Pédaler ou marcher sont des gestes et des efforts assez proches. Le maître mot reste l’endurance. Difficile de dire laquelle de ces formes de déplacement est la plus exigeante en terme d’effort : sur le plat, on se balade souvent très facilement à vélo, qui devient plus exigeant, souvent, lorsque la pente s’élève. L’effort est à mon sens plus régulier à pied, où les contraintes du terrain sont un peu plus faciles à gérer. Mais le vélo offre des moments de récupération, de “roue libre” que la marche ne permet bien entendu pas.
Je me suis parfois senti très fatigué à l’issue d’une longue étape de randonnée pédestre, lorsque je parcours plus de cinquante kilomètres sur des terrains variés. En vélo, il me faut environ 130 kilomètres, avec de la pente, pour éprouver à peu près la même lassitude au bout de la journée.
Mais c’est aussi dans le plaisir de l’effort et du déplacement “lent” que ces deux disciplines se ressemblent beaucoup. Le sentiment de liberté, de se mouvoir selon ses propres forces et en transportant avec soi juste ce dont on a besoin pour voyager léger, est très proche dans les deux cas. Les joies de la libre itinérance peuvent se conjuguer aussi bien sur des pédales que dans des chaussures de marche.
Plus libre en marchant?
La marche se distingue toutefois, dans le sens d’une plus grande liberté, du fait que l’on n’y soit pratiquement pas dépendant du matériel, en tous cas pas d’une mécanique suffisamment complexe pour tomber en rade. Certes, vos pieds peuvent souffrir, votre équipement (notamment vos chaussures) s’user voire vous lâcher, mais très rarement au point de vous laisser sur le carreau (si vous n’avez pas de quoi réparer avec vous, ce que la plupart des voyageurs à vélo possèdent cependant dans leurs sacoches!). Il me semble qu’il y a là un petit avantage dans la grande randonnée pédestre : on évolue seul, ou en groupe, avec pour seul bagages son sac à dos et pour seul limites ses propres forces, presque jamais celles du matériel. Cela donne sans doute un sentiment de liberté, mais aussi de dénuement, plus intense.
La marche se pratique aussi plus facilement à l’écart des routes, de la circulation donc et même sans doute plus au coeur de la nature. Côté contact direct avec les éléments et rencontre avec le « sauvage », la marche à pied semble donc aussi tenir la corde.
Plus simple d’accès sans doute au niveau matériel (car pour partir longtemps à vélo, mieux vaut une monture adaptée, ce qui, même sans dépenser des sommes folles, coûte un peu plus cher), la grande randonnée pédestre est donc sans doute un moyen merveilleux, simple et efficace, pour s’évader. Dans la nature, à la découverte de pays et de paysages, de gens et de villages, loin des soucis du quotidien.
Le vélo c’est grisant…
Mais voyager à vélo m’apparaît aussi posséder bien des atouts. L’intensité de l’effort, plus variée qu’à la marche, comme je le disais plus haut, peut apporter des sensations plus fortes lorsqu’il faut pousser à fond sur les pédales dans une rude montée, ou au contraire apporter une douce sensation de facilité grisante lorsqu’il suffit de peu d’efforts, en descente ou sur le plat, pour faire avancer les roues à bonne allure. Le rythme plus monocorde de la marche ne permet pas ce panel de sensations, ni la griserie de la vitesse à certains instants.
J’ai ainsi souvent apprécié la facilité, la vitesse, du déplacement à vélo. Il permet bien entendu de franchir des distances quotidiennes plus importantes et donc d’entreprendre des voyages sur des itinéraires plus longs dans un temps plus réduit. En ce sens, la randonnée cycliste est plus rentable pour « voir du pays ». A une vitesse plus rapide mais qui reste dans le déplacement lent, qui permet (mais peut-être moins que la marche), les arrêts où bon vous semble et la contemplation.
Souvent aussi, lors de mes voyages à pied, en affrontant une longue ligne droite toute plate le long d’un champ, je me suis surpris à rêver d’avoir un vélo, pour filer à 20 km/h sur ces portions un peu ingrates et peu longuettes lorsqu’on se traîne à 5 à l’heure. D’ailleurs, la perception d’un parcours et d’un paysage peuvent être assez différentes suivant qu’on les traverse à pied ou juché sur un vélo.
Le vélo permet aussi un confort un peu plus important à l’étape : il est en effet plus facile de transporter 20 kilos, une bonne tente, un matelas cossu pour le bivouac ou bien encore quelques vêtements en plus, sur les portes-bagages que sur son dos. J’avais pas mal apprécié cela sur mon voyage sur la Wild Atlantic Way en Irlande où une polaire supplémentaire, où transporter mon ordinateur pour travailler, était nécessaire.
Mais j’ai aussi parfois regretté de ne pouvoir m’engager dans les sentiers, loin des routes et des autos, d’aller explorer plus en détail un paysage, en y passant en vélo. La marche le permet mieux. Le match est donc sans doute nul, en tous cas pour moi. Les parcours, les projets, se prêtent mieux à l’un ou à l’autre et j’aime aussi alterner ces deux modes de voyages.
Les pensées qui roulent et qui marchent…
Le rythme des pensées n’est pas non plus tout à fait le même lorsque l’on marche ou que l’on roule. La marche demande une attention souvent moins grande, à l’écart du traffic et sur un rythme plus lent. A vélo, on “pilote” toujours un peu. Mais la rêverie peut s’emparer du randonneur aussi bien sur une selle que sur ses pieds quand le paysage l’y invite.
En groupe, on se sent souvent plus “seul”, plus libre de s’isoler dans ses propres pensées à vélo, car discuter en roulant est souvent un peu plus difficile et demande donc que chacun s’adapte au rythme de pédalage de l’autre et que la route le permette. Un espace de pensées donc un peu différent qui crée encore quelques nuances entre ses deux modes de voyage cousins.
Mais qu’importe le flacon, et la façon de cheminer, tant que l’ivresse du voyage et de la découverte sont au bout !
1 réaction à cet article
kamel
La marche c’est un remède pour la sante et de faire de promenade c’est aimer la vie