Léo Bergère, l’avenir du triathlon français

Quatrième de la première épreuve des World Triathlon Series 2018 à Abu Dhabi le 2 Mars dernier, le jeune triathlète français s'exprime sur son début de saison et ses objectifs personnels. Rencontre.

Pas encore 22 ans et déjà considéré comme l’une des étoiles du triathlon français et mondial.

Membre de l’équipe de France de Triathlon, Léo Bergère sera présent ce week-end au Triathlon de Paris dans le cadre du Grand Prix FFTRI.

Le triathlète du club Saint Jean de Monts Vendée Triathlon s’est confié pour Lepape-INFO. Entretien.

 

 

 ENTRETIEN

 

Léo, peux-tu te présenter pour les personnes qui ne te connaîtraient pas encore ?

Léo Bergère, je vais avoir 22 ans dans quelques jours. Ça fait maintenant 8 ans que je fais du triathlon, dont 4 avec un vrai projet de haut-niveau, axé sur la performance. À l’origine, je ne viens d’aucun des 3 sports même si j’ai pas mal fait de cyclisme sur route et de la gymnastique. Je suis originaire de l’Isère, j’ai passé 3 ans au Pôle Espoir à Saint Raphael quand j’étais un peu plus jeune, j’étais dans d’excellentes conditions car j’ai pu allier confort au niveau des études et entraînement régulier au triathlon. Et ça fait maintenant 3 ans que je suis installé sur Echirolles.

 

Tu as donc commencé par le vélo…

Oui j’ai commencé par le cyclisme sur route, en compétitions, ça fonctionnait bien sur la fin et en même temps j’ai débuté le triathlon. J’ai fait mon premier triathlon peu de temps après m’être lancé. J’ai fait deuxième aux championnats de France en catégorie jeunes. C’est à partir de ce moment-là que j’ai décidé de me lancer pleinement dans ce sport.

 

Tu reviens d’Angleterre, tu as participé à 2 compétitions majeures, comptant pour les World Triathlon Series : un relais mixte à Nottingham et en individuel à Leeds quelques jours après. Quel est ton bilan de ce séjour en Angleterre ?

C’était inconnu pour moi de participer à 2 compétitions aussi rapprochés. Nottingham s’est très bien passé, j’ai fait un bon relais et collectivement la course s’est très bien déroulée. C’était très serré sur le final, l’Australie termine à une seconde derrière nous. Justement, j’avais beaucoup de pression parce que c’était à moi d’aller conclure la course mais les coéquipiers avaient bien lancé le relais, on était aux avant-postes. On était dans une bonne posture pour aller chercher quelque chose de beau.

 

Le bémol est qu’on a nagé dans une rivière qui n’était pas très propre, j’ai été malade les deux jours d’après. Je suis arrivé à Leeds sans plus grand-chose dans le sac, pas mal de maux de ventre. Il faut gérer ça parce qu’après tu repars sur une grosse course, qui peut se jouer sur des détails, avec une grande intensité. Finalement, le début de course s’est très bien passé, j’ai fait une bonne partie natation. Par contre, une fois parti à pied, j’ai eu d’importantes douleurs au ventre et ça a beaucoup joué. J’étais déçu du résultat final.

 

On peut donc dire que tu as été pénalisé et les autres triathlètes aussi. Que se passe-t-il dans ce cas-là ?

Nous avons été 30 à tomber malade. Au point de ne pas prendre le départ pour la prochaine compétition. En temps normal, il y a toujours quelques triathlètes qui tombent malades parce qu’on arrive sur les compétitions un peu fragiles, mais c’était un cas assez différent. C’était assez sérieux, une enquête a été ouverte auprès de l’ITU.

 

En termes de résultats, tu reviens donc d’Angleterre d’un côté satisfait et de l’autre moins…

Oui ce n’est pas ce que j’espérais mais il y a du positif à en retirer, je suis encore jeune. L’objectif premier est de progresser, de passer des caps en compétitions.

