Il est 6 heures du matin. Pas de veste ni de collant, il fait déjà 15° et la journée s’annonce chaude. Dans le sas de départ, pas d’effervescence, tous sont déjà concentrés prêt à partir à l’abordage de cette 24e édition de la 6000 D. Et si 1400 coureurs avait pris leur dossard, c’est 1207 qui s’élancent depuis Aime. Le programme est simple : il faut montée au sommet du glacier à 3047m et redescendre soit 63 km et 4000m de Dénivelé positive.
Après le 10e kilomètre, il faut entrer sur la piste de Bobsleigh, la nouveauté, soit 1,5 km dans le serpent de béton soit 19 virages avec une pente moyenne à plus de 9% sur 120 mètres de dénivelé positif ! Un passage apprécié, car à l’ombre ! Car tel sera l’un des facteurs de cette année 2013, le soleil brille de tous ses feux et la chaleur plombante avec très peu de zones à l’ombre.
Au fil des kilomètre, l’effort est de plus en plus intense, la pente de plus en plus raide. Si les premiers passent en courant dans la majorité des tronçons, rapidement les coureurs qui suivent mettent les mains sur les cuisses, font des stops pour reprendre leur souffle sans parler des derniers concurrents qui se battent déjà avec les barrières horaires.
La chaleur marque les corps et les esprits. A l’arrivée au glacier, il fait 20 degrés, une température inhabituelle alors que la neige est là. Toute bosselée et n’offrant que des appuis incertains. Pratiquement tous les coureurs optent pour la marche tellement le terrain est piégeux. En haut du télésiège de la Traversée, c’est une longue descente qui s’amorce avant la dernière difficulté et le col de l’Arpette qui traumatise un peu plus les organismes. « A l’Arpette ça pète« , aime à dire Jean-Marc Ganzer, l’organisateur. Et oui, c’est souvent là que tout se joue.
Ce ne fut pas le cas cette année avec une victoire main dans la main de Sébastien Spehler et Stéphane Ricard. « C’est une expérience formidable de terminer ensemble, » commente Sébastien Spehler. « Je crois que c’est encore plus génial que de terminer seul ».
Pourtant Sébastien Spehler a longtemps dominé cette épreuve. Kilomètre après kilomètre son avance n’a cessé de s’accentuer jusqu’à plus être de six minutes à la Roche de Mio. Derrière, un homme se réveille. Au 20e km, il est 12e et décide de mettre une « mine ». « Je me suis dit allez, il faut que tu sois dans les 3 ou 4 au glacier » Et que croyez vous qu’il arriva. Stéphane Ricard revient sur tout le monde et sur Sébastien Spehler. « J’étais dans le dur, j’habite en Alsace et le plus gros dénivelé est de 700m et je n’étais jamais monté à 3000 m ! Dans le dernier kilomètre, le gros morceau je n’avançais plus et en plus il y a eu la neige. Stéphane est un grand champion de raquette (Vice champion du monde de raquettes sur neige 2013, ndlr), c’est son domaine. » Mais voilà dans la descente, Sébastien Spehler, champion du monde de canicross 2011 et récent vainqueur de l’ultra trail Lavaredo, est plus à l’aise. « On faisait le yoyo, dès que ça montait c’était pour Stéphane, dès que ça descendait c’était pour moi. »
Dans la descente, les deux hommes décident de terminer ensemble à l’image de leur course. Derrière un autre homme fait un grand retour, un certain Fabien Chartoire mais alors qu’il revient à 30 petites secondes les deux hommes de tête remettent un peu de rythme et s’imposent alors que sur la piste cyclable qui mène à l’arrivée la chaleur est étouffante. Une ligne droite rarement appréciée mais qui cette année s’est révélé un enfer. « Je n’avais plus ce qu’il fallait pour revenir sur eux mais je suis content de ma course, j’ai tout donné pour revenir et je prends des points pour le TTN. »
Chez les féminines, Aline Coquard, pour sa première 6000 D s’impose après une course d’attente. Alors que Laureline Gaussens avait fait course en tête sur toute le montée, Aline Coquard a pris le dessus dans la descente. « Dans la montée, je ne voulais pas revenir sur Laureline, je suis restée à 200 m car j’avais vu que j’étais meilleure en descente. » Une dauphine qui termine tout sourire légèrement handicapée par une blessure au psoas qui l’a empêchée de se lâcher complètement. « Mais de toute façon, je ne suis pas bonne dans ce secteur, je sais qu’il va falloir que je le travaille. Mais c’était aussi ma première 6000 D et j’ai trouvé que c’était une course très belle mais très difficile où il faut savoir gérer son effort. Je suis prof de fitness et pas une spécialiste de la montagne », conclut l’ancienne marathonienne (2h59) qui ne sait mis au trail que depuis un an.
Il est 13h37 lorsque l’Italienne Katia Fori, franchit la ligne d’arrivée se classant troisième. Il fait chaud et toutes et tous pensent aux coureurs toujours en course. La température avoisine les 37 degrés au soleil, 40° sur le bitume. Pour beaucoup, c’est encore l’enfer, la haut dans la montagne….
Les résultats
Hommes
1 . RICARD STEPHANE, 06:03:34
1 . SPEHLER SÉBASTIEN, 06:03:34
3 . CHARTOIRE FABIEN, 06:05:56
4 . MARTINEZ MATHIEU, 06:15:07
5 . SAINT GIRONS THOMAS, 06:21:44
6 . STUCK YOANN, 06:33:46
7 . DUNAND PALLAZ AURÉLIEN, 06:35:51
8 . MAROUD MARC, 06:40:57
9 . MILLERET JORIS, 06:48:39
10 . MASSOU PASCAL, 06:51:27
Femmes
1. (27) COQUARD ALINE, 07:30:00
2. (30) GAUSSENS LAURELINE, 07:35:32
3. (33) FORI KATIA, 07:37:24
4. (57) VANNSON CLAIRE, 08:00:31
5. (133) DE LA HOUGUE HÉLOÏSE, 08:45:08
6. (152) BOURGEON KARINE, 08:52:51
7. (161) VAUX SIRE LAURENCE, 08:56:23
8. (169) LEVY KARINE, 08:58:02
9. (189) GIRAULT KARINE, 09:04:52
10. (191) JUVENAL MAGALI, 09:05:30
Engagés : 1385 – Partants : 1207 – Abandons : 138 – Hors délai : 141 – Arrivés : 929 – Nb en course : 929
Les résultats complets de la 6000 D 2013