé par la suite. » Conséquences : le groupe explose. Thomas Lorblanchet se retrouve avec Julien Rancon et Sébastien Spehler alors que l’Espagnol Miguel Heras passe en tête. « Je le trouvais très facile surtout entre le 50 et le 60e kilomètre, je me suis dit : aujourd’hui c’est pour lui mais j’ai aussi vu au ravitaillement qu’il était très léger, qu’il mangeait peu, buvait peu et surtout emportait très peu d’eau.« 

Le Larzac est très souvent le juge de paix sur les Templiers, ce fut encore le cas. Dans les allées bordées de buis centenaires, sur les monotraces et les passages au dessus des corniches, il fait chaud. Dans le hameau du Massebiau, de nombreux spectateurs se sont massés afin de vivre la course. Dans les lacets surplombant le village, c’est l’heure de la dernière grosse difficulté. Les visages sont marqués. Miguel Heras qui a enlevé son tee-shirt demande de l’eau, il a soif, c’est trop tard. Et s’il est en tête, il marche beaucoup et ne semble pas au mieux. Thomas Lorblanchet pointe toutefois à 3mn50, Michel Lanne à 6mn20, Xavier Thevenard à 6mn30 suivi de Sylvain Court et Nicolas Martin auteur d’une remontée fantastique. Deux hommes ne sont plus en course. Sébastien Spehler,  « plus de jus, plus rien. Je voyais noir. C’était fini, je voulais rallier l’arrivée mais je n’ai pas pu » et Julien Rancon, victime de vomissements. 

Dans le final, avec la montée terrible vers le Cade, Thomas Lorblanchet sait que tout se joue là, lui qui a déjà gagné trois Templiers (2007, 2008, 2010). « J’ai repris Miguel Heras qui n’en pouvait plus (et qui abandonnera, ndlr) et puis j’ai continué à mon rythme en maintenant l’écart. Je n’ai pas pris de risques démesurés dans la descente car lorsque j’ai tenté une reprise de la course à pied, il y a quelques mois je me suis fait une entorse. Cela ne fait qu’un mois et demi que je peux m’entraîner sereinement, sans devoir m’adapter à telle ou telle blessure. Donc nul besoin de prendre de risques sachant que j’avais un peu d’avance.« 

Après plus d’un an de galère, de blessure en blessure, Thomas Lorbanchet franchit la ligne d’arrivée en vainqueur après 6h43mn04s d’effort. « C’est l’aboutissement du travail accompli. Une grosse satisfaction. Je vais profiter du truc, me réjouir, prendre une semaine de vacances et reprendre l’entraînement en vue de la Saintelyon afin de rendre hommage à un ami décédé. » Derrière, la lutte est acharnée entre deux hommes, Xavier Thevenard vainqueur de l’UTMB et Michel Lanne, 3e du championnat de France de trail long et auteur d’une très belle saison. Les deux hommes terminent épuisés en ayant tout donné et c’est le Jurassien qui grimpe sur la deuxième marche du podium. « Ca fait mal, ça fait mal tout le long. Je n’ai jamais fait ça, on est dingue. Une fight pareille, je crois que jamais je n’en ai vécue en trail mais c’est bon. On s’est vraiment tiré la bourre, on n’a pas chaumé. Mentalement il a fallu être solide alors j’essayai de positiver avec des petites phrases, regarde comme c’est beau ! Il fait beau ! etc. J’ai essayé de rester dans la foulée de Thomas car c’est une bonne référence et il adoptait des allures qui me convenaient. Je lui demandais même parfois ce qui nous attendait. Mais j’ai eu un coup de mou et je me suis retrouvé 8e. Je ne me suis pas affolé, j’ai pris le temps de bien me réhydrater car il faisait très chaud. Et puis, je suis revenu et surtout je suis très très heureux pour Thomas qui est un coureur typiquement trail. Très polyvalent, complet, rapide dans les descentes, en montées, sur le plat. Ca termine bien ma saison tout ça ! »