 

Léo lors du dernier WTS de Leeds / Photo : Tzaferes, ITU Media
Léo lors du dernier WTS de Leeds / Photo : Tzaferes, ITU Media

 

Comment te sens-tu après ces deux compétitions ? Et la récupération ?

J’ai dû couper l’entraînement pendant trois jours, complètement, juste avant le Grand Prix FFTRI à Dunkerque. Même si ce n’était pas une course avec un grand objectif personnel, c’était important pour le club que j’arrive dans les meilleures dispositions possibles.

 

Ton club Saint Jean de Monts Vendée Triathlon finit à la troisième place de cette deuxième étape du Grand Prix FFTRI.

Oui, on a fait une belle course. Poissy termine deux places derrière nous, on prend donc la tête du championnat, c’est encourageant.

 

Comment as-tu gérer la préparation de trois événements aussi rapprochés ? 

L’entraînement se compose de petits rappels d’allures, il n’y a rien de très long. Des entraînements pour garder le contact avec les sensations.

 

Sur quelle discipline du triathlon te sens-tu le plus à l’aise ? Et le moins à l’aise ?

Le vélo, sans hésitation. Les années de compétitions avant de me mettre au triathlon m’ont beaucoup aidé pour la suite.

La natation reste un point faible, il me faut beaucoup plus de régularité sur cette discipline. Sur certaines compétitions je me suis loupé et c’est préjudiciable pour le reste de la course bien évidemment. J’ai pas mal de boulot notamment en course  à pied, c’est loin d’être parfait, il faut encore beaucoup travailler pour parvenir à mes objectifs personnels.

 

Quels sont tes objectifs pour cette année ?

L’objectif de l’année aura lieu mi-septembre avec les championnats du monde espoirs à Goldcoast en Australie. D’ici cette échéance, je participerai à la WTS d’Hambourg dans un mois et je pense que ce sera la dernière de l’année. J’ai décidé d’annuler Edmonton au Canada le 27-29 juillet prochain, les courses s’enchaînent, on n’a pas le temps de retravailler, de concevoir un vrai  fil d’entraînement entre chaque course.

 

Tu renonces donc aux WTS ?

Pour être classé sur les WTS, ils prennent les cinq meilleurs résultats en plus de la grande finale à la fin de l’année mais je sais que je ne vais pas réaliser les cinq triathlons avant la fin de l’année. Mon objectif reste les Championnats du monde espoirs au mois de septembre.

 

Quels sont les conseils que tu donnerais à une personne qui débute dans ce sport ?

Le principal problème des personnes qui se mettent au triathlon est la natation. Parfois, c’est un milieu où l’on ne se sent pas très à l’aise donc il faut apprendre à aimer l’eau. S’entourer d’un groupe est primordial au triathlon pour créer une dynamique.

Ne pas tomber dans le piège d’avoir du très beau matériel dès le début est aussi important. Ce n’est pas forcément nécessaire. Avoir un vélo milieu de gamme c’est déjà très bien. Après c’est vrai que tout le monde fait avec ses moyens.

 

Il t’arrive de faire des compétitions sur d’autres disciplines en parallèle du triathlon ? À l’image de Vincent Luis sur les derniers championnats de France de Cross Long (6ème place)…

Je fais quelques cross l’hiver mais en général les compétitions se chevauchent avec le démarrage de la saison de triathlon. L’an dernier j’ai fait pas mal de triathlons et je l’ai payé sur la fin de saison. Je suis allé jusqu’aux demi-finales de cross. Chaque année, j’essaie de faire une épreuve qui sort un peu de ce que j’ai l’habitude de faire, un 10km sur route par exemple.

 

Pour revenir sur ta saison, tu as obtenu une très belle 4ème place au WTS d’Abu Dhabi début mars…

Oui c’est vrai que je ne m’y attendais pas trop. J’ai fait un bon hiver, sans blessures, j’ai pu élever mon niveau et concrétiser cela sur la première course de l’année, je n’aurai pas rêvé d’un meilleur départ de saison. Je suis maintenant 12ème au classement mondial mais je vais sûrement reculer les prochains mois.

Réagissez