“C’est une 25e un peu particulière”. En ce début d’après-midi alors que les 50 premiers concurrents ont franchi la ligne d’arrivée, Jean-Marc Ganzer, responsable de l’organisation de la 6000 D, la course des Géants de La Plagne, est soulagé mais toujours sur le qui-vive. Il reste plus de 1 000 coureurs dans la montagne avec des averses, du brouillard et un température à moins de 10 degrés en altitude.
Une situation qui le conforte dans sa décision, en ce matin du 26 juillet 2014, de ne pas laisser s’élancer le peloton sur le parcours traditionnel de la 6 000 D. A l’heure du briefing d’avant course, quelques minutes avant 6 heures, Jean-Marc Ganzer avait en effet annoncé aux 1 397 coureurs présents qu’ils allaient découvrir le parcours de repli soit 64/65 km (contre 63 km) et 3 800 m de dénivelé environ. « Cela faisait plusieurs jours que la météo était incertaine et très changeante, nous avons donc dès jeudi pensé à ce parcours de repli qui nous permettait d’offrir une course équivalente alors qu’il y a deux ans nous avons juste supprimé le Glacier ce qui avait considérablement modifié la course. Là ce n’était pas le cas. Vu les conditions, il n’aurait pas été raisonnable de laisser passer un millier de coureurs au Glacier. Bien sûr, les 50 premiers seraient passés mais il faut avant tout penser au peloton.»
Une élite qui a parfaitement compris et même adhéré au nouveau tracé. Même Maud Gobert, l’enfant du pays à qui, dès la ligne d’arrivée franchie en grande gagnante, Jean-Marc Ganzer demandait si elle ne lui en voulait pas trop. « Non, j’ai même beaucoup apprécié de descendre un peu plus bas et de remonter à l’Arpette. C’était un beau single au milieu des rhododendrons. C’était un beau parcours vraiment et une course particulière puisque mon ancien entraîneur de ski qui nous obligeait à descendre en courant après avoir skié sur le Glacier était présent. Il y avait aussi ma sœur et mes neveux à l’arrivée. En course, j’ai senti que depuis quelques semaines je cours un peu tous les week-ends mais j’ai pu gérer mon effort. Je n’ai pas fait une super montée mais j’ai bien pu envoyer sur les parties roulantes et en descente. Place maintenant à la récupération afin d’être en forme au départ de la TDS, dans un mois exactement puisque ce sera le mercredi 27 aout 2014 » Maud Gobert boucle son parcours en 6h51mn31s près de 25 mn devant l’Anglaise Charlie Ramsdale (7h16mn24s), toute heureuse d’être sur le podium lors de son premier dossard en France. « J’étais venue l’an passé assister à la course et je m’étais dit que je reviendrais. Je suis là et je serai encore là le plus souvent possible car vous avez de très belles courses en France et bien mieux organisées que les nôtres. Je parle du trail bien sûr car je n’aime pas la route. Je me suis bien amusée et il a fallu que je maintienne le rythme car derrière ça revenait. » La troisième sur le podium de cette 25e édition n’était pas moins heureuse. Christine Denis Billet franchit la ligne en 7h18mn32s “27 mn derrière Maud c’est bien, je me rapproche,” déclare-t-elle dans un grand éclat de rire. « Je me suis un peu inscrite à la dernière minute car je joue le TTN et je me suis aperçue qu’il me manquait une course. A Faverges, je termine 45 mn derrière Maud et je n’étais vraiment pas bien alors je me suis reposée. Je suis chercheuse et en ce moment je me lève à 4h30, ça m’a peut être aidée car du coup mon organisme était bien réveillé ce matin. J’ai souffert mais je me suis accrochée et je suis super contente, c’est pas mal pour une vieille, non ? » termine l’ancienne spécialiste du 100 km âgée de 42 ans et donc première V1.
