Julien Jorro, bien rentré du Maroc, la panse encore pleine de semoule bio, nous raconte sa course, le Tafraout (65 km, voir la fiche) qu’il a courue au milieu des gazelles : « Je suis parti m’expatrier quelques jours au Maroc suite à l’invitation de l’organisation pour venir découvrir et promouvoir le trail au Maroc. Comme un cadeau après mon opération au genou, j’ai de suite accepté de faire ma rentrée sportive au soleil. Seulement, après 3 semaines de sport, je n’ai pas une forme olympique mais ce n’est pas grave. J’en ai profité pour m’entraîner au soleil !
A la base je devais partir sur le 21km qui s’annonçait montagneux et tout à fait approprié à ma reprise. Mais en arrivant là-bas, le parcours est devenu un semi-marathon presque plat et aux 2/3 sur route… bref aucun intérêt pour moi.
Je me suis donc rabattu sur le 65km en le prenant en mode « sortie longue » pour avaler des kilomètres dans des paysages magnifiques.
Départ à 7h de la course, avec comme directeur technique Lahcen Ahansal, le champion incontesté du Marathon des sables… Des stars mondiales de la course à pied extrême ont répondu présents. Pour en citer quelques uns : Rachid El Morabity (Vainqueur du Marathon des Sables en 2011), les frères Akhdar, Lhoucine et Samir (nombreuses participations au Marathon des Sables), Hammou Moudouji (quadruple lauréat du Marathon Extrême de Zagora et vainqueur du Marathon de Séoul)…; rien que ça… plus d’innombrables coureurs anonymes qui galopent comme des gazelles en chaussons en plastique…
Le parcours du 65, qui devait être là aussi d’avantage montagneux, s’est transformé en course vallonnée sur des hauts plateaux interminables et désertiques, avec des pistes sableuses et caillouteuses. Seule une difficulté de 700m D+ m’a permis de m’exprimer en montagne.
Sur les 15 premiers km, j’ai décidé de me tester et de courir avec les premiers… la vitesse allait entre 15 et 16 à l’heure donc je pouvais suivre. Sauf que nous étions 30 à suivre… un gros peloton où j’étais le seul blanc… c’est à dire pas vraiment à ma place. C’est simple, eux n’ont jamais ralenti… moi oui ! Voilà pourquoi je n’étais pas à ma place… une Clio sport contre des F1. Ça vous parle ??
Donc j’ai pris la course à mon rythme. 13km/h, une allure qui m’allait bien. Mais sur ces hauts plateaux plats et longs, un long moment de lassitude m’est tombé dessus.
Au 35ème km arrive enfin une partie intéressante : la montée ! Là aussi au début ce n’était qu’une piste large en terre battue. Dur dur de garder un rythme. La fin de la montée était technique et j’ai pu rattraper quelques coureurs. J’étais en 15ème position environ.
Les ravitaillements étaient tous les 5 km… mais avec seulement des oranges, bananes, quelques fois des dattes ou des raisins secs et de l’eau.. j’ai commencé à puiser dans mes réserves en espérant un ravitaillement plus fourni. La descente cassante et roulante a fini de m’user. En bas, au 50ème km j’ai commencé à voir des étoiles… la panne sèche… plus d’énergie. Je me suis posé sur un caillou et un 4×4 de l’organisation m’a vite ramené au départ… Une belle hypoglycémie!
Au final, c’est Hammou Moudouji, quadruple lauréat du Marathon Extrême de Zagora et vainqueur du Marathon de Séoul, qui s’impose sur un chrono exceptionnel de 4h43 ! … rien que ça ! 65km et 1500m D+… (La Saintélyon quoi !) Si ces mecs venaient faire du trail en France… on ferait moins les malins !
De mon côté, malgré l’abandon forcé, je suis ravi de cette expérience dans des paysages magnifiques, avec des gens adorables (les Marocains)… et ravi de mon état de forme qui finalement n’est pas si mal après trois semaines de reprise et juste deux mois après mon opération ».
Le Trail aux Etoiles
Le trail aux Etoiles (voir la fiche), c’est le trail aux petits oignons, ceux des Cévennes au goût sucré comme les mille douceurs du sud de la France et à la chaire blanche comme les sentiers calcaires du Vigan.
Sous le soleil éclatant du Gard, le départ fut donné à midi, rassemblant 300 coureurs en short et tee-shirt. Rythme élevé donné par Emmanuel Ripoche, dernier vainqueur de l’Endurance Trail, suivi comme son ombre par Benoît Cori (coureur basque que je ne connaissais pas) puis d’autres anciens vainqueurs de ce trail aux Etoiles, Patrice Marmet, Alexis Montagnat-Rentier et moi. Après avoir cheminé avec mon ami Sébastien Talotti pendant une heure, je produis un bon effort dans la belle ascension des Toureilles (de 700 à 1250m) pour rattraper mes trois minutes de retard. Au sommet c’est chose faite, 2h08 pour 20 km et 1500m+, je remercie au passage Pascal Blanc pour les séances astronomiques de dénivelé du Run Trip. Nous marquons la neige de nos pas peu assurés dans les dévers, puis c’est à trois que nous dévalons les 11 km de descente, Emmanuel, Benoît et moi.
Pointes à 16 km/h, ce qui n’est pas trop dans mes habitudes, je remplis néanmoins mon objectif de travailler la foulée en vue du Tour du Mont Fuji fin avril (voir la fiche). Les paysages sont beaux, la vue porte très loin sur une succession de pics couverts de végétation méditerranéenne. Les villages sont accrochés sur les pentes rocheuses, je cours en terrain connu, n’étant voisin que de 100 km.
Aulas, 31ème km, je fais le plein de boisson énergétique. J’attaque un bon coup dans l’ascension suivante que je cours entièrement, suivi seulement de Benoît avec qui je fais davantage connaissance. Son expérience de marathons en montagne avec les coureurs espagnols lui assure une grande résistance sur ce circuit alternant pistes et monotraces joueurs.
Mon objectif temps de 5h45 (un peu plus de 10km/h) me paraît réalisable. J’attends cependant Bez, dernier ravito au 47e km pour accélérer encore. Je cours donc la dernière côte et m’échappe vers le Vigan où un beau comité d’accueil m’attend pour saluer cette première victoire de la saison en 5h40.
Super sensations tout le long, une course organisée de main de maître par l’association PVEN (Pays Viganais Endurance Nature). Petite récupération à présent, avant les 50 km du défi Vellave le 17 mars (voir la fiche).
Corinne Favre a dû s’arrêter au 46e km à cause d’une douleur persistante dans le creux poplité, alors qu’elle menait la course féminine.
De son côté, Patrick Bohard est venu à bout de son défi : réaliser la traversée du jura (la GTJ) en ski, style classique. Etablissant un temps référence de 14h18, il lui aura fallu beaucoup de détermination et de préparation pour y parvenir.
Sébastien Farano testait lui le nouveau trail de Vulcain, version 21 km et 700m+, malheureusement victime d’un débalisage qui aura trompé 200 coureurs. Sacré Seb, il aurait de quoi écrire un livre de ses mésaventures en trail ! La distance est donc ramenée à 18 km. Il s’en tire bien, finissant 7e et 1er V1 en 1h22 (voir les résultats). A noter sur cette course la 13e place du jeune Ianis Bernard (coureur de l’Hérault âgé de 17 ans) en 1h27 ! A surveiller !
Par Antoine Guillon