Pour Michel Lanne la même satisfaction du devoir accompli et la même fatigue à l’arrivée. « Je suis venu sans trop savoir où j’en étais et sans savoir ce qui m’attendait. J’aime bien parfois me mettre ainsi dans l’inconnu. Je suis resté en tête jusqu’au 45e mais j’ai eu un gros coup de moins bien, en même temps que Xavier d’ailleurs. Ensuite ce fut un combat à la mort, Xavier est parti et moi, je me suis battu avec mes crampes. C’était l’horreur mes pieds partaient dans tous les sens. Je suis vraiment heureux, je ne pouvais pas faire mieux, c’était ma première participation et bravo à Thomas et Xavier. »

Nuria Picas sans soucis

Chez les femmes, la couse fut moins intense. L’Espagnole Nuria Picas, vainqueur l’an dernier s’impose une nouvelle fois. « L’an dernier, j’avais été séduite par les décors, le parcours et je souhaitais revenir. C’est complètement différent de la catalogne et des Pyrénées où j’ai l’habitude de m’entraîner. J’ai géré ma course en passant en tête au 30e km, je suis très heureuse de m’imposer à nouveau.« 

Heureuse comme jamais, Malika Coutant termine deuxième sous le regard d’Erik Clavery « qui m’a donné des conseils et qui fait partie de mon club Endurance 72″. Pour son premier trail longue distance (Malika a remporté le 32 km des Gendarmes et des voleurs de temps cette année, son premier trail) elle termine en « en ayant plein les jambes mais plein les yeux aussi. C’était extraordinaire. J’ai été prudente en respectant les consignes d’Erik, je suis tombée trois fois tout de même et je me suis régalée dans les parties roulantes. Mais qu’est ce qu’il a fait chaud, je termine sans eau.« 

En troisième position, la vice championne du monde de Trail Aurélia Truel qui a pris tous les risques en se plaçant en tête de course et en tentant de faire le trou. « Je n’avais pas le choix si je voulais avoir une chance face à Nuria. Je n’ai pas de regret, Nuria est très forte surtout en descente ce qui n’est vraiment pas mon cas. Il faudra que je fasse un stage car vraiment… mais à Paris ce n’est pas facile de s’entraîner sur ce secteur de course. Ensuite, il a fait beaucoup trop chaud pour moi, décidément, je n’aime pas. Quand Malika m’a doublée, je ne pouvais même pas essayer de la suivre, j’étais cuite. J’ai ensuite pensé à abandonner mais pour la course, les organisateurs, les bénévoles, je ne pouvais pas et puis j’avais quand même une troisième place à aller chercher. Et je l’ai conservée, c’est l’essentiel. »

 Fiona Porte pour son grand retour à la compétition termine quatrième tout sourire, heureuse de revenir dans les pelotons. Un peloton qui a eu chaud et qui a souffert. C’est la dur loi pour tous les finishers des Templiers.

Les résultats de la Grande course des Templiers 2013
73km et 3400 m +

Hommes
1. LORBLANCHET Thomas, 6:43:04
2. THEVENARD Xavier, 6:47:46
3. LANNE Michel, 6:48:34
4. COURT Sylvain, 6:51:32
5. BARTOLÓ Pau (Esp), 6:52:50
6. CAZAJOUS Maxime, 7:02:04
7. MARTIN Nicolas, 7:02:13
8. COLLET Aurelien, 7:11:06
9. CLAVERY Erik, 7:12:22
10. PETITJEAN Clément, 7:15:11

Femmes

1. PICAS Nuria, 7:57:49
2. COUTANT Malika, 8:19:19
3. TRUEL Aurelia, 8:21:47
4. PORTE Fiona, 08:26:47
5. MARTIN Sandra, 08:39:56
6. GAUSSENS Laureline, 08:46:15
7. GOVIGNON Virginie, 08:59:41
8. DUBES Claire, 09:11:35
9. STRAKOVA Anna, 09:29:31
10. BONNET Armelle, 09:31:41

Le classement complet de la Grande course des Templiers 2013

2964 coureurs incrits
2479 coureurs au départ
A 18 h 15
1214 coureurs classés

Tous les résultats du festival des Templiers 2013 sur le fiche de la course dans notre calendrier des courses

Quelques photos