Sébastien Spehler intouchable
Chez les messieurs, Sébastien Spehler a ajouté une nouvelle victoire à son compteur. La révélation 2013, ne s’arrête plus de gagner et de confirmer. Le champion de France 2013 de trail long a ni plus ni moins remporté en ce jour sa neuvième course en … neuf dossards en 2014. Et pourtant, il refuse toujours le statut de favori et n’oublie pas de rappeler qu’il « n’est au départ des trails que depuis un an. » Pas question donc de lui parler de ses futurs objectifs si ce n’est le 28 septembre 2014 lors des championnats de France de trail à Buis les Barronies où il y ira défendre son titre. Sur la course, après avoir laissé Aurélien Collet et Arnaud Perrignon mener la danse, Sébastien Spehler prend la tête de la course au ravitaillement de Plagne Centre tandis qu’Aurélien Collet perd un peu de temps en difficulté avec sa poche à eau. Personne ne reverra l’Alsacien qui ne s’est pas aperçu à ce moment là qu’il était en tête. « Je m’accrochais et attaquais car je ne voyais plus Aurélien et je croyais qu’il s’était détaché. Ce n’est que la haut à Roche de Mio qu’un petit garçon m’a dit que j’étais en tête ! Je n’ai pas vu que je repartais devant lui. ». « Je le voyais filer devant, il attaquait, il attaquait et je ne comprenais pas pourquoi, » complète Aurélien. « Je ne pouvais pas m’accrocher en montée mais je suis content car j’ai bien tenu mon allure. J’étais bien en descente, j’ai même pu revenir à 1 mn mais en montée il est trop fort et sur la fin de course je n’avais plus rien. Heureusement cette semaine j’ai pensé à bien manger et à bien récupérer en supprimant notamment le Nutella car sinon je n’aurais pas tenu. » Et le troisième, comme chez les femmes, est un vétéran, Thomas Saint Giron lui aussi tout sourire. Cinquième l’an dernier, il avoue immédiatement avoir bénéficié d’un incident de course mais savoure néanmoins ce podium après avoir contenu ses adversaires directs. « En fait Arnaud Perrignon et une dizaine de gars se sont perdus à la suite d’un débalisage après le passage des deux premiers à la sortie de la piste de bobsleigh. Je me suis mal engagé aussi mais moins loin et j’ai pu prendre la piste de ski comme il le fallait. De fait, je me suis retrouvé troisième alors que j’étais autour de la quinzième place avant cet incident ». Pour Arnaud Perrignon première victime de ce débalisage c’est la déception. « J’étais troisième, pas loin du tout, à moins d’une minute et j’avais les jambes. J’ai pris une grosse claque au moral, je voyais tout en noir mais j’ai pu repartir grâce à mon entourage et j’ai retrouvé l’envie d’attaquer ce qui me permet d’être cinquième mais ça reste rageant. »
Un épisode qui a rendu furieux Jean Marc Ganzer. « C’est de l’irrespect total pour les coureurs, pour l’organisation, pour les bénévoles… pour tout le monde. Le ou les personnes qui ont fait ça, ne se rendent pas compte. Ce matin à 5 h, le balisage était présent, sur le passage des motos ouvreuses aussi, ce qui veut dire qu’il a ou ils ont fait cela en 40s, le temps que le troisième arrive. Et en plus, ils ont rebalisé sur 50m, c’est de la folie et je ne pense pas que l’on puisse retrouver le ou les coupables. C’est…. Je n’ai pas de mot. »
Un épisode qui a eu quelques conséquences puisque qu’a priori de nombreuses personnes se sont perdues mais au fil des heures, le peloton se densifiant et l’organisation venant rectifier au plus vite, les choses ont pu rentrer dans l’ordre.
Et au fil de l’après midi, alors que là-haut dans la montagne le brouillard persistait, en bas sur Aime La Plagne le soleil brillait malgré quelques courts passages pluvieux. Une belle récompense pour les finishers de la 6 000 D 2014 après une journée d’effort.
Les résultats
- 6000 D – 64 km
- Sébastien Spehler, 5h37mn44 s
- Aurélien Collet, 5h48mn33s
- Thomas Saint Girons, 6h02mn44s
- Alexandre Hayetine, 6h08mn43s
- Arnaud Perrignon, 6h10mn31s
- Nicolas Duhail, 6h11mn23s
- Yoann Stuck , 6h11mn55s
- Ludovic Pommeret, 6h14mn40s
- Frédéric Jung, 6h18mn47s
- Francis Garnier, 6h19mn44s
Femmes
- Maud Gobert, 6h51mn31s
- Charlie Ramsdale (Grande-Bretagne), 7h16mn24s
- Christine Denis Billet, 7h18mn32s
- Agnès Hervé, 7h26mn53s
- Aline Coquard, 7h35mn29s
- Cécile Lefebvre , 7h50mn05s
- Héloise De La Hougue, 8h08mn02s
- Anne Valéro, 8h10mn30s
- Laurence Sire Vaux, 8h20mn17s
- Manikala Rai, 8h29mn04s
Les résultats de la 6 000 D 2014
Les statistiques
1662 coureurs inscrits
1397 coureurs partants
83 abandons
13 hors Délai
1301 arrivants
A 15h : 330 coureurs classés
A 16h : 657 coureurs classés
A 17h : 999 coureurs classés
Le trail des 2 lacs – 22 km
Hommes
- Sébastien Fayolle, 1h44mn26s
- Augustin Guibert , 1h44mn55s
- Nathan Jovet , 1h47mn44s
- Ambroise Senee, 1h47mn52s
- Régis Durand, 1h48mn37s
- Quentin Raissac, 1h48mn48s
- Sylvain Camus, 1h48mn51s
- Aurélien Caillet, 1h50mn10s
- Loic Belle, 1h52mn45s
- Franck Bussiere, 1h54mn33s
Femmes
- Elisa Bollongeon, 2h01mn26s
- Stéphanie Duc, 2h06mn38s
- Sophie Mileo, 2h12mn59s
- Juliette Benecto, 2h15mn02
- Elise Poncet, 2h15mn12S
- Florence Dorgan, 2h19mn03s
- Sarah Caskey, 2h21mn16s
- Catherine Farrow, 2h22mn24s
- Laura Bel Franquesa, 2h25mn37s
- Amélie Chehensse, 2h26mn07s
Les résultats du trail des deux lacs 2014
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