Le trail, est-ce de la course de montagne ?

L’avènement du trail running, du skyrunning et du kilomètre vertical a jeté un voile sur une discipline jusqu’alors plébiscitée par les coureurs et de niveau élevé : la course de montagne. Mais récemment, la montagne a fait son retour en grâce, comme un passage obligé vers la performance en nature.

Le trail, fils de la montagne

C’est la course de montagne, discipline de la Fédération Française d’Athlétisme, qui a ouvert la voie de la nature aux coureurs. De grands noms sont apparus : Youkmane, Fontaine, Rancon, Meyssat, les 2 derniers étant toujours présents en équipe de France et redoutables en trail courte et longue distances. Mais cette discipline, de par sa nature et sa structuration, n’a jamais pu attirer les foules comme le fait le trail, malgré des courses mythiques comme Sierre-Zinal en Suisse.

Tout d’abord, les distances courtes imposent des intensités élevées. Aux championnats de France de la spécialité (en 2017, ce sera le 4 juin à Culoz avec le grand Colombier comme juge de paix), les distances s’étalent de 4 à 12 kms, des cadettes aux séniors et masters hommes. Selon les années, le dénivelé est uniquement positif ou positif/négatif, mais il dépasse rarement les 1 000m pour la course homme.

Nous sommes donc loin des distances rencontrées en trail où tout commence à partir de 20 km. Mais la distance n’est pas la seule différence car les pourcentages et la technicité diffèrent grandement. En effet, la course de montagne, réglementée, doit proposer un parcours où tout doit passer en courant (ce qui est rarement le cas en trail). Pour cette raison et pour d’autres, la technicité est limitée, tant en montée qu’en descente.

La course de montagne, Formule 1 du trail

Pour toutes les raisons indiquées, la course de montagne est une affaire de spécialistes qui requiert une forte puissance aérobie (VMA/PMA), de la puissance musculaire et des qualités techniques et mentales. Un peu comme en cross, il ne faut rien lâcher du début à la fin car les places sont chères. Bien entendu, en étant licencié, chacun peut prendre beaucoup de plaisir, quel que soit son niveau.

La montagne serait-elle un passage obligé pour qui veut performer en trail ? A l’examen des membres de l’équipe de France, on peut penser que oui. Julien Rancon en est le parfait exemple, tout comme Manu Meyssat qui vient de remporter la Saintélyon. Et tout récemment, c’est Nico Martin, l’international de trail, qui a gagné sa place en équipe de France de montagne. Ainsi, les passerelles entre les 2 disciplines semblent évidentes et la pratique de la course de montagne permet indubitablement de conserver ses qualités de coureur sans impacter négativement l’organisme.

Place aux jeunes

La discipline est ouverte aux jeunes à partir de la catégorie cadets/cadettes. C’est un formidable tremplin vers les courses nature. Les distances sont courtes mais l’adversité est forte et permet aussi pour les meilleurs de se confronter à l’international : coupe du monde pour les cadets/cadettes, et championnats d’Europe et du monde à partir des juniors. Notons que la fédération française d’athlétisme fait un gros travail à destination des jeunes afin de créer un groupe solidaire en sollicitant les entraîneurs de chacun et en prodiguant de nombreux conseils (préparation, nutrition, etc.). L’équipe de France devient pour chacun un extraordinaire moment de vie à partager.

Ces jeunes auront ensuite tout le loisir, si tel est leur désir, de s’engager sur des courses de trail. Notons à ce propos que les championnats de France de trail (court ou long) ne proposent des titres qu’à partir de la catégorie Espoirs. Cela semble logique car la distance sur trail court est souvent voisine de 30 km, ce qui demande une préparation bien particulière comparativement à la montagne.

Montagne
La course de montagne : une formidable école de la course à pied pour les jeunes. Ici la coupe du monde cadets en Tchécoslovaquie. Terrain non technique mais pourcentages très élevés.

Et aux moins jeunes

Beaucoup de traileuses/traileurs hésitent à franchir le pas vers les compétitions fédérales (cross, montagne), alors qu’elles sont ouvertes à tous les licenciés et que l’ambiance y est très bonne. De plus, il est tout à fait judicieux d’utiliser les courses de montagne pour se préparer aux trails. On va y développer de nombreuses qualités tout en récupérant assez rapidement car les efforts dépassent rarement 1 heure. Ainsi, les nombreux coureurs qui se sont licenciés pour disputer les France de trail peuvent facilement s’inscrire via leur club aux France de montagne.

Une vision large de la course

Ainsi, n’ayons pas peur d’écarter nos œillères et de voir au-delà de notre propre discipline. La pratique de la course de montagne est une approche enrichissante pour le trail (et vice versa), comme peuvent l’être à d’autres égards le cross, la route et même la piste, sans oublier bien entendu le kilomètre vertical, droit dans la pente. A chacun de définir ses objectifs mais le plaisir réside souvent au point de croisement de toutes ces pratiques.

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